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L’enseignement primaire en plein air

Par Logan LeCompte

Traduction par Mathieu Arès

Le potager de votre école ne sert pas qu’à faire pousser des fleurs et des légumes. C’est simple, les jeunes adorent apprendre à l’extérieur de la classe, et comme les jardins scolaires représentent une ressource pédagogique naturelle, ils favorisent l’engagement des enseignants et de leurs élèves. Ainsi, dispenser une classe en plein air pour approfondir la matière au programme aidera vos élèves à mettre en pratique ce qu’ils ont appris sur le banc d’école et à aiguiser leur esprit critique, en plus de rendre l’expérience interactive et amusante.

Notre organisme à but non lucratif, le REAL School Gardens, regroupe des pédagogues chevronnés qui encadrent de près les enseignants d’écoles primaires des États-Unis afin que ceux-ci puissent maximiser le potentiel du potager de leur école. Les activités extérieures proposées visent à aider les jeunes à maîtriser un contenu pédagogique complexe et à guider les enseignants dans l’intégration de nouveaux objectifs à explorer.

Lorsque vous utilisez le potager scolaire pour introduire d’autres notions, il est primordial d’indiquer à vos élèves vos attentes concernant leur apprentissage à l’extérieur. Il convient d’abord de leur rappeler les règles de bases, comme « être prudent », « respecter la nature », « s’amuser » et « apprendre quelque chose de nouveau ». De plus, il est formateur de leur demander d’inscrire dans un carnet leurs observations sur la météo de la journée et de les encourager à relever des données à la fois qualitatives et quantitatives. Ces activités, essentielles à l’évolution de leur apprentissage, les aident à penser comme de véritables scientifiques, état d’esprit qui favorise également leur concentration. Après tout, ils ne sont pas dehors que pour s’amuser, mais aussi pour apprendre!

Les paragraphes qui suivent visent à répertorier des outils à utiliser dans la réalisation des cinq activités préférées de notre équipe. Le but du présent article? Que vous trouviez utiles ces outils et ces activités, car c’est ainsi que vous pourrez à votre tour transformer le simple potager de votre école en un milieu enrichissant. Conformément aux normes des divers États, toutes nos activités ont été conçues selon un cycle d’apprentissage en cinq phases : l’expérimentation, le compte-rendu, la réflexion, la généralisation et l’application.

 

  1. La craie de trottoir

Ce bâtonnet présente une façon simple et rapide de captiver l’intérêt des jeunes durant un apprentissage extérieur. La craie permet de faciliter et d’approfondir la compréhension d’un objectif… et fait office d’instrument d’écriture en cas de besoin. Par exemple, vos élèves pourront utiliser de la craie afin d’inscrire au sol des opinions et des faits relevés lors de l’activité extérieure.

Comment dresser une liste d’opinions et de faits

Demandez à chacun de vos élèves d’écrire un court paragraphe (de 3 à 5 phrases) au sujet d’un endroit ou d’un objet qu’ils ont décidé d’observer durant l’activité. Rassemblez le groupe, puis utilisez quelques brefs textes de votre cru pour présenter la démarche à suivre. Demandez ensuite à vos élèves de former des équipes de deux pour souligner les faits et encercler les opinions dans chacun de leurs propres paragraphes. Enfin, demandez-leur de créer un tableau à deux colonnes (faits/opinions) à l’aide d’une craie pour ensuite y inscrire leurs observations à propos d’un endroit ou d’un objet en particulier dans la cour d’école.

  1. Le ruban à mesurer

Le meilleur moyen d’enseigner à vos élèves la façon d’estimer de manière pratique la taille de certains objets est de les inciter à utiliser du ruban à mesurer. Les plus jeunes pourront comparer la dimension de véritables objets à l’extérieur, tandis que les plus vieux se familiariseront avec les notions de périmètre, de superficie et de volume. Une expérience concrète permettra à vos élèves de bien assimiler la matière enseignée.

Comment mesurer la superficie à l’aide de calculs mathématiques

Avant de commencer l’activité, procédez d’abord à un rappel théorique sur les éléments inhérents à la bonne croissance des plantes, puis expliquez le rôle du compost et de l’engrais dans le processus. Présentez à vos élèves un sac d’engrais et demandez-leur les éléments importants à connaître pour obtenir la quantité d’engrais nécessaire à l’amendement du potager de l’école. Aiguillez vos élèves dans leurs interventions afin qu’ils comprennent l’importance de connaître la superficie, en mètres carrés, de la surface à fertiliser. Accordez-leur ensuite suffisamment de temps pour mesurer les dimensions du jardin et pour effectuer dans un carnet les calculs mathématiques visant à déterminer la superficie. Dès que vos élèves obtiennent une solution, demandez-leur d’utiliser une échelle graduée pour mesurer la quantité d’engrais requise, puis d’épandre ce dernier uniformément dans le potager.

3. Les loupes

Ces outils servent à observer attentivement les caractéristiques d’animaux, à analyser les parties d’une plante et à comparer les différents types de sols sur le terrain de l’école. Par exemple, si les gènes sont à l’étude, demandez à vos élèves de relever les particularités de chaque feuille d’arbre. En observant minutieusement l’apparence des plantes, les jeunes seront en mesure de bien comprendre leur utilité. Les loupes leur donneront également l’impression d’être de véritables scientifiques. Enfin, le fait, pour les jeunes, d’être guidés durant leurs observations du monde microscopique transformera leur perspective à propos du sujet étudié.

Comment différencier le génotype du phénotype

Demandez à vos élèves de parcourir le terrain de l’école pour rassembler une dizaine de feuilles d’arbres différents, puis de les classer selon leurs traits communs (forme, texture, couleur). Distribuez ensuite des loupes ou des lentilles de grossissement pour qu’ils les examinent attentivement. Invitez vos élèves à tracer, dans leur carnet, un tableau à colonnes visant à séparer l’apparence (les traits) des fonctions des feuilles. Précisez que leur forme, ou leur apparence, sont des traits caractéristiques (phénotype), à l’image des traits dont les enfants héritent de leurs parents (génotype). Amenez-les ensuite à expliquer en quoi, selon eux, des apparences ou des traits différents sont un avantage pour les plantes et en quoi ces éléments les aident à s’adapter à leur environnement. Vous pourriez, entre autres, introduire le sujet de la capacité de rétention d’eau, de la protection contre les insectes nuisibles ou de la capacité à repousser l’eau durant les pluies abondantes. Enfin, demandez à vos élèves d’inscrire leurs découvertes dans le tableau à colonnes.

  1. Les thermomètres et les jumelles

Enseigner la météorologie à l’extérieur va tout simplement de soi. Avant d’entrer dans le vif du sujet, encouragez vos élèves à faire appel à tous leurs sens pour réaliser des observations météorologiques. C’est seulement ensuite que vous pourrez leur permettre d’utiliser des outils, comme un thermomètre ou des jumelles, pour recueillir des données sur la météo.

Comment devenir météorologue en interprétant les données météorologiques

Il s’agit de l’activité parfaite pour permettre à vos élèves de réaliser des observations et des prévisions météorologiques. Distribuez-leur des jumelles, puis demandez-leur d’identifier les différents types de nuages avant de noter leurs observations. Incitez-les aussi à dessiner des esquisses des nuages observés. Présentez-leur ensuite des thermomètres à air, des thermomètres de sol et des pluviomètres, puis demandez-leur de recueillir des données météorologiques, et ce, sans toutefois leur expliquer au préalable de quelle manière utiliser les accessoires mis à leur disposition. À la suite de l’expérience, indiquez-leur les fonctions d’un météorologue et initiez-les à la terminologie du domaine, comme « humide », « couvert » et « précipitations ». Montrez-leur enfin de quelle façon se servir des instruments de mesure utilisés en météorologie pour bien recueillir les données.

  1. Le ruban adhésif et la pellicule plastique

“Ah non! Pas le ruban qui colle aux doigts!”, s’exclameront vos élèves. Pourtant, oubliez les ciseaux, car le ruban adhésif qui sert à fermer des cartons et qu’on déchire avec les doigts est l’outil essentiel pour l’enseignement en plein air. Une bonne manière d’aider vos élèves à mettre en pratique leur apprentissage est de les inciter à coller des végétaux dans leur carnet de notes. Les enfants du primaire pourront mesurer la taille des fleurs collées dans leur carnet et identifier les parties de la plante au cours d’une activité servant à comparer le fonctionnement des organismes végétaux à celui du corps humain. Cette activité leur permettra aussi de poser un regard critique sur leur propre expérience réalisée dans la cour d’école. Pour ce faire, vous aurez besoin d’une tonne de « ruban qui colle aux doigts ».

Comment comparer le fonctionnement des organismes végétaux à celui du corps humain

Cette activité vise à démontrer que les feuilles respirent et transpirent, comme l’être humain. Pour favoriser la coopération, demandez à vos élèves de former des équipes de deux ou trois personnes. Une fois que c’est fait, donnez à chacune une pellicule plastique et du ruban adhésif facile à déchirer. Montrez tout d’abord à vos élèves de quelle façon procéder : formez un tas de feuilles dans un endroit ensoleillé, puis recouvrez-le d’une pellicule plastique fixée à l’aide du ruban adhésif. Lorsque toutes les équipes auront accompli la tâche demandée, invitez vos élèves à échanger sur leurs observations et à inscrire dans leur carnet différentes hypothèses sur le résultat qu’ils obtiendront. Pour que les feuilles aient le temps de transpirer, laissez le tout reposer quelques minutes.

Pendant ce temps, demandez à vos élèves de cueillir un brin d’herbe dans la cour d’école et incitez-les à expliquer ce qui s’est produit au moment de couper la tige. Invitez-les à comparer cette réaction au fonctionnement du corps humain, entre autres au système circulatoire (le liquide des plantes s’apparentant au sang humain). Demandez enfin à vos élèves de coller le brin d’herbe dans leur carnet et d’identifier les parties de la plante.

Au terme de cet intermède, les jeunes examineront les tas de feuilles couverts des pellicules plastiques puis formuleront des conclusions sur leurs découvertes. Ils remarqueront que la transpiration des feuilles a produit, sur la pellicule, une fine couche de vapeur d’eau; à l’instar de l’être humain, les plantes inspirent et expirent de l’air, et ce, même si elles sont dépourvues de poumons. Le liquide qui circule dans leur organisme est évacué de la même manière que la transpiration est évacuée par les pores de la peau chez les êtres humains.

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Logan LeCompte a accompagné une centaine d’enseignants en 2013-2014 dans le cadre de classes en plein air. Le but de ces classes? Aider les élèves à assimiler un contenu théorique essentiel en le mettant en pratique. Logan LeCompte est maître jardinier dans le comté de Dallas et détient une maîtrise en enseignement et développement de programmes scolaires de Tarleton State University, ainsi qu’un diplôme d’études supérieures en éducation internationale de Rice University.

Le REAL School Gardens est un organisme d’enseignement à but non lucratif qui a pour mission de faire grandir les jeunes en semant chez eux le germe de la conscience environnementale. En vue de transformer les potagers d’écoles en ressource d’enseignement, le programme se fonde sur trois principes :

  1. Construire des potagers d’apprentissage faciles d’accès et possédant des caractéristiques éducatives bien définies;
  2. Concevoir des activités complètes selon des normes pédagogiques précises;
  3. Former les enseignants afin de les aider à mettre leurs compétences à l’œuvre dans le cadre de l’enseignement des matières de base en plein air.

Mathieu Arès est finissant au baccalauréat en traduction professionnelle à l’Université de Sherbrooke. Amoureux de littérature, il entame, à l’automne 2015, une maîtrise en traduction littéraire.

Ce qui précède est une traduction de « Five Tools for Classrooms Without Walls » qui a été publié en Green Teacher 104, Automne 2014.

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