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Éducation Environmentale Dans Des Communautes Appauvries

Par Donald Hammond

Traduction par Jocelyne Dickey

En regardant autour du patio de l’école, vers un étang contigu, il y a beaucoup de rappels du faible statut économique de l’école. Avec le manque de travail et les faibles revenus de la communauté, nous luttons constamment pour maintenir notre place et notre importance dans un comté et un État souffrant de réductions économiques et du manque de fonds provenant d’autres ressources.

Les rappels visuels les plus évidents de pauvreté sont la pollution, le manque désolant de nourriture, la rareté de choses à faire et d’espaces publiques pour s’amuser.

Dans cet article, je désire partager quelques stratégies pour faire de l’éducation environnementale à l’extérieur une réalité pour tout individu, indépendamment du caractère socio-économique de la communauté ou des défis typiques d’amener les étudiants à des activités extérieures.

En regardant de près l’étang proche, on voit des pneus d’autos au milieu de laîches (Phragmites) poussant le long de la rive, mais une grande variété de fleurs, plantes et insectes vivent encore là ; ce qui nous rappelle que la nature est seulement à quelques pas. Tout de suite on remarque qu’il y a beaucoup d’opportunités dans cette terre riche, naturelle et inexploitée. Ces opportunités incluent un potentiel pour des jardins, de la phyto réparation, des études de biodiversité, des plantations, des sentiers naturels, des maisons d’oiseaux, un jardin de papillons ; choses qui peuvent rendre la science environnementale non seulement disponible, mais aussi importante et amusante pour les étudiants qui auparavant auraient pu à peine penser au monde naturel qui les entoure. Tel est le cas de l’école secondaire Beecher à Mt. Morris, Michigan.

Trois ans auparavant, après ma première année d’enseignement à l’école, on m’a demandé de créer un curriculum de science environnementale à offrir à près de 428 étudiants de 9e à 12e année, dans cette petite zone rurale et semi urbaine. Avec 75% de nos étudiants qui reçoivent les déjeuners gratuits ou à prix réduits, on nous identifie parfois comme le district le plus pauvre du comté le plus pauvre de l’État. Nous avons commencé sans fonds, curriculum, textes, guides et autres matériels ; cependant, en trois courtes années, nous avons été capables de proposer des opportunités intéressantes d’apprentissage à des étudiants qui non seulement engagent leur intérêt et leur motivation, mais fournissent aussi de la rigueur dans leurs actions et des buts à leur travail.

Depuis nos débuts, les étudiants ont participé à des voyages d’étude pour réaliser des tests d’eau, ont mené à bien l’identification de plantes, ont aidé à la construction de sentiers naturels là où il y a déjà eu un champ stérile, lequel inclut un sanctuaire d’oiseaux, des maisons pour les papillons et des espèces indigènes de plantes.

Les étudiants ont aidé à l’arrachage de plantes invasives, réalisé des études dans des étangs et recueilli de l’information sur la biodiversité de plantes, d’insectes et d’oiseaux dans la région immédiate. Un jardin urbain de légumes et un de papillons ont aussi été créés sur le site.

« On ne laisse aucun enfant de côté » est notre devise à Beecher. Nous donnons un coup de main à la motivation innée des étudiants qui veulent simplement faire la différence dans leur monde. Avec la multitude de projets auxquels les étudiants ont participé, nous nous rendons maintenant compte que l’environnement est entre leurs mains, qu’ils peuvent faire quelque chose de constructif à son sujet et que l’enseignement des sciences, la science environnementale en particulier, peut être divertissant et enrichissant.

Comme la majorité, nous avons commencé les classes à l’intérieur, mais rapidement nous avons déménagé les choses à l’extérieur, ce que tous les étudiants apprécient. Nous avons commencé avec notre programme de recyclage scolaire, nous avons maintenu un registre de notre collecte totale, laquelle atteint 3 500 mètres cubes de plastique et papier chaque année. Nous avons demandé une subvention auprès de l’une des principales entreprises de rafraîchissements et on nous a donné 9 contenants à recyclage que nous avons disposés autour de l’école et que nous vidons chaque mois. On nous a octroyé un prix du comté pour nos efforts. Maintenant, tous les étudiants peuvent jeter leur papier ou leur plastique dans un lieu qui ne finit pas aux ordures ou au dépotoir et nous portons ensuite les choses à l’extérieur.

Pendant que l’école nous achetait quelques livres, nous avons demandé une autre subvention et obtenu 5 000 dollars pour nettoyer autour de l’étang et construire des sentiers naturels. En nous liant à l’université de Michigan à Flint, Initiative d’apprentissage sur le terrain, nous avons reçu quelques fonds supplémentaires pour nos projets et initiatives.

Les étudiants ont célébré leur réussite lors d’événements à l’école et ont commencé à inviter les élèves des jardins d’enfance dans les sentiers, de telle sorte qu’ils puissent découvrir ce qui vit dans notre écosystème.

Nos étudiants ont choisi quelles plantes acheter, où les planter, ils ont arraché des laîches (Phragmites), ont enlevé les pneus de l’étang et les ont utilisés dans le potager ; ainsi, ils ont créé un endroit où l’impact humain a été positif.

Nos étudiants ont aussi visité Kalamazoo, Michigan, afin de voir les effets d’un récent déversement dans un oléoduc, ils ont complété des tests de qualité de l’eau et ont rapporté les résultats de leurs investigations à un sommet organisé à Flint Michigan, au Centre d’études de projets de l’université de Michigan.

Maintenant, nous travaillons à l’installation d’un système d’irrigation afin d’améliorer la productivité de nos jardins. Les idées continuent à surgir.

L’éducation basée sur le milieu a réussi pour nous parce que nous avons utilisé les ressources dont nous disposions, même si ce n’était pas beaucoup, et que les étudiants ont participé à la planification et à l’exécution de ce travail. Au lieu d’utiliser un curriculum pour ensuite concevoir et implanter le projet, nous avons inversé le processus. Nous avons débuté par une séance de remue-méninges afin de prévoir quel impact positif nous pouvions obtenir, et ensuite nous avons découvert ce que nous avions besoin de savoir au sujet de ces thèmes pour appuyer ce que nous désirions faire.  Sans surprise, nos résultats dans les évaluations ACT (American College Testing) ont augmenté au cours des trois dernières années et continuent à augmenter à partir d’un déficit important.

Pour ces éducateurs qui désirent reproduire notre réussite, voici quelques points clés à prendre en compte. Premièrement, demandez des subventions dès que possible. Ce n’est pas difficile à faire tant que vous les recherchez, que vous clarifiez votre objectif et vous besoins budgétaires, que vous pensez en grand et que vous êtes persévérants. Nous en avons écrit plusieurs qui furent refusées avant que nous ayons commencé à recevoir les fonds dont nous avions besoin. Deuxièmement, impliquez les étudiants, ils fournissent non seulement le travail mais aussi l’enthousiasme et l’énergie pour maintenir les initiatives en marche. Finalement, générez du respect pour l’environnement et les êtres vivants. L’enseignement d’une justice sociale, environnementale et durable est un impératif moral. Ceci est aussi important que tous les concepts que nous enseignons à partir de textes et une nécessité fréquente dans les communautés à faible revenu. Pour finir, apportez votre enthousiasme, votre intérêt et votre amour pour l’environnement, c’est contagieux et les étudiants progressent en ayant un objectif, cela fait toute la différence.  Soyez certains de demeurer centrés sur vos projets et ne laissez pas les obstacles vous arrêter. Tout grand effort inclut des adversités et des défis. Enfin, la pauvreté ne doit pas être une barrière à l’enseignement de la durabilité et à une éducation environnementale qui bénéficie à nous tous, localement et au niveau mondial.

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Donald Hammond est un ex administrateur et est maintenant professeur d’environnement et de biologie à l’école secondaire Beecher à Liden, Michigan.  Il a obtenu divers prix pour son travail et auparavant il a publié des articles dans le journal de MSTA (Michigan Science Teachers Assosiation), Principal Leadership, Phi Delta Kappan et dans le bulletin de nouvelles de Michigan Association of Secondary Administrators. Don peut être rejoint à  dhammon@beechherschools.org

Traduit par Jocelyne Dickey, biologiste et enseignante à la retraite, traductrice depuis 2004, Québec.

Ce qui précède est une traduction de « Environmental Education in Impoverished Communities » qui a été publié en Green Teacher 96, Été 2012.

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