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Faire naître un changement de comportement

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Par Catherine Game, Andrea Liberatore,
Ericka Popovich et Michaela Zint

Avez-vous essayé d’obtenir des jeunes qu’ils éteignent les lumières avant de quitter une pièce, qu’ils passent moins de temps devant leur ordinateur et plus de temps dehors, qu’ils utilisent une bouteille d’eau réutilisable ou qu’ils mangent plus de légumes? Encourager des individus de tout âge à changer de comportement n’est pas une tâche facile. Toutefois, encourager des changements individuels de comportement est souvent un but important pour les enseignants en Environnement.(1)

D’instinct, beaucoup de ceux-ci croient qu’en augmentant les connaissances des élèves sur les questions environnementales ou en les intéressant davantage à l’eEnvironnement, ils agiront plus probablement en faveur d’un eEnvironnement durable. Ce modèle intuitif a été remis en question il y a environ 20 ans par Hines et al (1987) puis par  Hungerford et Volk (1990). Examinez l’exemple suivant : de nombreuses personnes s’efforcent de conduire moins. Elles savent que l’utilisation des combustibles fossiles et les émissions de CO2 des voitures non seulement contribuent aux changements climatiques mondiaux mais aussi conduisent à des guerres et à des tensions au Moyen-Orient et  favorisent les problèmes de santé tels que l’asthme.  Mais ce savoir se traduit-il par moins d’automobiles sur les routes ou par une utilisation de modes de transports alternatifs? La réponse est souvent : non. Il faut quelque chose d’autre pour pousser les individus à agir. Mais quoi?

Nous pensons que « faire naître un changement de comportement » équivaut à faire pousser des plantes dans un jardin. Dans les deux exemples suivants, il vous faut de bons outils, un environnement favorable et un certain savoir-faire pour faire pousser vos graines. Prenez Frank et Fiona, par exemple. Tous deux aiment jardiner mais ils ont des objectifs différents pour leurs jardins, une surface, un sol, un ensoleillement et un style de vie différents. Du fait de ces variables, ils ont une approche du jardinage très différente.

La Culture en surface

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Frank vit dans un appartement et dispose d’un petit lopin de terre ensoleillé. Il a demandé à son propriétaire la permission d’y faire un jardin. Comme il est fort probable qu’il déménage l’année prochaine, il décide de planter un petit carré de légumes qui seront beaux et délicieux mais ne dureront pas jusqu’à l’hiver.

 

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Le jardin : Quoique ambitieux, le jardin est petit et donc facile à mettre en place. Les plants n’auront besoin que d’une saison de croissance pour donner des légumes.

 

 

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L’approche de Frank : Parce qu’il ne cultive que de petits plants sans racines profondes, tels la laitue, les carottes et les tomates, Frank n’a besoin de travailler le sol de son jardin qu’en surface.

 

 

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Résultats : Frank a créé un potager assez facilement et en peu de temps mais il devra répéter ce processus s’il veut cultiver à nouveau des légumes l’année prochaine.

 

 

 

 

La Culture en profondeur

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Fiona possède sa propre maison avec un grand lopin de terre et elle projette d’y vivre longtemps. Elle veut des arbres pour ombrager sa maison car il y fait très chaud l’été. Comme elle adore faire des tartes, elle aimerait aussi des arbres fruitiers pouvant lui donner des fruits chaque année.

 

 

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Le jardin : Grand et prévu pour une longue période, le jardin de Fiona réclame une mise en place plus longue. Les plants auront besoin de plusieurs saisons de croissance avant de pouvoir produire ombre ou fruits.

 

 

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L’approche de Fiona : Arbres et buissons doivent être plantés en profondeur, c’est pourquoi Fiona consacre au départ beaucoup de son temps et beaucoup d’efforts pour creuser en profondeur et être ainsi sûre que ses plants pourront développer en sous-sol de solides racines qui leur procureront force et stabilité.

 

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Résultats : Via un engagement à plus long terme et un soin continuel, Fiona obtient des arbres qui fournissent tout à la fois ombre et fruits et sont susceptibles de vivre de nombreuses années bien qu’il faille plusieurs saisons de croissance avant qu’elle ne voie les résultats de son dur labeur.

 

Comme vous pouvez le constater d’après ces deux histoires de jardinage, des situations différentes réclament des approches différentes. Il en va de même pour enseigner et encourager les élèves à changer de comportement. En fonction du résultat souhaité, la manière d’atteindre votre objectif peut aussi différer.

 À quel jardinier vous référez-vous en tant qu’enseignant en Environnement?

Vous pouvez vous référer à Frank si vous…

• disposez d’un temps limité pour enseigner
• cherchez à obtenir des résultats à court terme
• êtes moins intéressés par des résultats à long terme
• travaillez avec des groupes d’élèves différents dans un temps limité
• recommencez à zéro avec chaque nouveau groupe
• ciblez les élèves les plus disposés à changer

Vous pouvez vous référer à Fiona si vous…

• disposez de suffisamment de temps pour enseigner
• cherchez à obtenir des résultats durables
• êtes moins intéressés par des résultats à court terme
• travaillez avec le même groupe d’élèves sur une longue période de temps
• pouvez élaborer des programmes d’éducation environnementale préalables
• ciblez les élèves qui ont des habitudes ancrées et qui auront des difficultés certaines à changer

Tandis que certains d’entre nous travaillent en classe chaque jour avec 20 élèves, d’autres en emmènent des milliers une fois par an au zoo ou dans des jardins botaniques. Quel que soit votre cadre éducatif, vous pouvez recourir à des stratégies particulières pour encourager un changement de comportement environnemental.

Profil correspondant à Frank :

Si votre profil correspond à celui de  « Frank »vous devez probablement fournir à vos élèves des expériences à court terme, uniques et mémorables. Peut-être travaillez-vous dans un musée, coordonnez-vous de passionnants événements annuels ou dirigez-vous des ateliers.
À l’image du potager de Frank, vos expériences avec vos élèves sont significativement limitées dans le temps. Il existe des stratégies de changement de comportement qui pourraient être particulièrement appropriées à ces situations. En particulier, celles décrites ci-dessous, qui créent un environnement favorable au changement de comportement et encouragent différents types de savoir, peuvent constituer des premières étapes importantes.

Environnements favorables : Les six stratégies ci-dessous contribuent à cultiver un environnement favorable pour un changement de comportement :

• Ressources – Veillez à fournir aux participants le type de matériaux ou l’accès qui pourraient leur manquer et pourraient les empêcher d’adopter les comportements souhaités. (2) Ceci peut inclure les matériaux dont ils ont besoin, un accès à un financement pour les enseignants et autres responsables avec lesquels vous travaillez, des ressources éducatives pour les futurs cours, des opportunités de collaboration avec d’autres institutions ou même tout simplement du temps pour apprendre et mettre en pratique un comportement dans un cadre favorable.

• Restauration de l’attention – Les individus ont une capacité limitée à se concentrer. Cette concentration s’épuise facilement à l’heure de l’électronique et des tâches multiples et nous en sortons exténués et mentalement fatigués. Cette stratégie suggère qu’il est important de fournir aux individus des opportunités de restaurer leur capacité à diriger leur attention (c’est-à-dire à aider les participants à se concentrer). Ceci peut se faire de diverses manières comme passer du temps dans la nature, seul, au calme ou via la méditation. Lorsque les individus ont restauré correctement cette capacité, ils sont plus concentrés, relaxés et avenants. (3)

• Exploration – Faire appel au désir inné des individus de toujours découvrir, expérimenter et améliorer leurs connaissances et compétences à leur propre rythme. (4) Tous les élèves apprennent différemment . Ceci leur permet d’adapter leur apprentissage à leur propre style et besoins, ce qui conduit à une plus importante mémorisation des connaissances. Mettre les élèves au défi de concevoir leur propre four solaire est un exemple de programme permettant aux élèves d’explorer à leur propre rythme.

• Répétition – Offrez aux individus de multiples opportunités d’acquérir des compétences en lien avec le même comportement  pour les aider à se rappeler comment  ils doivent agir dans le futur. (5) Bien que ce soit souvent un défi pour de nombreuses personnes ressemblant à  « Frank », ceci est important et peut être réalisé par le biais d’une coordination avec d’autres institutions et initiatives dans le domaine. La répétition peut aussi s’effectuer en vous assurant que les  programmes fournis dans le cadre d’un enseignement non officiel sont conformes aux programmes scolaires. Par exemple, vous pourriez développer un programme sur la conservation de l’eau en liaison avec la nouvelle campagne publique menée par la Ville sur le même thème. Ceci pourrait aussi être conforme aux critères éducatifs importants de l’État – des plans de cours étant développés et distribués aux enseignants à des fins de renforcement des concepts développés dans leurs classes.

• Environnement positif – Des émotions positives aident à accroître le champ des connaissances que les individus peuvent étudier et les aideront à bâtir sur leur propres connaissances actuelles. (6) Présenter des solutions, en plus des informations sur le problème, contribue à encourager un environnement d’apprentissage plus positif en permettant aux individus de se sentir plus à l’aise et compétents. Par exemple, lorsque l’on discute des changements climatiques, cela aide les élèves à en savoir davantage sur les efforts locaux entrepris pour maîtriser les émissions polluantes.

• Feed-back – Les informations relatives aux performances personnelles fournissent le savoir nécessaire pour s’améliorer à l’avenir. (7) Les individus ne peuvent continuer à agir s’ils ne sont pas sûrs qu’ils agissent correctement ou s’ils n’ont pas conscience de leurs compétences ou efforts par rapport aux autres. Permettre aux participants de mettre en pratique un comportement via le jeu ou la simulation, comme de séparer correctement des produits recyclables et non-recyclables puis de fournir un immédiat feedback de leurs résultats, peut leur servir à apprendre à agir correctement et facilement.

• Savoir – Les deux différents types de savoir ci-dessous sont précisément nécessaires pour aider aux changements de comportement environnemental des individus :

• Problèmes et  conséquences du savoir  (Quel est le problème?)
– Ceci inclut des informations sur les problèmes environnementaux et la manière dont les actions individuelles influencent ceux-ci ou ont un impact sur eux. (8), (9) Dans une unité sur le recyclage, apprenez aux élèves pourquoi le recyclage est important (à savoir, problèmes d’enfouissement, conservation de l’énergie, etc…)

• Méthode (Que pouvons-nous faire à ce sujet?)
– Ce savoir se base sur les informations qui décrivent non seulement les comportements pouvant contribuer à la gestion d’un problème environnemental mais aussi la manière de se comporter de façon voulue et les ressources nécessaires. (10) Dans cette même unité, apprenez aux élèves comment recycler et quoi recycler. Expliquez-leur où se trouvent les collecteurs de déchets pour le tri sélectif et mettez en pratique le recyclage au moyen de différents types de matériaux.

 

Profil correspondant à Fiona :

Si votre profil correspond à celui de Fiona, vous travaillez probablement dans un cadre éducatif où vous avez des interactions à long terme avec des groupes constants d’élèves. Il se peut que vous soyez un enseignant, un chef scout ou un mentor. Comme Fiona, vous pouvez opérer des changements sur le long terme en travaillant de manière plus approfondie avec vos élèves. Même lorsque vous ciblez ce niveau d’approfondissement, il demeure important de créer un environnement d’apprentissage positif  et d’utiliser les deux types de savoir décrits précédemment. Dans le même temps, cependant, il sera aussi important d’y incorporer des stratégies additionnelles pouvant contribuer à changer les comportements à long terme. Ces stratégies sont décrites ci-dessous.

• Auto-efficacité – Ceci se réfère au degré de ressenti des individus quant à leur possibilité de faire changer les choses ou de contribuer à trouver des solutions via leurs actions. (11), (12) Fournir aux élèves des expériences pratiques concernant de vrais problèmes environnementaux ou leur lancer des défis peut modifier leur sens de l’auto-efficacité. Une classe peut analyser la qualité de l’air de son école et faire des recommandations en vue d’améliorations ou identifier et évaluer des options pour le nettoyage d’un cours d’eau proche. Quel que soit le projet, les élèves doivent sentir qu’ils ont réussi à le mener à terme.

• Normes sociales et personnelles – Les individus sont naturellement sensibles aux comportements des autres et sont influencés par les actions d’autrui car c’est ainsi que nous identifions le type de comportement attendu dans un contexte spécifique [norme sociale]. (13), (14) Les individus peuvent aussi imputer leur comportement à une attente interne [norme personnelle]. Parce que les individus sont très sensibles à ce que font les autres autour d’eux – en particulier leurs amis et leurs proches – l’altération des normes sociales peut aussi influencer les normes personnelles. Voici un exemple d’une campagne pour influencer les normes sociales, celle de l’école de Greenhills à Ann Arbor, dans le Michigan. En essayant d’encourager les élèves à arrêter d’utiliser de l’eau en bouteille, un club environnemental s’est efforcé de présenter les bouteilles réutilisables comme une démarche «  branchée ». Ceci a impliqué la vente de bouteilles réutilisables spécialement conçues pour l’école de Greenhills School, une campagne de communication dirigée vers les écoles, sur les impacts négatifs des bouteilles plastiques et une démonstration de l’utilisation des bouteilles réutilisables aux élèves.

• Sens –  Ressentir un sentiment personnel de possession et de responsabilité après avoir adopté un certain comportement contribue à  mettre celui-ci en conformité avec son propre sens identitaire et son propre sens des valeurs. (15)  Des actions permettant aux élèves de se comporter constamment en conformité avec leurs valeurs sont susceptibles d’encourager au changement de comportement. Les enseignants en Environnement peuvent aider les élèves à s’approprier ce qu’ils font – en les laissant choisir leur comportement dans cette participation à l’action, en adaptant au local leur cours d’Environnement ou en reliant de nouvelles informations à un sujet dont ils se soucient déjà. Il se peut qu’un élève ne soit pas particulièrement motivé à nettoyer le lit d’une rivière mais après avoir appris que l’eau de la rivière est la même que celle qu’il boit, un lien significatif peut être établi.

• Attitudes – Les sentiments personnels d’un individu vis-à-vis d’un comportement peuvent l’influencer à bien vouloir essayer de l’adopter. (16) Changer les attitudes peut aussi s’avérer un défi et impliquer qu’il faille d’abord chercher  à influencer d’autres aspects. Comme pour le sens, un environnement favorable dans lequel un élève peut apprendre un nouveau comportement facilite sa mise en pratique. Par ailleurs, observer les autres adopter ce comportement peut également contribuer à influencer son attitude. Nous pouvons influencer  les attitudes de nos élèves vis-à-vis de la conservation en leur fournissant des informations appropriées, en mettant l’accent sur l’importance des normes sociales et en modelant leur comportement environnemental.

La cabane à outil de l’enseignant
Même si Frank et Fiona ont créé des jardins complètement différents , ils ont tous deux besoin d’outils et de ressources pour faire de leurs efforts un succès – des pelles, des graines, de l’eau et d’autres choses encore! Pour faire naître un changement de comportement, les enseignants peuvent de la même manière mobiliser  une série d’outils et de ressources. Parmi les stratégies spécifiques, on compte l’apprentissage social et de groupe, les études de cas et les histoires, la fixation d’objectifs, les récompenses  et l’engagement (voir l’image à droite).

GROUPE DE TRAVAIL

Fournissez des normes sociales positives, des ressources provenant d’autres personnes du groupe voire même parfois un feed-back!

Exemple : Divisez les élèves en équipes pour travailler sur les stratégies en cours de développement de la conservation d’énergie.

ÉTUDES DE CAS ET HISTOIRES

Aidez les élèves à apprendre via des histoires et des exemples sur les coûts supplémentaires ou les distractions associés aux excursions sur le terrain. Ceux-ci peuvent cibler des normes sociales et fournir une méthode.

Exemple : Créez un mystère à résoudre par les élèves sur les sources de pollution d’une rivière.

FIXATION D’OBJECTIFS

Fournissez une opportunité de feed-back en fixant des objectifs personnels réalisables qui puissent aussi donner plus de sens au comportement.

Exemple : Le club après l’école fournit un enseignement sur la conservation de l’eau – que chacun des jeunes se fixe pour objectif de diminuer le temps de leur douche.

RÉCOMPENSES

Les récompenses fonctionnent pour un changement à court terme mais à vrai dire, ne conduiront pas à l’adoption d’un comportement à long terme.

Exemple : Lorsque vous ramassez de la moutarde à l’ail avec un groupe de scouts, récompensez les élèves en leur donnant un autocollant à chaque fois qu’ils en auront ramassé cinq sacs.

ENGAGEMENT

S’engager signifie promettre de se comporter (ou de ne pas se comporter) de telle manière pendant un certain laps de temps. Ceci s’est révélé être encore plus efficace que les récompenses et, dans certains cas, a abouti à des changements plus durables.

Exemple : Dans votre classe, que chaque élève s’engage par écrit à composter toutes ses épluchures ou restes de fruits et de légumes dans le bac de compostage de l’école.

Cultivez votre jardin…
Les stratégies, les outils et les étapes de ce jardin modèle pour faire naître un changement de comportement ont pour but de vous aider à concevoir des programmes éducatifs environnementaux vous permettant de parvenir aux objectifs comportementaux finaux et de développer une gestion active de l’environnement. Gardez à l’esprit qu’aucune stratégie, qu’aucun outil ne fonctionne avec tout le monde ou tout le temps –  souvent, les programmes qui permettent avec le plus de succès un changement de comportement emploient de  multiples stratégies et outils sur de longues durées et sont adaptés à un lieu et à une situation donnés. En combinant et appliquant les concepts décrits dans cet article, vous utiliserez des méthodes basées sur des études (17) et donc, aurez une plus grande probabilité d’encourager des changements de comportement environnemental
STRATÉGIES POUR FAIRE NAîTRE UN CHANGEMENT DE COMPORTEMENT

D      SAVOIR                                  ENVIRONNEMENT FAVORABLE
E       Méthode                                 Accès aux ressources
Problème                                Restauration de l’attention
S       Conséquence                  Exploration
U                                                       Répétition
R                                                       Environnement positif
F                                                       Feed-back
A
C
E
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EN   P R O F O N D E U R

Auto-efficacité                                   Attitudes
Sens personnel                                Normes sociales et personnelles

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Les quatre étapes pour faire naître un changement de comportement

Pour maximiser la capacité de votre programme à changer les comportements, nous vous recommandons de suivre un processus en quatre étapes, comme ceci vous est démontré par un exemple de programme d’éducation au recyclage.

1) Objectifs : Identifier les comportements que vous voulez changer.
La Emerald Forest Alliance (EFA) aimerait initier un nouveau programme scolaire d’éducation au recyclage, en présentant aux classes les équipements de recyclage locaux. Elle organise une réunion pour définir le premier objectif du programme, à savoir, accroître la participation des élèves et des enseignants au recyclage.

2) Public : Demandez à votre public quels sont les obstacles au changement de leur comportement.
Pour déterminer quelles stratégies mettre en oeuvre en matière de changement comportemental, la  EFA interroge les élèves et les enseignants afin d’identifier les raisons pour lesquelles les élèves ne recyclent pas à l’école. Les élèves ne savent pas quels éléments sont recyclables ni où les recycler. Par ailleurs, la plupart des élèves n’ont jamais vu leurs amis recycler. Les enquêtes révèlent aussi que la plupart des enseignants ne croient pas que leurs petites actions de recyclage fassent une grande différence et vaillent donc la peine.

3) Stratégies : Mettez en oeuvre des stratégies qui pallient aux obstacles auxquels fait face votre public.
Alors qu’il existe plusieurs obstacles superficiels semblant entrer en jeu pour les élèves (savoir où et comment recycler), la EFA a appris des enquêtes qu’il existait aussi des problèmes plus profonds (manque de normes sociales pour les élèves et manque d’auto-efficacité pour les enseignants). Par conséquent, au lieu de mettre en oeuvre un programme scolaire unique qui ne s’occupe pas des problèmes plus profonds et, de fait, ne permettrait pas de réussir à générer un changement de comportement à long terme, la EFA modifie la conception du programme pour se concentrer sur quelques établissements spécifiques. Avec ces établissements, elle peut concentrer plus de ressources afin de s’occuper de toutes les variables du changement comportemental. La EFA développe pour les groupes d’élèves un programme d’apprentissage du recyclage dans leur établissement, encourageant ainsi une ambiance sociale positive pour le recyclage  via un recours au feed-back, via l’exploration et un apprentissage environnemental positif. De plus, la EFA aide les enseignants à travailler avec l’équipe de maintenance scolaire  pour mesurer la quantité de matériaux recyclés par leur classe, fournissant ainsi aux enseignants et aux élèves  un feed-back sur leurs résultats.

4) Évaluation : Déterminez si votre programme a changé les comportements et comment il peut être amélioré.
Après avoir conduit une évaluation de son programme, la EFA apprend que davantage d’enseignants et d’élèves recyclent! Toutefois, les enseignants d’un établissement ont fait observer que leurs poubelles de recyclage débordaient et devenaient un problème pour l’équipe de maintenance. Pour traiter ce problème, la EFA consent à fournir de plus grands collecteurs pouvant contenir plus de produits recyclables.

 

Références
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Notes
1Tbilisi Declaration. (1978). DansToward an action plan: A report on the Tbilisi
Intergovernmental Conference on Environmental Education. (Vers un plan d’action: un rapport sur la Conférence intergouvernementale de Tbilisi sur l’éducation environnementale) Washington, District de Columbia : Imprimerie du gouvernement américain.
2 Ajzen, I. (1991). The theory of planned behavior. Organizational Behavior and
Human Decision Processes. (La théorie du comportement prévu. Comportement organisationnel et processus de la décision humaine)  50: 179-211.
3 Kaplan, Stephen. (1995). The restorative benefits of nature: toward an integrative
framework. (Les bénéfices réparateurs de la nature: vers un cadre de travail intégré) Journal of Environmental Psychology. (Journal de la psychologie environnementale) 15: 169-182.
4 Kaplan, S. et Kaplan, R. (2003). Health, supportive environments, and the
Reasonable Person Model. (Santé, environnements favorables et modèle de personne raisonnable) American Journal of Public Health. (Journal américain de la Santé publique) 93: 1484-1489.
5 Sisson, G.R. (2001). Hands-on training: A simple and effective method for
on-the-job training. (Formation pratique: une méthode simple et efficace pour une formation sur le tas) San Francisco: Berrett-Kowhler.
6 Fredrickson, B. L. (1998). What good are positive emotions? (En quoi les émotions positives sont-elles bonnes?) Review of General Psychology. (Revue de psychologie générale)  2: 300-319.
7 Kaplan, S. (1991). Beyond rationality: Clarity-based decision making. (Au-delà de la rationnalité: prise de décision en toute clarté) (p.171-190). Dans Environment, Cognition, and
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8 Hines, J. M., H. R. Hungerford and A. N. Tomera (1987). Analysis and synthesis
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9 Hungerford, H.R. et Volk, T.L. (1990). Changing learner behavior through
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10 Hines, J. M., H. R. Hungerford and A. N. Tomera (1987). Analysis and synthesis
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11 Ajzen, I. (1991). The theory of planned behavior. Organizational Behavior and
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12 Bandura, A. (1977). Self-efficacy: Toward a unifying theory of behavior
change. (Auto-efficacité: vers une théorie unique du changement comportemental)  Psychological Review. (Revue psychologique) 84 (2): 191-215.
13 Ajzen, I. et M. Fishbein (1980). A theory of reasoned action (Une théorie de l’action raisonnée) . (Chapitre 1, p. 5-9). Understanding Attitudes and Predicting Social Behavior (Comprendre les attitudes et prédire le comportement social) . New Jersey. Editeur: Prentice-Hall.
14 Stern, P.C., Dietz, T., Abel, T, Guagnano, G.A. et Kalof, L. A Value-Belief-Norm Theory of Support for Social Movements: The Case of Environmentalism (Théorie quant aux valeurs, aux croyances et aux normes qui étayent les mouvements sociaux: le cas de l’écologie) (1999).
15 McGregor, I. et B. Little (1998). Personal projects, happiness, and meaning: On
doing well and being yourself. (Projets personnels, bonheur et sens:  bien faire et être soi-même) Journal of Personality and Social Psychology. (Journal de la Personnalité et de la Psychologie sociale) 74(2): 494-512.
16 Hines, J. M., H. R. Hungerford and A. N. Tomera (1987). Analysis and synthesis
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17 Heimlich, J.E., & Ardoin, N.M. (2008). Understanding Behavior to Understand
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18  Zint, M. Forthcoming. Evaluating environmental education programs: Insights
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Catherine Game, Andrea Liberatore et Ericka Popovich ont récemment obtenu leur Master de l’École des Ressources naturelles et des Sciences de l’Environnement de l’Université du Michigan à  Ann Arbor. Le Dr Michaela Zint était le tuteur  universitaire de ces étudiantes. Les auteurs aimeraient remercier le  Dr Ray De Young ainsi que leurs camarades Annie Gregory, Katherine Hollins, Alison Richardson et Amanda Stone pour leurs contributions.

Ce qui précède est une traduction de « Growing Behavior Change » qui a été publié en Green Teacher 89, Été 2010.

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