De STEM à STEAM : programme éducatif interdisciplinaire et science citoyenne

Par Melissa Guillet
Traduit par Nathalie H. Gagnon
Je cherche sans cesse de nouveaux moyens de faciliter le contact entre les enfants et la nature. J’enseigne l’art 45 minutes chaque semaine à 450 élèves de la maternelle à la 5e année. J’intègre au contenu de mes cours diverses disciplines ainsi que les normes scientifiques du programme éducatif Next Generation Science Standard. Par ailleurs, étant donné que je suis une enseignante d’art, mon programme est généralement plus souple que celui d’un enseignant dont les plages horaires sont consacrées à une seule tâche. J’ai donc mis sur pied le programme de sorties éducatives 15 Minute Field Trips™ pour que les élèves, malgré leur horaire chargé, puissent apprendre à l’extérieur de la classe grâce à des activités intégrées aux périodes habituelles de 45 minutes ou à des périodes spéciales de 90 minutes selon l’horaire que me remet la direction.
L’art et les activités de plein air permettent aux enfants d’entrer en contact avec l’environnement et d’apprendre à le connaître. C’est lorsqu’ils vivent des expériences concrètes, comme découvrir une chenille ou sentir une fleur, que leurs émotions entrent en jeu et que se manifeste leur désir d’acquérir davantage de connaissances. Ainsi, lorsqu’ils regardent une feuille ou une graine, ils ne se contentent pas de l’identifier, ils l’étudient. De quel genre de feuille s’agit-il? Qu’est-ce que cette plante nous procure? Comment les graines se dispersent-elles? Que font les insectes? Qu’en est-il des autres animaux? En explorant le jardin de l’école et en contribuant à son entretien, les enfants s’approprient l’espace et développent un intérêt particulier pour ce qui s’y passe.
Comme l’indique le nom 15 Minute Field Trips™, les activités sont divisées en segments de 15 minutes, chacun traitant d’un thème particulier, comme la dispersion des semences ou l’adaptation des animaux. Il arrive parfois que nous fassions une rotation entre trois stations sur une période de 45 minutes. Prenons par exemple, l’une de mes sorties éducatives qui cible l’exploration des cinq sens. Dans un premier temps, nous observons et touchons des plantes tout en discutant de leurs couleurs, de leurs formes et de leurs textures. Dans un deuxième temps, nous formons un cercle afin de sentir les végétaux : des herbes, des plantes florales et de l’écorce de cerisier ou de sassafras. En procédant ainsi, je peux contrôler les quantités cueillies de chaque espèce et aider les enfants à reconnaître les plantes toxiques qu’ils doivent éviter. Nous secouons aussi les plantes à graines, plus spécifiquement les cosses, comme celles du robinier ou celles des pois bien mûrs, afin d’écouter le bruit qu’ils produisent. Puis dans un troisième et dernier temps, de retour dans le local d’art, nous explorons de manière plus approfondie la forme, la couleur et la texture en utilisant des crayons, des marqueurs, de l’aquarelle et même des éponges imbibées de peinture et du sel!
Durant la saison automnale, lorsque le thème porte sur les semences, je regroupe les enfants en petites équipes qui s’occuperont chacune d’une section du jardin. Les enfants doivent recueillir des graines sur les plantes, par terre, et même dans l’air, puis les placer dans six seaux étiquetés en fonction du mode de dispersion de chaque graine : le vent (aigrettes de pissenlit, gousses d’asclépiade, samares d’érable, etc.); les animaux (glands, baies, cerises, épillets); la gravité (pois, pêches); la flottation (quenouilles, noix de coco); l’éclatement (trompettes de l’ange, cosses d’asclépiade) ou encore l’humain. Par la suite, nous étudions les œuvres de Van Gogh et nous confectionnons des tournesols et des iris à l’aide de papier découpé en cercle, en triangle, en cœur et en bande que nous plions, ou auquel nous donnons une forme ondulée pour créer un effet 3D. Les créations des enfants comprennent les racines, la tige, les feuilles, les fleurs et, pour les graines, chacun décide s’il préfère les découper dans du papier, les dessiner ou encore en coller de véritables. Cette activité leur donne la chance d’acquérir des connaissances sur les parties de la plante. Ensemble, nous prenons aussi le temps de discuter de « l’émotion » qui se dégage des œuvres : a-t-on affaire à un tournesol heureux ou à un iris bleu triste? Enfin, pour clore le thème, nous examinons les graines à l’aide d’une loupe, nous en dessinons les formes, les tailles et les textures sur des enveloppes dans lesquelles les enfants placent ensuite des graines destinées à être plantées à la maison.
Une autre activité consiste à trouver des indices laissés par des animaux difficiles à voir parce qu’ils sont nocturnes ou craintifs face aux humains. Pour ce faire, nous cherchons des restes de nourriture (des glands grignotés par exemple); des pistes dans la boue ou la neige (nous avons d’ailleurs déjà vu celles de cerfs, d’écureuils et de lapins); des excréments (ceux de chiens, de cerfs-mulets et de cerfs de Virginie sont fréquents ici); ainsi que des nids, des terriers, des creux d’arbres ou encore des nids de guêpes. Les jeunes sont fascinés d’apprendre que des cerfs traversent la cour d’école pendant la nuit. Un jour, nous sommes même tombés sur la carcasse d’un écureuil, des morceaux de fourrure et un gland près d’un trou à moitié creusé. Ensemble, nous avons convenu qu’un faucon avait attrapé l’écureuil et en avait échappé une partie. Par chance, ce sont des élèves plus âgés qui ont fait cette découverte et ils ont très bien su gérer la situation. Avec les enfants de maternelle et de première année, j’organise des activités comme de s’asseoir, immobile, sur le trottoir pour observer les fourmis tout en discutant de ce qu’elles sont en train de faire : porter, construire, se battre et courir. Ce monde n’est guère invisible, mais quelqu’un doit apprendre à ces jeunes à s’arrêter et à observer pour qu’ils puissent enfin le découvrir.

Approfondir l’étude au moyen de l’art
Bien qu’il soit difficile de dessiner une fourmi qui se déplace rapidement sans arrêt, s’inspirer des choses bien réelles que l’on retrouve dans la nature favorise l’acquisition de connaissances approfondies. Ainsi, en griffonnant l’empreinte d’une feuille, un jeune enfant remarquera les veines qui la parcourent. Un enfant plus âgé qui souhaite dessiner un insecte en détail et qui se met à étudier un spécimen à la loupe prendra connaissance des nombreux détails qui le caractérisent. Bref, la création artistique aide les jeunes à cibler et à évaluer ce qu’ils voient, ce qu’ils ressentent et ce qu’ils savent. Bien sûr, les enfants « savent » que les coccinelles sont rouges avec des taches noires, mais savent-ils que la quantité de taches qu’elles arborent varie de l’une à l’autre? Ont-ils déjà remarqué les deux petits crochets au bout des pattes de ces coléoptères, ou encore à quel endroit sont réellement situés leurs yeux et leurs antennes?
C’est grâce à la réalisation de différents projets que les élèves de 2e année, notamment, approfondissent leurs connaissances sur les insectes. D’abord, nous étudions le cycle de vie des insectes en observant des spécimens conservés dans la résine (lucite); nous relevons leurs formes, leurs lignes, leurs motifs et leur symétrie. J’apprends aux jeunes à reconnaître la tête, le thorax, l’abdomen et les six pattes. Ensuite, nous comparons notre travail avec celui de Maria Sibylla Merian, artiste et scientifique du XVIIe siècle. Cette dernière a étudié, d’abord dans sa propre cour, les chenilles et les papillons nocturnes et diurnes, puis s’est rendue au Surinam néerlandais dans le but d’y étudier la flore et la faune. C’est ensuite par l’entremise de la maison d’édition familiale, qu’elle a d’ailleurs dirigée, que cette femme a publié un livre réputé contenant les illustrations résultant de ses travaux.
Les élèves de 2e année ont également fabriqué un modèle 3D d’une mante, à l’aide de tubes de carton et de bâtonnets, qu’ils ont ensuite coloré avec des pastels à l’huile. Ils devaient déterminer ce qu’était le camouflage et donner des exemples que l’on pouvait trouver dans la nature. Une fois leurs modèles terminés, les enfants disposaient de cinq minutes pour aller les cacher dans la cour d’école. Ensuite, cinq minutes leur étaient allouées pour partir à la recherche des modèles de leurs camarades de classe. Nous avons par la suite fait un retour sur l’activité pour déterminer ce qui faisait qu’un modèle avait été difficile, voire impossible, à trouver. Était-ce un meilleur camouflage, une meilleure cachette ou un coup de chance? La participation à des activités concrètes permettant notamment d’explorer l’univers de l’adaptation animale aide les élèves à se représenter certains exemples, et la comparaison mutuelle de leurs projets, à se faire une vision globale de la biodiversité.
Lorsque nous avons entamé le volet particulièrement artistique, nous nous sommes concentrés sur les coléoptères et la symétrie. La première étape consistait à peindre, grosso modo, un arrière-plan de feuilles à l’aquarelle sur du papier cartonné. À l’étape suivante, une multitude de choix s’offraient à nous puisque dans la famille des insectes, l’ordre des coléoptères est le plus diversifié. Nous avons donc parlé des raisons qui expliquaient la diversité chez les coléoptères et l’usage que pouvait bien avoir chacun d’eux. Nous nous sommes également questionnés à savoir ce que faisaient les coccinelles et ce qu’il en était des Passalidae, des bousiers ou encore des lucioles, qui sont eux aussi des coléoptères! Les élèves devaient en choisir un seul, puis le dessiner sur du papier cartonné selon une ligne de symétrie. Ils devaient ensuite tracer les contours à l’aide d’un marqueur, découper les pièces et les coller sur un morceau de polystyrène. Enfin, pour terminer le module sur les insectes, nous sommes allés à l’extérieur en capturer quelques-uns que nous avons ensuite tenté d’associer à l’une des 12 cartes plastifiées représentant chacune un ordre d’insecte.
Quant aux élèves plus âgés, ils ont eux aussi pu parfaire leurs connaissances sur les insectes et comprendre que protéger les insectes était bénéfique pour eux et pour l’environnement. À titre d’exemple, un groupe de 5e année a grandement appris sur l’une des espèces menacées : les abeilles. Les étudiants ont d’abord consulté les fiches informatives du Great Sunflower Project (http://www.greatsunflower.org) traitant de 19 genres d’abeilles et en ont choisi chacun un qui deviendrait l’inspiration de la figure centrale d’une carte d’as. Après avoir sélectionné et dessiné une enseigne (cœur, pique, trèfle ou carreau), ils devaient reproduire, avec une précision quasi scientifique, l’abeille choisie et orner leur carte d’indices illustrant son mode de vie. Aussi surprenant que cela puisse paraître, ce ne sont que les abeilles à miel qui vivent dans des ruches! Les enfants devaient donc indiquer, par divers symboles tirés des fiches informatives, si leur abeille vivait sous terre, à l’intérieur d’un trou dans le bois, ou dans le creux d’un roseau; si elle était active au printemps, en été et en automne, ou seulement quelques semaines pendant l’été; ou encore si elle était attirée par toutes les fleurs ou par une seule espèce, comme l’abeille cotonnière qui récolte le poil de plantes à feuilles duveteuses pour en recouvrir l’intérieur de son nid. Cet exercice a permis aux enfants de saisir le concept de biodiversité. Par la suite, nous avons discuté ensemble des facteurs actuels qui compromettaient la survie des populations d’abeilles (pesticides, acariens, monocultures). Enfin, nous sommes allés au jardin pour voir les différents genres d’abeilles que nous pouvions y trouver. Montrer à ces jeunes l’importance de l’habitat pour les animaux a permis de les conscientiser aux effets néfastes de la pollution et des pesticides sur la biodiversité.
Contempler l’engagement dans l’action
Il y a plusieurs grands acteurs qui participent à la protection des espèces menacées. Les médias, par exemple, nous informent régulièrement des menaces qui pèsent sur les populations d’abeilles. Cela dit, quel rôle une école pourrait-elle jouer dans la protection de cette espèce? Il arrive de se sentir impuissants devant des problèmes environnementaux qui nous semblent trop grands ou trop lointains. C’est d’ailleurs le cas de la plupart des écoles, qui sont souvent loin des fermes apicoles. Toutefois, il faut savoir que même si la cour d’une école est asphaltée, il demeure possible d’y aménager un jardin destiné aux pollinisateurs. Le nôtre, par exemple, comprend un nombre considérable de plantes indigènes du Rhode Island (États-Unis) ainsi que des espèces qui fleurissent du début du printemps à la fin de l’automne. À force de recherches, les élèves de 5e année ont pu y apercevoir des bourdons, des abeilles charpentières, des abeilles mellifères, des abeilles fouisseuses et des halictes verts. Ils ont ainsi appris que les abeilles ont besoin du nectar et du pollen des fleurs, et que parce qu’elles sont actives à des moments variés, un éventail de fleurs doit être à leur disposition du début du printemps à la fin de l’automne. Ce sont par ailleurs de petits groupes d’élèves qui aident à l’entretien du jardin. Même si chaque groupe s’occupe d’une seule espèce de plante, l’apprentissage demeure complet. Par exemple, au printemps, les élèves de 1re année plantent des tournesols vivaces Helianthus (Lemon Queen), qu’ils réutiliseront à l’automne de l’année suivante, soit pendant leur 2e année, lorsqu’ils participeront au projet de pollinisation The Great Sunflower Project à titre de citoyens scientifiques dont le rôle est de compter les insectes qui visitent cette espèce florale.
Or, qu’advient-il lorsque le jardin est en dormance? Pendant l’hiver, ce sont les élèves de 3e année qui prennent le relais de la science citoyenne en faisant l’inventaire des oiseaux hivernaux. D’abord, nous fabriquons des mangeoires simples à l’aide de pommes de pin, prenant soin de remplacer le beurre d’arachide par du shortening végétal afin d’éviter les allergies. Les élèves amènent ensuite leur mangeoire à la maison avec une liste d’oiseaux d’hiver à observer et à dénombrer. Une fois le compte terminé, ils doivent rapporter la liste à l’école afin que nous puissions envoyer les résultats au Cornell’s Winter Bird Count (le recensement des oiseaux hivernaux du laboratoire d’ornithologie de la Cornell University). Puis, dans le cours d’art, nous confectionnons des cartes à la manière de Charley Harper, c’est-à-dire en découpant des cardinaux rouges, que nous fixons à des aquarelles bleues réalisées à l’aide de la technique gros sel pour produire un effet « neigeux », auxquels nous ajoutons des détails à l’aide d’un feutre permanent noir et de pastels à l’huile colorés. Au printemps, nous peignons des chardonnerets dans des cadres en « or » à l’aide de peinture et de paraffine en nous inspirant de la technique mixte de Gustave Klimt qui combine le crayon, le pastel à l’huile, la peinture, la gouache et la feuille d’or. Enfin, nous comparons les deux espèces d’oiseaux, effectuons une variété d’activités ayant trait à l’adaptation du bec et discutons ensemble de la migration des oiseaux.
L’an dernier, les élèves de 3e année se sont également penchés sur le thème de l’eau. Lors d’une activité, j’ai amené 63 élèves de 3e année faire une randonnée de 3,2 km au bord du ruisseau Annawamscutt. Nous étions accompagnés de Lauren Parmelee, directrice de l’éducation de la Audubon Society of Rhode Island, de Sandra Wyatt et Virginia Brown de la Barrington Land Trust, d’une classe de 8e année de l’école St Luke’s et de leur enseignante de science, Doreen Schiff ainsi que des quatre autres enseignants de 3e année. En l’espace de deux heures, nous avons pris le temps de pique-niquer et nous avons visité six stations d’activité qui portaient sur le ruisseau : nous avons déterminé les niveaux de pollution en fonction de la macrofaune présente en associant des cartes en paires correspondantes; examiné des paquets de feuilles dans lesquels se développe habituellement la macrofaune et nous y avons d’ailleurs trouvé des escargots, une grenouille et une anguille d’Amérique; identifié les feuilles des arbres de la région; jumelé des photos d’animaux adultes avec leur pendant immature (le jumelage grenouille-têtard était évident, tandis que celui de libellule-nymphe l’était moins); recréé la chaîne alimentaire moustique-libellule-grenouille en jouant à « tag » (équivalent de jouer au chat); et participé à un jeu de rôle, dans lequel les élèves personnifiaient une chose vivante ou non vivante, selon l’image qu’ils avaient entre les mains, et devaient ensuite, à l’aide d’une ficelle, se relier entre eux pour recréer le réseau trophique correspondant à ce qu’ils représentaient. L’écureuil et le gland ou l’arbre et la terre sont des exemples de relations trophiques. Cette sortie a été un énorme succès! Cependant, il nous reste encore à déterminer de quelles façons ces jeunes pourraient aider les animaux…

Attirer l’attention au moyen de créations artistiques
Tout de suite après avoir vu la photo de « Peanut », une tortue dont la carapace a grandi en forme d’arachide parce qu’elle est restée trop longtemps prisonnière d’un anneau de plastique servant à emballer les cannettes, les enfants ont voulu la secourir. Bien sûr, elle avait déjà été sauvée. Toutefois, sa déformation a affaibli sa capacité pulmonaire. Nous avons donc discuté de ce qui avait bien pu se passer pour que l’animal se retrouve ainsi coincé. Nous nous sommes également questionnés à savoir si elle avait les outils, comme des pouces, nécessaires pour se sortir de là toute seule et comment nous pourrions empêcher qu’une telle situation se reproduise. J’ai montré aux élèves comment s’y prendre pour couper les anneaux de plastique et je leur ai même suggéré une meilleure solution : éviter d’acheter des cannettes retenues par ce genre d’anneaux! À leur tour, ils ont proposé des moyens de recycler, de réduire le nombre de déchets et de nettoyer les ordures près des cours d’eau.
Nous tenions aussi à montrer aux gens quels animaux étaient menacés par les déchets jetés dans le ruisseau. À la suite de notre sortie, chaque enfant a donc choisi son animal de ruisseau préféré qu’il devait ensuite représenter dans un projet de tissage effectué à la manière des artisans Huichol. L’objectif de cette activité était de mettre en évidence l’effet domino engendré par la protection de la faune et de la flore, tout en montrant aux élèves une autre culture ainsi que la notion de parallélisme. Neuf de leurs œuvres ont été choisies et intégrées à trois panneaux actuellement affichés près du ruisseau. Ces derniers ont été financés par le Lorraine Tisdale Award et ils présentent des slogans comme : « Ayez de l’effet : ramassez les déchets et restaurez la faune et la flore », « Gardez notre ruisseau propre » ou « Devinez qui vit ici? C’est nous? S’il vous plaît, ne polluez pas! » Notre but était de faire comprendre aux gens que les déchets et les polluants nuisent aux animaux et à l’environnement.
Si vous cherchez des façons de préserver l’environnement de votre région, adressez-vous à une fiducie foncière, à la section locale de la National Audubon Society (États-Unis) ou à tout groupe environnemental de votre localité. De notre côté, le ruisseau qui traverse notre cour d’école et qui se poursuit dans une ville voisine, où un enseignant, soutenu par une fiducie foncière locale, y recueillait également des données, offrait une occasion formidable. Bien sûr, les cours d’école et les centres communautaires ne se ressemblent pas tous. C’est pour cette raison qu’il peut être intéressant de consulter des scientifiques ou des groupes environnementaux de votre région. Ils pourraient être au fait de plantes ou d’animaux particuliers qui sont menacés. Parfois, il suffit de se familiariser avec ce qui nous entoure pour contribuer à ce qu’une plante ou un animal bénéficie d’une meilleure presse. Par exemple, un groupe de l’Oregon a rebaptisé l’abeille fouisseuse solitaire « tickle bee », ce qui signifie en français « abeille chatouilleuse ». Son objectif était de protéger cette espèce d’abeilles dociles de l’extermination en atténuant la frayeur des propriétaires qui paniquaient lorsqu’ils voyaient l’insecte sur leur pelouse.
Vous pourriez également créer une mascotte en vous inspirant de plantes ou d’animaux parfois mal perçus, mais qui sont en fait très utiles : le pissenlit nutritif ou l’opossum mangeur de tiques en sont de bons exemples. Vous pourriez aussi modifier l’environnement qui vous entoure afin d’attirer des animaux qui lui sont bénéfiques et augmenter leur présence, notamment en aménagement un jardin destiné aux pollinisateurs ou en plantant des asclépiades pour les monarques. En fait, une fois que vous avez trouvé une cause, elle devient le centre des techniques artistiques que vous enseignez et un moyen de communiquer des messages d’intérêt public grâce aux créations artistiques (symbole, affiche, t-shirt) qui peuvent être exposées publiquement.
Par le passé, un petit groupe d’élèves de 3e et de 4e année a réalisé un modèle de marais salé qui présentait, entre autres, un héron, un crabe, des tortues, des poissons, des plantes indigènes et des plantes envahissantes, plus précisément des Phragmites australis. Le modèle, entièrement confectionné à partir de déchets et d’objets recyclables, a été exposé sur le site de la Audubon Society of Rhode Island, une société de conservation environnementale. L’endroit comportait d’ailleurs un marais salé que la société s’efforçait de protéger. Cette œuvre était accompagnée de données factuelles sur les plantes envahissantes, sur les polluants aquatiques et sur les animaux vivants dans ce genre d’habitat ainsi que de la liste des matériaux utilisés lors de sa fabrication et la façon dont chacun pouvait être recyclé.
Une autre année, les élèves de 5e année ont fabriqué un modèle de poisson indigène à l’aide de bouteilles de plastique, de peinture acrylique et de « déchets » propres. Les plus représentatifs ont été suspendus dans un grand présentoir avec des plantes aquatiques faites de sacs de plastique et des filets faits d’anneaux de plastique utilisés pour emballer les cannettes. Cette réalisation comprenait également des informations factuelles sur les poissons et les déchets recueillis lors du dernier nettoyage des plages du Rhode Island. L’œuvre est restée un mois au Feinstein Shepard Building de l’Université du Rhode Island à l’occasion d’un événement artistique ouvert au public.
Il faut toutefois garder à l’esprit qu’il n’y a pas seulement le message que l’on transmet qui est important, les matériaux que nous utilisons le sont tout autant. C’est pour cette raison que nous réalisons nos œuvres à partir de bouteilles de plastique, de tubes et de boîtes en carton, de boîtes à œufs, de bouchons de liège, de barquettes en polystyrène, et plus encore; tous des objets qui auraient pu se retrouver au site d’enfouissement. Nous avons même utilisé des plateaux en polystyrène d’emballage de viande pour créer des empreintes gyotaku (itchyogramme). Après avoir bien nettoyé les plateaux, nous y avons dessiné des poissons indigènes et sculptés divers détails. Nous avons ensuite recouvert la surface gravée d’encre puis l’avons pressée contre du papier. Les empreintes obtenues ont ensuite permis de mettre sur pied une exposition de groupe. Tous les objets et les morceaux dont on ne sert plus sont également recueillis et apportés au centre de récupération, l’Eco-Depot de la Johnston Resource Recovery Corporation, pour être recyclés. En participant à ce genre d’activité, les élèves apprennent à connaître nos espèces indigènes par un examen approfondi des illustrations plastifiées que nous mettons à leur disposition ainsi qu’à créer et à résoudre des problèmes en utilisant des matériaux réutilisables.
Enseigner à la communauté par l’entremise de l’art écologique
Nous pouvons et nous devons inciter la communauté à participer de diverses manières. Par exemple en faisant appel à des « experts » afin qu’ils viennent discuter de leur passion et nous faire part de leurs connaissances. Des adultes, membres de la famille des enfants ou membres du personnel de l’école, peuvent être invités à venir parler de leurs propres expériences et bénéficier du même coup de l’acquisition de nouvelles connaissances. Lors des sorties scolaires, la présence de parents-accompagnateurs ne sert pas que le volet sécurité, elle permet aussi de favoriser l’éducation en matière d’environnement à la maison. De plus, les données que recueillent les élèves peuvent être transmises à des scientifiques dans le cadre de programmes comme le Great Sunflower Project ou le Cornell’s Winter Bird Count. Enfin, il est également possible de rendre tous travaux accessibles au public par l’entremise d’affiches ou de messages d’intérêt public.
Les œuvres réalisées par les enfants, toujours attrayantes, offrent non seulement un moyen efficace de conscientiser les jeunes à la protection de l’environnement par l’entremise de la création artistique, mais aussi une variété de façons d’éduquer la communauté. Les expositions agrémentées d’explications organisées dans les bibliothèques, les universités et les centres communautaires constituent un point de départ intéressant. Cependant, si vous êtes capables de mettre la main sur des subventions ou d’autres formes de financement, plusieurs autres solutions s’offrent à vous! Par exemple, les enfants pourraient concevoir et dessiner des paquets de semences et en faire la vente pour amasser des fonds. Leurs œuvres pourraient devenir des affiches permanentes et servir, comme celles que nous avons installées près du ruisseau, à informer le public sur les déchets, l’habitat et les espèces locales. Même nos as « abeilles » pourraient avoir leur place dans un jardin. Toute création artistique a le potentiel de se retrouver sur des t-shirts, des chapeaux ou encore des tasses, que ce soit pour être vendues ou pour faire la promotion d’événements comme le grand nettoyage d’une cour d’école ou la journée de la terre.
Enfin, quand le temps est venu de dénicher des groupes locaux et une cause commune, il est fréquent que je collabore avec des organismes communautaires, comme la Audubon Society of Rhode Island et le Roger Williams Park Zoo. Pendant la saison estivale, je collectionne des samares d’érables en pensant à l’hélicoptère de Léonard de Vinci; j’essaie une teinture à base de verges d’or; ou bien je me renseigne sur l’existence d’un nouvel insecte. En fait, je sais que le mois de septembre approche à grands pas, et je tiens à avoir quelques outils supplémentaires en réserve pour nos sorties éducatives en plein air. C’est grâce à ces outils que mes élèves pourront profiter pleinement d’expériences concrètes, en apprendre sur les habitats et la capacité d’adaptation des animaux, étudier des dessins détaillés de vrais spécimens et réaliser des modèles pour illustrer l’art du camouflage et ainsi comprendre à quel point leurs efforts ont le pouvoir d’attirer l’attention sur des causes variées et comment leurs propres actions, comme planter des fleurs et s’abstenir de jeter des déchets dans l’environnement, contribuent à protéger les espèces. Tous à vos crayons, on a des pommes de pin sur la planche!
Melissa Guillet enseigne l’art interdisciplinaire aux élèves de la maternelle à la 5e année de l’école primaire A.M. Waddington de Riverside, au Rhode Island. Elle donne aussi un cours au sujet du programme de STEM à STEAM pour un musée, le Rhode Island Museum of Science and Art. Elle anime des ateliers et offre des conférences pour la Master Gardener Association, une association de jardiniers professionnels de l’Université du Rhode Island et administre le Central Rhode Island School Garden pour le programme des Desourdy School Gardens. Il est possible de communiquer avec elle par courriel à l’adresse suivante : melissaguillet27@gmail.com.
Nathalie H. Gagnon est diplômée au baccalauréat en traduction professionnelle de l’Université de Sherbrooke.
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