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Pression démographique

Par Marci Mowery et Lindsay Aun

Traduction par Denise Latreille

Classes visées : de la 3e à la 5e année

Matières : sciences, mathématiques, langues, sciences sociales

Concepts clés : capacité d’accueil, changements environnementaux, croissance exponentielle

Habiletés : discussion, entrevue, mathématiques, rédaction, recherche

Lieu : en classe

Durée : une semaine

Les oiseaux migrateurs sont un excellent indicateur de la santé de l’environnement. En effet, le nombre d’oiseaux qui reviennent en Amérique du Nord chaque printemps nous indique, tel un baromètre géant, quelles sont les conditions environnementales en Amérique latine. De plus, ceux qui retournent vers des territoires d’hivernage à l’automne nous donnent un aperçu de la santé des habitats de reproduction nordiques. L’organisme U.S. Fish and Wildlife Service estime que la population d’au moins 26 pour cent des espèces migratrices a diminué significativement ces dernières années, quoique ce chiffre varie selon le type d’habitat et la distance de migration. La perte d’habitats est en grande partie responsable de la diminution du nombre d’oiseaux et de mammifères à l’échelle mondiale — perte principalement due à la croissance démographique humaine et à la diminution des ressources.

En Argentine, des pampas naturelles ont dû être transformées en champs de culture à rendement élevé pour faire face à l’augmentation de la population, réduisant ainsi l’aire d’hivernage des goglus; ces derniers sont donc moins nombreux à revenir chanter des sérénades dans les prairies du Midwest au printemps. En effet, selon le rapport State of the Birds de 2004 de la National Audubon Society, la population de goglus a diminué de près de la moitié. Par ailleurs, dans le nord-est des États-Unis et du Canada, beaucoup de sites de nidification de la grive de Bicknell ont été détruits par les pluies acides ou pour construire des centres de ski. Ses territoires d’hivernage dans les forêts d’Haïti et de la République dominicaine ont également été dévastés : beaucoup trop d’humains y ont brulé beaucoup trop d’arbres pour se chauffer ou pour aménager des terres agricoles.

Tout comme la faune, les humains souffrent également de la perte d’espaces naturels. En 1994, on estime que 1,1 milliard de personnes n’avaient pas accès à de l’eau potable et que 2,8 milliards étaient privées de services sanitaires. En 1995, la pénurie d’eau a affecté plus de 20 pays. La relation entre la dégradation de l’environnement et la population humaine est donc évidente.

Selon un rapport des Nations Unies de 1999, la population mondiale augmente de 78 millions de personnes par an, soit un peu moins que la plus forte explosion démographique annuelle de 86 millions survenue dans les années 80. Entre 1960 et 2000, notre population a doublé pour atteindre 6 milliards en 1999. Si la tendance se maintient, la planète accueillera plus d’humains dans les 50 prochaines années qu’elle ne l’aura fait en 500 000 ans d’histoire de l’humanité. Pour répondre à cet accroissement rapide de la population, nous avons détruit un cinquième des sols arables de la planète et un tiers des forêts qui existaient en 1950. Chaque jour, de 100 à 300 espèces de plantes et d’animaux disparaissent à cause de l’activité humaine.

Selon les Nations Unies, 95 pour cent de la croissance démographique prévue dans les prochaines décennies se produira dans les pays en développement, là où le contexte économique et les ressources naturelles ne pourront répondre aux besoins en nourriture, en eau et en logis. Pris dans ce cercle vicieux de population grandissante et de dettes écrasantes, les pays présentant un taux de natalité élevé n’ont d’autre choix que d’exploiter leurs richesses naturelles, au risque de compromettre leur avenir. Les forêts et les prairies de plusieurs de ces pays ont subi une destruction massive pour subvenir aux besoins essentiels de leur population. La croissance démographique, ajoutée à l’épuisement des ressources naturelles, est souvent la cause de problèmes économiques et sociaux tels que la pénurie de nourriture, la pauvreté et des services d’éducation et de santé inadéquats.

Dans les pays développés, l’équilibre de la nature n’est pas tant menacé par le taux de natalité, mais plutôt par une consommation sans retenue des ressources naturelles. Le U.S. Department of Energy estime l’émission mondiale de dioxyde de carbone (gaz à effet de serre) à plus de 3,2 milliards de tonnes métriques annuellement, soit près du triple du poids considéré compatible avec une atmosphère stable par les scientifiques. Selon Paul Harrison, consultant international en matière de population, les Européens produisent en moyenne près de 1 000 fois leur poids corporel en déchets au cours de sa vie, contre 3 900 fois pour les Nord-Américains. Par conséquent, ces derniers sont les plus grands consommateurs de ressources naturelles au monde, donc les plus grands pollueurs.

Qu’ils résultent d’un problème de surpopulation ou de surconsommation, les changements que nous apportons à l’environnement naturel nuisent non seulement à la faune, mais à toute forme de vie, y compris la vie humaine. Toutefois, l’éducation et la sensibilisation peuvent ralentir, voire inverser certaines tendances. Même si l’étude des impacts de la population humaine sur l’environnement naturel peut sembler décourageante pour certains, il ne faut pas oublier qu’il y a des récits de succès et d’espoir pour contrebalancer les récits de pertes. Ces succès sont fondés sur une compréhension des concepts écologiques et un mouvement vers l’action. Les enseignants peuvent jouer un rôle déterminant en encourageant, par exemple, les élèves à suivre de près la qualité des cours d’eau ou à adopter une espèce en péril.

Activités à faire pour étudier la population

Les activités suivantes renseigneront les élèves sur les concepts clés de la dynamique des populations et leur donneront l’occasion de discuter des enjeux environnementaux auxquels est confronté notre monde de plus en plus peuplé.

Entasser la population

La capacité d’accueil, soit la population maximum pouvant survivre dans une région particulière, est un concept très important lorsqu’il est question de population et de logement. Afin d’avoir suffisamment de nourriture, d’eau et d’espace habitable, il doit y avoir un équilibre entre la densité d’une population et les ressources naturelles présentes dans son environnement. Par exemple, s’il y a trop de chevreuils dans une région par rapport aux ressources disponibles, la compétition pour la nourriture et l’eau obligera certains d’entre eux à se déplacer vers une autre région pour éviter de mourir de faim. Il en va de même des problèmes de pénurie qui surviennent lorsque trop de gens habitent un endroit où une ressource est limitée, par exemple l’eau.

Matériel : règle d’un mètre ou de trois pieds, ruban à masquer, cubes de différentes couleurs, livres, papier

Durée : Une heure, en plus du temps nécessaire à la préparation

Déroulement :

  1. Tracez un cercle d’environ deux mètres (six pieds) de diamètre sur le plancher de la classe ou sur le sol à l’extérieur. Mettez de 8 à 10 cubes à l’intérieur du cercle pour représenter la nourriture, entre 10 et 12 livres (ou cubes d’une autre couleur) pour représenter l’eau et entre 12 et 14 feuilles de papier pour représenter les abris.
  2. Dites à deux élèves d’entrer dans le cercle et de se séparer les ressources.
  3. Demandez ensuite à deux autres élèves d’entrer dans le cercle et de procéder à une nouvelle distribution. Continuez ainsi jusqu’à ce qu’ils soient tous dans le cercle. Les ressources doivent être réparties équitablement entre eux, mais ne peuvent être séparées en deux.
  4. À mesure que le cercle se remplit, amenez les enfants à réfléchir sur ce qui se passe. Comment se sentent-ils en voyant qu’ils reçoivent de moins en moins de ressources? Est-ce qu’il y en a assez pour tous? Dans la réalité, qu’arrive-t-il aux personnes et aux animaux qui en manquent? Quelles sont les solutions à ces problèmes?

Établir des liens

Matériel : marqueurs de couleurs variées et grande feuille de papier

Durée : 30 minutes

Déroulement :

  1. Au milieu d’une large feuille de papier, tracez un cercle et faites une ébauche de schéma conceptuel en inscrivant les mots « plus de gens ».
  2. Demandez aux élèves de nommer les avantages de l’accroissement démographique sur la Terre, ainsi que les inconvénients (plus de maisons, moins d’arbres, plus d’amis, etc.).
  3. Tracez des lignes vers l’extérieur du cercle et utilisez un marqueur de couleur pour y inscrire les avantages et un marqueur d’une autre couleur pour les inconvénients. Encouragez les élèves à discuter de chaque élément.

Faites durer le plaisir : encouragez les élèves à créer leur propre schéma conceptuel à partir des mots « moins d’habitats pour les animaux », puis à partager et à comparer leurs schémas. Mettez la classe au défi de trouver des solutions aux problèmes soulevés.

Expliquer l’accroissement et l’évolution des populations

Les populations de personnes et d’animaux changent continuellement. Plusieurs facteurs sont en cause pour expliquer la croissance ou la diminution d’une population, tels la disponibilité de terre, de nourriture et d’eau salubre, les conditions climatiques, les maladies, les accidents et la destruction d’habitats.

Demandez aux élèves de faire une enquête auprès des gens qui habitent leur voisinage depuis plusieurs années, afin de savoir comment le quartier s’est développé et s’il y a eu des changements par rapport au nombre et à la diversité d’arbres, d’oiseaux et d’animaux sauvages. Ils peuvent ensuite partager l’information qu’ils ont recueillie avec le reste de la classe ou encore écrire des histoires pour le journal de l’école. Voici des suggestions de questions à demander :

  • Depuis combien de temps habitez-vous ce quartier?
  • Y a-t-il plus de gens qu’avant? Si oui, comment cela affecte-t-il la vie des habitants de la ville?
  • Le paysage de la ville a-t-il été transformé en raison de l’accroissement démographique?
  • Quelles ont été les répercussions sur le nombre et la variété d’oiseaux et d’autres animaux sauvages?
  • Aimez-vous les changements dont vous avez été témoin? Pourquoi?
  • Quelles sont les actions à poser pour améliorer la vie des gens d’ici?
  • Que pouvons-nous faire pour attirer plus d’oiseaux et d’autres animaux sauvages dans la région?

Voir double

La croissance d’une population est souvent exponentielle. Elle double continuellement, passant ainsi d’une très petite population à une très grande. L’énigme suivante illustre bien la « puissance deux ».

  1. Un père se plaint que les cinq dollars par semaine qu’il donne en argent de poche à son fils représentent un montant trop élevé. Ce dernier réplique : « Ok, papa, durant le prochain mois, je te propose de calculer mon argent de poche de la façon suivante : tu me donnes un sou la première journée, deux sous la deuxième, quatre sous la journée suivante, puis huit sous et ainsi de suite pour tous les jours du mois.» Le père s’empresse d’accepter. Qui est le plus futé? Quel sera le montant d’argent de poche le 31e jour du mois?

Réponse : Le fils est le plus futé. Pour cette seule journée, son père lui remettra 10 737 418,24 $, en plus de tout l’argent qu’il aura versé les journées précédentes. Cet exemple illustre bien la vitesse à laquelle on peut arriver à un grand nombre simplement en doublant la quantité initiale régulièrement.

Jour 1 : 0,01 $

Jour 2 : 0,02 $

Jour 3 : 0,04 $

Jour 4 : 0,08 $

Jour 5 : 0,16 $

Jour 6 : 0,32 $

Jour 7 : 0,64 $

Jour 8 : 1,28 $

Jour 9 : 2,56 $

Jour 10 : 5,12 $

Jour 11 : 10,24 $

Jour 12 : 20,48 $

Jour 13 : 40,96 $

Jour 14 : 81,92 $

Jour 15 : 163,84 $

Jour 16 : 327,68 $

Jour 17 : 655,36 $

Jour 18 : 1 310,72 $

Jour 19 : 2 621,44 $

Jour 20 : 5 242,88 $

Jour 21 : 10 485,76 $

Jour 22 : 20 971,52 $

Jour 23 : 41 943,04 $

Jour 24 : 83 886,08 $

Jour 25 : 167 772,16 $

Jour 26 : 335 544,32 $

Jour 27 : 671 088,64 $

Jour 28 : 1 342 177,28 $

Jour 29 : 2 684 354,56 $

Jour 30 : 5 368 709,12 $

Jour 31 : 10 737 418,24 $

  1. Aujourd’hui, vous et votre amie êtes les seules feuilles de nénuphar de votre étang. Toutefois, votre population s’agrandit : chaque jour, elle est le double de la veille. Demain, vous serez donc quatre. Dans vingt jours, votre étang sera complètement recouvert de feuilles de nénuphar. Dans combien de jours l’étang sera-t-il à moitié recouvert? Réponse : jour 19. Croyez-vous qu’à ce moment, vous et vos amis commencerez à avoir peur de manquer d’espace? (Discutez avec les élèves de leurs réponses. Est-ce que ce qui se passe dans l’étang ressemble à notre situation actuelle? Pourquoi?)

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Marci Mowery donne des ateliers de développement professionnel aux enseignants sur les liens entre les humains et l’environnement. Elle est l’ancienne directrice du centre Education for Audubon en Pennsylvanie et une ancienne enseignante d’école secondaire.

Lindsay Aun enseigne dans une école primaire du Montana et est une ancienne coordonnatrice de populations pour la National Audubon Society’s Population Campaign.

Denise Latreille est étudiante de 3e année en traduction professionnelle à l’Université de Sherbrooke.

Les activités « Établir des liens » et l’énigme « Voir double » ont été adaptées du livre Counting on People: Elementary Population and Environment Activities, publié par Zero Population Growth en 1994.

Ce qui précède est une traduction de «  Population Pressure » qui a été publié en Teaching Green: The Elementary Years.

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