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Au-delà de nos plages: les ordures de l’océan

Par Skye Morét-Ferguson et Amy N.S. Siuda

Traduction par Jocelyne Dickey

Le recyclage du plastique devient plus fréquent dans les foyers et les écoles. Savoir que le plastique peut être recyclé en d’autres produits nous fait accepter plus facilement d’en consommer une grande quantité chaque jour. D’un autre côté, la majorité d’entre nous s’affligent en rencontrant du plastique jeté dans les fossés le long de la route ou sur les plages. Les images d’oiseaux, de tortues et de phoques prisonniers des anneaux des filets de pêches “fantômes” nous sont aussi familiers. Cependant, c’est la pollution par le plastique que nous ne voyons pas tous les jours qui peut nous aider (et aider nos élèves) à établir le lien entre les plastiques que nous jetons et l’importance de notre impact environnemental. Les déchets plastiques sont abondants dans la mer, loin de l’endroit où ils ont été utilisés ou fabriqués.

Cet article résume les récentes découvertes sur la concentration, la répartition et la composition des déchets plastiques dans la mer et traite de quelques-unes des questions qui restent à résoudre par les générations actuelles ou futures de scientifiques. Il propose aussi des activités en classe qui forceront les élèves de 12 à 17 ans à penser à leurs activités locales de manière plus globale. Certaines de ces activités peuvent être adaptées pour travailler avec des élèves aussi jeunes que 8 ans.

Comment les plastiques, à partir de nos vies quotidiennes, trouvent-ils leur chemin jusqu’au milieu de l’océan? Même si une portion des ordures accumulées peut être attribuée à ce qui est directement jeté par les bateaux, les scientifiques sont d’accord sur le fait que l’origine se trouve probablement sur la terre. Les résidus plastiques, qu’ils soient disposés de forme inadéquate ou abandonnés de façon inattentive, flottent sur les flots et les courants d’eau grise et volent depuis les plages, entraînés par les courants en surface et finalement se réunissent dans les zones de convergence subtropicales au centre des tourbillons océaniques.

Les scientifiques trouvèrent par hasard les premiers déchets plastiques en haute mer au début des années soixante, alors qu’ils effectuaient une autre investigation océanographique. Au milieu des années quatre-vingts, des étudiants universitaires à bord des bateaux d’investigation de la Sea Education Association commencèrent à prendre comme habituelles les preuves de ces plastiques en haute mer dans l’Atlantique Nord occidental. Ils identifièrent clairement le nord de la Mer des Sargasses comme zone de concentration maximale (Wilber, 1987). Depuis lors, plus de 7 000 étudiants d’université et d’institut ont recueillis plus de 65 000 fragments de plastique de plus de 6 100 filets de pêche de surface, avec des concentrations moyennes d’environ 20 000 fragments/km2 près du centre du tourbillon (Law et. al. 2010). Le plastique ne ressemble presque jamais à sa forme originale. Les fragments ont quelques millimètres de grandeur, ils pèsent moins qu’une agrafe (~ 50 mg.), et font partie de seulement trois des six classes de plastique que nous recyclons normalement: polypropylènes, polyéthylènes et polystyrènes expansés, – le liège blanc – (Morét-Ferguson et. al. 2010). En dernière instance, on n’a pas détecté une tendance à long terme de concentration de plastique océanique (Law et. al. 2010), Même si plusieurs choses ont changé ─ les déversements plastiques dans l’océan sont défendus depuis 1988 ─, la production de plastique a augmenté dans tout le monde de 500% durant les trois décades antérieures (EuPc 2009).

 

Ces changements récents ont augmenté la conscientisation citoyenne mais ont aussi souligné notre compréhension limitée de la pollution par le plastique en haute mer et génèrent d’innombrables question à investiguer. Par exemple, pouvons-nous équilibrer les sources (mécanismes d’entrée et fréquence) et les entrepôts (mécanismes de retrait et fréquence) de plastique dans et hors la haute mer? Depuis quels lieux est introduite la plus grande partie des plastiques? Y a-t-il des patrons consistants du transport du plastique depuis l’introduction jusqu’à la concentration dans les zones de convergence? Comment les plastiques se retirent-ils de la surface des océans et quels sont les mécanismes les plus importants?

Quels sont les impacts écologiques de ces plastiques océaniques? L’action des marées, l’exposition aux radiations UV et l’activité microbienne dégradent sans arrêt les plastiques. Pendant ce temps, oiseaux, tortues, poissons et même zooplancton peuvent consommer les plastiques, qui demeurent de façon permanente dans les entrailles des organismes ou sont excrétés et déposés dans le fond des océans. Les morceaux flottants de plastique fournissent un substrat auquel les organismes marins sessiles (par exemple les pouces-pieds et les microbes) peuvent s’accrocher, coloniser et migrer sur de longues distances, Cependant, les polluants organiques issus des plastiques pendant leur dégradation peuvent s’accumuler dans certains organismes marins et contaminer les écosystèmes. L’ingestion de déchets plastiques peut altérer les niveaux hormonaux des mammifères et provoquer de la toxicité aiguë chez les fruits de mer et les charognards. Nous avons la capacité de répondre à quelques-unes de ces questions aujourd’hui, mais d’autres demandent le développement de nouveaux instruments et des analyses chimiques et biologiques pour les générations futures de scientifiques.

C’est surprenant de voir qu’un thème apparemment simple comme compter des morceaux de plastique dans l’océan s’est converti en un domaine si intéressant d’investigation et qu’il pose tant de questions additionnelles. La recherche scientifique d’avant-garde n’a pas besoin d’être de haute technologie. Souvent elle requiert seulement de regarder où personne avant n’a regardé. La haute mer est si éloignée de nos vies quotidiennes que nous ignorons souvent les impacts lointains de nos activités de tous les jours. Des observations de première main, cohérentes, sont la clé de l’analyse et de la compréhension de thèmes comme le plastique dans l’océan. De plus, elles nous permettent d’utiliser des outils de base qui ont été appris de manière précoce en classe: exactitude et mesures, habiletés mathématiques, analyse chimique   simple et observations biologiques. Les recherches sur la façon dont les humains affectent l’océan sont relativement récentes dans l’histoire de l’océanographie. Nous comptons sur la prochaine génération de scientifiques créatifs pour générer plus de questions et d’examens additionnels sur la façon dont le plastique a des impacts autant sur la santé environnemental qu’humaine.

Activités

Il y a d’innombrables exercices en classe qui mettent en évidence le thème de la pollution par le plastique et qui soulignent les habiletés scientifiques et la pensée créative. Depuis des expériences jusqu’à des projets de recherche, des excursions et des exercices de pensée innovateurs, le professorat peut travailler en détail les idées qui suivent ci-après:

Expériences

On commence par étudier la nature physique de la pollution par le plastique: on mesure le poids, la taille et la densité des ordures plastiques recueillies sur la plage ou le long des voies fluviales locales. On peut aussi commencer par apprendre les différents types de plastique, ce que signifient les différents numéros de recyclage et pourquoi ils sont importants. Quelles sont les propriétés physiques des différents matériaux plastiques? Lesquels peuvent s’enfoncer dans l’eau? L’élève peut aussi examiner à la maison les ingrédients plastiques des produits cosmétiques: le polyéthylène est, de façon surprenante, un ingrédient commun (parfois appelé “micro perles”) dans les savons liquides pour les mains, le corps et le visage. L’élève avancé ou plus vieux peut isoler des micro perles en filtrant la solution de savon corporel et, sous le microscope, compter la quantité de perles de plastique. Enfin, on peut entreprendre une expérience plus longue pour le processus de dégradation: on observe et on compare la durée nécessaire à la dégradation du papier journal, du carton, du carton ciré, du métal ou du verre dans différents scénarios environnementaux, comparé avec des articles de plastique comme des contenants de yogourt.

Investigation

Celui qui utilise du plastique tous les jours a souvent une compréhension limitée des caractéristiques essentielles des matériaux plastiques. Au moyen des livres, d’internet ou de ressources locales de recherche, chercher des réponses à des questions comme:

  • Que sont les plastiques polymères et pourquoi sont-ils si difficiles à briser?
  • De quelle façon et où on produit le plastique?
  • Quelle quantité de plastique est déversée dans votre aqueduc local? (On consulte un expert des installations de traitement des eaux).
  • Quels types de plastique sont recyclés dans votre ville?
  • Combien sont recyclés et comment se fait la séparation des articles?
  • Comment le plastique non recyclé pourrait-il arriver à l’océan?
  • Au moyen de l’obtention d’une copie de la carte des égouts locaux de la ville ou du quartier, on peut jouer à The watershed game et comprendre le chemin des déchets flottants.
  • Une fois que la pollution plastique arrive à l’océan, quelles créatures marines risquent de confondre le plastique avec de la nourriture et pourquoi?
  • Les alternatives durables au plastique sont-elles complètement biodégradables?
  • Quelles sont les nouvelles manières innovatrices de réutiliser ou recycler le plastique?

Excursions

Les excursions sont une addition active à l’investigation en classe. Peut-être l’activité avec le plus d’attrait pour une classe serait de participer au nettoyage d’une plage ou d’une voie fluviale. Les classes ou les écoles peuvent organiser leur propre journée de nettoyage ou participer aux campagnes régionales ou nationales. L’élève peut calculer combien de déchets on ramasse par région, quels canaux peuvent y avoir transporté les ordures et peut comparer ses données de nettoyage avec les données nationales de sa région (voir http://www.oceanconservancy.org/our-work/marine-debris/ pour les données des États-Unis). S’il y a un centre de recyclage près de votre ville, une visite pourrait provoquer plusieurs questions et idées.

Pensée créative

On peut encourager l’élève à penser aux façons créatives de réduire, réutiliser et recycler dans leurs foyers et leurs communautés. Comment pouvons-nous retenir les plastiques pour qu’ils n’arrivent pas à la côte? Une autre forme de promouvoir le nettoyage des plages locales et les voies fluviales est de faire à la main des signaux et de les placer aux endroits où ils peuvent être vus pas les passants.

L’élève peut probablement soulever beaucoup de questions et proposer des solutions possibles par lui-même. Plus nous nous assurerons que l’élève applique ses idées créatives, ses habiletés d’investigation, d’observation et de pensée critique, plus nous irons loin comme société dans notre administration des océans et de voies fluviales saines.

 

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References

European Plastics Converters,“The compelling facts about plastics 2009”,

European Plastics Converters, 2009, <www.plasticsconverters.eu/docs/

Brochure_FactsFigures_Final_2009.pdf>.

Law et al., “Plastic accumulation in the North Atlantic subtropical gyre 2010,”

Science 329, 2010, pp. 1185-1188.

Morét-Ferguson et al., “The size, mass, and composition of plastic debris in

the western North Atlantic Ocean,” Marine Pollution Bulletin 60, 2010, pp.

1873-1878.

Wilber, R.J., “Plastic in the North Atlantic,” Oceanus 30, 1987, pp. 61-68.

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Skye Morét-Ferguson est associée de recherche et Amy N. S. Siuda est océanographe volontaire et scientifique en chef à la Sea Education Association (http://www.sea.edu), de Woods Hole, au Massachusetts, qui offre des cours d’été pour les instituts et des programmes de terrain semestriels SEA en études marines et environnementales pour universitaires.

Traduit par Jocelyne Dickey, biologiste et enseignante à la retraite, traductrice depuis 2004, Québec.

Ce qui précède est une traduction de « Beyond our Beaches: Ocean Trash » qui a été publié en Green Teacher 92, Printemps 2011.

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