Le changement, une habitude à la fois

Par Heidi Paul
Traduit par Laurence Mailhiot
Combien de fois avons-nous entendu que « chaque geste compte »? Gandhi semblait être de cet avis : « Sois le changement que tu veux voir dans le monde. » Mais de façon réaliste, comment une seule personne peut-elle changer le cours des choses? Alors que notre planète compte plus de sept milliards d’habitants, un geste n’est-il pas rien de plus qu’une goutte d’eau dans l’océan?
Amener les élèves à reconnaître les liens entre leurs actions et les conséquences de celles-ci sur la planète et la société peut s’avérer une tâche monumentale, car il s’agit de leur demander un sacrifice individuel. L’activité Un geste pour l’environnement est une façon de motiver les élèves à s’engager pour un mode de vie plus durable. Elle consiste à demander aux élèves du secondaire de choisir une habitude qu’ils croient être en mesure de changer. Ils doivent ensuite faire une recherche sur l’effet notable qu’apportera l’application de ce geste à l’échelle de la collectivité et à long terme.
Apprentissage par l’expérience
Les élèves du secondaire participent davantage lorsque l’apprentissage est pratique et qu’il s’inscrit dans leur quotidien. En choisissant de modifier une habitude dont ils sont responsables et pour laquelle ils souhaitent voir un changement, les élèves sont plus enclins à se rendre jusqu’au bout de leurs démarches. Motiver un élève à changer une habitude l’encourage à mettre en application ce qu’il apprend sur le développement durable; il en résulte un retour positif tant pour l’élève que pour la société.
En invitant les élèves à changer une habitude de leur choix, ils apprennent de façon active plutôt que passive et prennent conscience de leur responsabilité au sein de leur communauté. Ils sont amenés à observer à la loupe leurs habitudes et à faire une auto-évaluation des points à améliorer. Ils prennent conscience des conséquences de leur consommation et des choix « faciles » sur les ressources.
Les étudiants comprennent que ce que l’on jette ne disparaît pas, la terre étant un système clos. Ils voient que même si l’on collecte les déchets et disposons des substances par nos égouts, ce que nous produisons ne disparaît pas, il est simplement déplacé. De nombreuses actions bien ancrées dans notre quotidien ne prennent pas en compte le long terme et privilégient les biens à utilisation unique. En étudiant les effets de notre consommation, les élèves sont incités à éliminer les biens jetables pour des options durables.
Intégration des stratégies comportementales, émotionnelles et cognitives
Pour que les activités sous la forme de projet soient efficaces, elles doivent mettre de l’avant des stratégies comportementales, émotionnelles et cognitives. Dans cette activité, la stratégie comportementale se présente dans la participation active dont les élèves doivent faire preuve. La stratégie émotionnelle entre en jeu lorsque les élèves démontrent leur motivation à changer une habitude pour le bien de la société. La stratégie cognitive se retrouve dans le calcul des coûts et du bénéfice associés au geste. Du même coup, les élèves font preuve de responsabilité envers le geste qu’ils proposent.
Respect des normes du Common Core
L’aspect participatif de cette activité adhère aux standards Common Core, car il intègre les mathématiques, les sciences humaines et les arts. C’est pourquoi cette activité fonctionne bien lors des derniers mois de l’année scolaire, lorsque la majorité des standards ont été vus en sciences de l’environnement. Les élèves auront la capacité de combiner plusieurs perspectives, ce qui constituera un bon point de départ. Selon notre expérience, les thèmes d’abord vus en classe et desquels les élèves se sont ensuite inspirés pour ce projet étaient le gaspillage, l’énergie, l’alimentation, l’eau, la pollution de l’air, la dynamique des écosystèmes et les cycles biogéochimiques.
Mathématiques
Les élèves recourent aux mathématiques pour calculer les retombées quotidiennes du geste écologique choisi. Les quantités à calculer par jour peuvent, par exemple, être le dioxyde de carbone qui n’est pas libéré dans l’atmosphère en prenant l’autobus plutôt que la voiture, ou le montant économisé en n’achetant plus de bouteilles d’eau en plastique. Les élèves sont aussi amenés à extrapoler les retombées par mois et par année. Puisque l’on cite souvent l’économie comme obstacle aux pratiques durables, connaître les données en chiffres qui en étayent la portée positive à long terme représente un facteur de motivation indéniable, particulièrement lorsque les données pointent vers une réduction des coûts.
Sciences humaines
Les élèves étudient les répercussions de leurs actions à l’échelle de la collectivité. L’habitude qu’ils s’engagent à changer peut concerner le marché du travail, la santé, les politiques ou la justice sociale. Les élèves déterminent et mesurent les coûts et les avantages sociaux et environnementaux associés à leur engagement. Ils évaluent comment la société influence leur comportement et l’effet de celui-ci sur les écosystèmes.
Arts visuels
Les élèves créent des œuvres en trois dimensions pour illustrer l’engagement qu’ils ont choisi, de même que leur recherche scientifique, leurs calculs mathématiques et les données sociales étudiées. L’œuvre est construite avec des matériaux recyclés trouvés à l’école ou à la maison. Cet élément kinesthésique offre à l’élève la liberté de l’art en tant qu’outil d’expression personnelle. Lorsque les œuvres sont affichées dans l’école, la communauté scolaire participe au projet en prenant connaissance des gestes durables que leurs camarades ont choisi de mettre en œuvre. Les œuvres peuvent inspirer les autres élèves à réduire eux aussi leur empreinte écologique. Les œuvres peuvent également être exposées dans les écoles primaires afin de transmettre dès le plus jeune âge une conscience écologique.
La réussite collective
Après l’exposition des œuvres et des engagements choisis, et lorsque les élèves ont commencé à passer de la parole au geste depuis au moins deux semaines, l’enseignant évalue avec la classe le résultat collectif des efforts, en calculant les retombées sur le plan environnemental, économique et sociétal. Une journée avec un repas dont les aliments sont issus d’une culture durable, biologique et locale et des activités spéciales, comme une course au trésor sur le thème du développement durable (présentée à la fin de cet article) ou une journée sans devoir, peuvent être organisées afin de souligner le succès collectif des élèves. Il est important de reconnaître les gestes durables et leurs résultats à grande échelle. Ces activités peuvent aussi avoir lieu de nouveau à la fin de l’année scolaire, afin d’encourager les élèves à prolonger leur engagement et à ne pas retourner en arrière.
En participant à l’activité Un geste pour l’environnement, les élèves sont témoins des retombées de leur investissement personnel, prenant ainsi conscience que lorsque mis ensemble, les gestes de chacun peuvent réellement changer les choses.

Plan de l’activité
Durée : Quatre séances de 45 minutes :
- Trois séances allouées à la recherche et à la création de l’affiche
- Une séance pour le suivi dix jours plus tard
Objectifs :
Dans le cadre de cette activité, l’élève sera amené à :
- Choisir un geste écologique et à faire une recherche à ce sujet;
- S’engager personnellement à modifier l’habitude associée au geste dans son quotidien;
- Quantifier les effets à court et long terme du geste choisi;
- Intégrer les facteurs environnementaux, économiques et sociaux et à expliquer comment ceux-ci se reflètent dans l’engagement pris;
- Acquérir une connaissance approfondie du comportement lié au geste;
- Construire une affiche en trois dimensions;
- Sensibiliser la communauté.
Préparation
Créez un document Google modifiable et partagez-le avec vos élèves. Celui-ci devrait présenter les objectifs quotidiens, un tableau à remplir par les élèves en classe, la Feuille de travail du projet et la Grille d’évaluation. Référez-vous aux extraits de la Feuille de travail et de la Grille d’évaluation dont les liens sont indiqués à la fin de l’article. Ce document est publié sur Google Classroom lors du premier jour de l’activité.
Déroulement
Jour 1 : En guise d’introduction, vous pouvez présenter diverses ressources :
- Site Web de la famille zéro déchet : www.famillezerodechet.com
- Trousse pédagogique sur le recyclage : www.in-terre-actif.com/trousse3/php/main.php
- Extrait ou bande-annonce du documentaire Demain, de Cyril Dion et Mélanie Laurent
- Application J’aime les patates produit par l’ONF et le site Web associé : www.jaimelespatates.onf.ca
- Changer le monde un geste à la fois sur le site Web d’Équiterre : https://www.equiterre.org/fr
Ces ressources, combinées aux notes et aux manuels des élèves, alimentent ensuite une séance de remue-méninges, laquelle permet de cerner les thèmes qui ont marqué les élèves. Invitez les élèves à écrire au tableau les thèmes pour lesquels, selon eux, des actions sont nécessaires.
À la fin du remue-méninges, distribuez la Feuille de travail du projet. Les élèves doivent la remplir et chercher des idées de projet qui les intéressent.
En devoir, demandez aux élèves de choisir un geste et de l’inscrire dans le document Google, de même que l’élément en lien avec ce geste qu’ils calculeront. Par exemple, si un élève choisit de réduire sa consommation de bouteilles d’eau jetables, les éléments en lien à calculer peuvent être :
- le volume de déchets qui ne va pas au dépotoir;
- le volume de pétrole qui n’est pas utilisé;
- le volume de dioxyde de carbone qui n’est pas émis par les usines de production;
- le volume d’eau qui n’a pas été utilisé dans la production des bouteilles; ou
- le volume de bouteilles qui n’ont pas eu à être recyclées (car avant le recyclage, il faut viser la réduction).
Plus d’un élève peut choisir le même geste, car plusieurs résultats à calculer peuvent y être associés. L’important est que chaque élève calcule un résultat différent.
Jour 2 : Présentez des exemples d’affiches en trois dimensions comme source d’inspiration. La séance est consacrée à la recherche individuelle sur les idées inscrites sur la feuille de travail.
En devoir, demandez aux élèves de rédiger le texte à imprimer pour leur affiche. Celui-ci doit inclure : les facteurs économiques, sociaux et environnementaux et le graphique des retombées du changement choisi. En vous référant aux exemples d’affiches, rappelez aux élèves que l’information doit être présentée en grand format et de façon colorée. Leur but est d’attirer l’attention des autres élèves afin de promouvoir un geste pour l’environnement. Ils peuvent imprimer leurs éléments d’information à l’école ou à la maison en s’assurant de le faire sur du papier recyclé. Finalement, demandez-leur de rassembler les matériaux dont ils auront besoin pour construire leur affiche en trois dimensions. Aucun produit neuf ne doit être acheté.
Jour 3 : Cette séance est consacrée à la création de l’affiche informative en trois dimensions. Le matériel nécessaire, tel que des fusils à colle chaude, des bâtons de colle, du papier de construction et des marqueurs, est mis à la disposition des élèves. Une fois les affiches terminées, elles peuvent être exposées. Dans notre cas, nous les avons affichées à la cafétéria dans le cadre de la Semaine de la Terre.
Jour 4 à 9 : À la fin de chaque journée, interrogez les élèves en ce qui a trait à la progression de leur engagement et discutez des défis et des réussites qu’ils vivent.
Jour 10 : Concluez l’activité et soulignez la réussite des élèves. Sur la moitié d’une feuille de papier recyclé, demandez à chaque élève d’inscrire s’il a respecté son engagement et de justifier sa réponse, sans écrire son nom. Ramassez les feuilles et redistribuez-les au hasard. Invitez chaque élève à lire à voix haute la feuille qu’il a reçue.
Écrivez les résultats positifs au tableau, puis calculez-les à l’échelle de la classe, afin de démontrer qu’ensemble, les élèves ont réduit leur empreinte écologique en seulement 10 jours.
À vos caméras! — Course au trésor
Consignes : En équipe de deux, vous devez photographier les éléments suivants sur le terrain de l’école. L’équipe ayant le plus grand nombre d’éléments photographiés en 20 minutes sera la gagnante. Remarque : Il est INTERDIT de se rendre dans un local déjà occupé.
- Pancarte de compost
- Pancarte de recyclage
- Tunnel de lumière
- Pancarte « Coupez le moteur »
- Support à vélo
- Sac à lunch réutilisable
- Bouteille d’eau réutilisable
- Pavé perméable
- Plante indigène
- Toit blanc
- Ampoule fluocompacte
- Tasse/serviette de table/ustensile compostable
- Classe vide dont les lumières sont éteintes
- Objet fait de matériaux recyclés
- Véhicule hybride ou à carburant de remplacement
- Contenants réutilisables pour le lunch
- Travail scolaire imprimé sur du papier recyclé/réutilisé
- Arrêt de bus
- Verre à faible émissivité
- Baril de récupération d’eau de pluie
Heidi Paul est enseignante à l’école secondaire Magnificat à Rocky River, en Ohio. Elle a élaboré cette activité dans le cadre de ses études supérieures pour le projet Dragonfly à l’Université de Miami à Oxford, en Ohio. Elle aimerait remercier son département d’avoir gentiment relu cet article et ses élèves de s’être investis dans ce projet.
Laurence Mailhiot est diplômée du baccalauréat en traduction professionnelle de l’Université de Sherbrooke.
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