Pièce de théâtre sur le réseau alimentaire des Grands Lacs

Par Marjane L. Baker
Traduit par Catherine Gill
Niveaux : 4e et 5e années
Matières : les sciences, la langue et l’art dramatique
Concepts clés : les réseaux alimentaires en eau douce, les niveaux trophiques et les espèces envahissantes
Compétences : la recherche, l’identification et la représentation d’espèces aquatiques en eau douce, l’interprétation d’une pièce de théâtre, la projection de la voix, la résolution de problèmes
Lieu : en classe
Durée : 1 à 2 heures en classe et 30 minutes à la maison
Matériel requis : le script (1 par élève), du papier à dessin, du papier de bricolage, un carton pour affiche, une liste de vocabulaire (facultative)
Les Grands Lacs forment le plus grand bassin d’eau douce au monde et accueillent un vaste éventail d’organismes. Cette communauté de plantes et d’animaux, de l’algue Spirogyra en forme de spirale complexe au chabot aux yeux exorbités, en passant par les colonies de goélands, survit grâce aux interactions et à l’interdépendance des organismes qui forment un réseau dynamique. Comme partout ailleurs, le grand jeu de la survie dans ce monde sous-marin repose sur trois éléments : se reproduire, manger et éviter d’être mangé. Au cours de 200 dernières années, les humains ont grandement influencé la santé de l’écosystème des Grands Lacs. Près de 32 millions de ces humains habitent présentement sur la ligne de partage des eaux des lacs et autour de celle-ci, et sur 16 000 kilomètres (10 000 miles) de leur côte. La surpêche, la destruction d’habitats, la pollution et l’introduction d’espèces exotiques, telles l’abondante moule zébrée et la lamproie prédatrice, ont fragilisé l’équilibre naturel des organismes et des niveaux trophiques des Grands Lacs.
Présenter ce système complexe à des élèves exige une méthode d’enseignement captivante; c’est pourquoi nous avons pensé à cette émission spéciale sur le réseau alimentaire des Grands Lacs. Il s’agit d’un scénario à lire à voix haute qui présente aux jeunes certains des plus importants organismes retrouvés dans la Grands Lacs ainsi que les cinq niveaux trophiques qui les catégorisent dans le réseau alimentaire. Cette pièce de théâtre représente une façon amusante d’aborder les noms scientifiques, les caractéristiques physiques et les habitudes alimentaires de ces créatures, sans oublier leurs nombreuses interactions et leur interdépendance. La pièce pourra ensuite servir de point de départ pour une discussion portant sur le concept des réseaux alimentaires et sur les défis environnementaux posés par l’interférence des humains dans des systèmes naturels tels que les Grands Lacs. Si vous n’habitez pas près des Grands Lacs, vous pouvez étudier la chaîne alimentaire d’un différent écosystème et créer une pièce de théâtre semblable, mais qui s’inspire des organismes locaux.
Présentation du réseau alimentaire des Grands Lacs
Une recherche effectuée au préalable aidera les élèves à comprendre les concepts de niveau trophique et de réseau alimentaire, ainsi que les rôles des organismes du réseau alimentaire des Grands Lacs présentés (ou des organismes provenant de tout autre écosystème abordé dans la pièce de théâtre). Afin de motiver les troupes, apportez en classe un échantillon d’eau douce provenant d’un lac ou d’une rivière à proximité. Les élèves pourront ainsi identifier certains des organismes qu’ils personnifieront dans la pièce. (Le niveau d’enthousiasme de mes élèves a augmenté de 100 % après avoir vu une daphnie bouger!) Chaque jeune pourra étudier l’organisme qu’il ou elle jouera dans la pièce de théâtre et ainsi répondre à des questions fondamentales, telles que : Que mange cet organisme? Par quoi se fait-il manger à son tour? À quoi ressemble-t-il?? Dans quelle partie du bassin-versant le trouveriez-vous? Comment se déplace-t-il? Quel est son rôle dans le réseau alimentaire? À partir de ces informations, un élève pourrait réviser son scénario ou y ajouter des détails.
Pour se familiariser avec les différents groupes d’organismes, les élèves peuvent consulter les définitions des termes « algue », « bactérie », « mycète », « crustacé » et « protozoaire ». D’autres termes de vocabulaire qui feront partie de la pièce sont « trophique », « organisme », « chlorophylle », « diatomée », « microscopique », « omnivore », « producteur », « consommateur », « décomposeur », « parasite » et « espèce exotique ». Les jeunes pourraient créer un tableau comprenant ces termes et leurs définitions ou encore, un petit groupe d’élèves pourrait présenter ces termes à intervalles réguliers, comme capsules éducatives, pendant la pièce de théâtre.

Émission spéciale sur le réseau alimentaire des Grands Lacs
Préparation :
1. Distribuez des exemplaires du scénario (la deuxième moitié de cet article) aux élèves et assignez un rôle à chacun d’entre eux. La pièce comporte 30 rôles, le présentateur y compris. Plusieurs organismes, tels que le nostoc, les moules et la larve de moucheron, peuvent être joués par plus d’un élève, ce qui permet d’adapter la pièce à toute taille de groupe.
2. Expliquez aux jeunes qu’ils doivent lire leurs répliques à voix haute, mais qu’ils n’ont pas à les mémoriser. Encouragez-les à apporter leur scénario à la maison un soir pour s’exercer à le lire à haute voix. Il se peut que vous deviez les aider avec la prononciation des noms et d’autres termes, mais rassurez-les en leur disant qu’ils n’ont pas à avoir peur de faire une erreur pendant la pièce, car même les adultes peinent à prononcer des termes scientifiques.
3. Demandez aux élèves de coller une image de leur organisme, accompagnée d’une courte description, sur du papier de bricolage. Il est possible d’agrandir l’image à l’aide d’un photocopieur, ou de faire dessiner l’organisme par le jeune. Ces images sont transportées par les jeunes pendant la pièce, puis utilisées afin de compléter le tableau du réseau alimentaire, une fois la représentation terminée.
DISTRIBUTION DES PERSONNAGES
Présentateur
Niveau trophique 1
Anaboena
Asterionella
Fragilaria
Navicula
Nostoc
Oscillatoria
Spirogyra
Niveau trophique 2
Amphipode
Bosmina
Cyclope
Daphnie
Nymphe d’éphémère
Larve de moucheron
Protozoaire
Têtard
Niveau trophique 3
Gaspareau
Écrevisse
Dytique
Nymphe de libellule
Moule
Chabot
Moule zébrée
Niveau trophique 4
Touladi
Doré jaune
Serpent d’eau
Niveau trophique 5
Héron
Goéland argenté
Humain
Lamproie

Scène : Un plateau de télévision aménagé pour une entrevue. Le présentateur est habillé de façon décontractée. Chaque organisme entre sur le plateau en transportant une image agrandie de lui-même, accompagnée d’une courte description.
Présentateur : Mesdames et messieurs, nous ferons ce soir la connaissance d’organismes des Grands Lacs. Certains affirment que ces organismes sont dans une situation difficile et nous avons pensé qu’en les rencontrant, nous pourrions les aider à régler certains de leurs problèmes.
Le premier groupe à qui nous parlerons inclut les plus petits organismes, mais les plus nombreux. Ce groupe s’appelle aussi niveau trophique 1. Les créatures qui en font partie vivent dans le bassin-versant des Grands Lacs et sont mangées par les organismes du niveau trophique 2. En passant, le terme « trophique » réfère à la nutrition. Les organismes du niveau trophique 1 sont mangés par ceux du niveau 2, ceux du niveau 2 sont mangés par ceux du niveau 3 et ainsi de suite. [Il s’interrompt lorsque Navicula entre, à bout de souffle.] Et qui avons-nous là?
Navicula : Je suis Navicula, un organisme unicellulaire du niveau trophique 1. Je vous ai entendu parler de mon niveau alors je me suis empressée de venir sur le plateau. Regardez ma forme. Certains disent que j’ai la forme d’un bateau. Je suis en fait une algue, un peu comme une algue marine. Je vis sur la boue et sur la surface d’objets dans l’eau. [Fièrement.] Avez-vous remarqué ma belle couleur verte?
Présentateur : Oui, bien sûr. Quelle fabuleuse teinte de vert. Dites-nous-en un peu plus sur vous.
Navicula : Ma carapace externe est dure et composée de silice, un minéral dur et lustré. Dans mon unique cellule, j’utilise mes pigments verts pour capturer la lumière du soleil et la transformer en nutriments. Je parie que vous avez déjà entendu parler de la chlorophylle.
Présentateur : Oui, la chlorophylle est le composant vert des plantes. Vous dites appartenir au niveau trophique 1, mais faites-vous partie d’un autre groupe?
Navicula : Je suis fière de dire que j’appartiens aussi au groupe des diatomées. Les membres de ce groupe sont tous des algues, de minuscules plantes unicellulaires. J’aimerais vous présenter mes amis. Nous sommes très petits, alors regardez attentivement. [Le reste du niveau trophique 1 entre.] Salut, Fragilaria. [Elle s’adresse au présentateur.] Elle est mon amie.
Fragilaria : Je m’appelle Fragilaria et je fais partie du même groupe de diatomées que Navicula. Ce qui me différencie d’elle, c’est que je vis en colonie. En d’autres mots, les organismes comme moi sont toujours en groupes de deux ou plus. Si vous me regardez à travers un microscope, vous verrez que je ressemble à une pellicule de film. Je suis une cellule rectangulaire et, lorsque mon groupe se met l’un à la suite de l’autre, nous formons une chaîne plate.
Présentateur : Ravi de vous connaître, Fragilaria. L’invitée de notre prochain groupe d’organismes du niveau 1 s’appelle Spirogyra. Parlez-nous de vous.
Spirogyra : Lorsque vous voyez une masse filamenteuse ayant l’air de cheveux verts et gluants flottant à la surface de l’eau, il s’agit de moi et de mon groupe! Sous une loupe, je semble contenir une bande verte qui rappelle les bulles sortant d’une source d’eau. Chacune de ces bandes en forme de spirale produit du sucre. Mon nom provient en fait de ces spirales.
Présentateur : Je comprends. Vous avez l’air d’une spirale, Spirogyra. Estimez-vous chanceuse que je n’aie pas la dent sucrée! Oh, voici Oscillatoria. Racontez-nous quelque chose à votre sujet. J’adore votre nom.
Oscillatoria : Vous aimez mon nom et les autres aiment ma couleur. Je suis bleu-vert et, en grandissant, je deviens une bactérie semblable à une masse de cheveux emmêlés et gluants à la surface de l’eau ou sur le sol mouillé. Je ressemble à un ver et certains disent que je suis comme une danseuse de hula, car je me déplace avec un mouvement d’ondulation régulier.
Présentateur : Montrez-nous un peu cette danse. [Oscillatoria danse le hula.]
Asterionella : [Elle les interrompt.] Hé, présentateur, regardez par ici. Je croyais que mon tour n’arriverait jamais. C’est moi la star, ici, admirez ma forme en étoile! Je suis une très mince diatomée en forme d’étoile et je flotte un peu partout. Vous savez, quand vous sentez une odeur de poisson près d’un lac? Eh bien, cette odeur n’est probablement pas causée par les poissons, mais par mon groupe et moi. Rappelez-vous de moi comme étant la diatomée en forme d’étoile qu’on sent de loin!
Présentateur : Je croyais bien sentir une drôle d’odeur. Regardez, voici un autre organisme bleu-vert.

Nostoc : Oui, monsieur! Je suis Nostoc, une bactérie bleu-vert. Les organismes comme moi forment des colonies ou des groupes et nous sommes recouverts d’une sorte de gelée.
Anaboena : Hé, ne m’oubliez pas. Je suis Anaboena. Je suis une autre sorte de bactérie bleu-vert en forme de cheveux; c’est un autre nom pour les algues bleu-vert. Je ressemble à un collier de perle. Je produis du sucre tout en flottant avec le reste de mon groupe.
Présentateur : Vos amis et vous devez être à croquer. Est-ce tout pour le niveau trophique 1?
Anaboena : Je crois que oui. N’oubliez pas : les organismes du niveau 1 sont peut-être petits, mais ils sont très importants.
Présentateur : Je crois que vous devriez fuir, car les organismes du niveau trophique 2 arrivent. Et vous savez ce qu’ils voudront faire en vous voyant.
Tous les organismes du niveau trophique 1 : Vite, partons d’ici. Les organismes du niveau 2 aiment se régaler de nous. À plus tard. [Ils quittent précipitamment le plateau.]
Présentateur : [Il continue à leur parler alors qu’ils quittent le plateau.] Oui, mais vous avez besoin les uns des autres. Si vous ne serviez pas de repas aux organismes du niveau 2, vous deviendriez trop nombreux et finiriez probablement par manquer de nourriture. Bref, allons dire bonjour aux organismes du niveau trophique 2 du réseau alimentaire des Grands Lacs.
Amphipode : [Il affiche un air affamé.] Je suis désolé qu’ils soient partis aussi vite. Bonjour, je m’appelle Amphipode et j’aimerais vous présenter mes amis du niveau trophique 2. Je suis un crustacé, ce qui signifie que j’ai une carapace externe dure, et je ressemble à une crevette. Je marche et je nage parmi les algues des lacs, que j’adore manger. J’avais très faim en arrivant ici. Ça sentait drôlement bon. [Il se frotte le ventre.] Les organismes comme moi sont très nombreux, même si nous sommes de si petites créatures. Il est possible de trouver plus de 10 000 amphipodes dans un mètre carré d’eau. Je ne me sens jamais seul.
Présentateur : Wow! Je ne savais pas que vous pouviez être 10 000 dans un mètre carré d’eau, c’est génial! Vous ne craignez pas la surpopulation? [Il remarque soudainement Daphnie.] Quel drôle d’organisme. Je vois à l’intérieur de votre estomac, vous êtes transparente. Qui êtes-vous?
Daphnie : Je suis Daphnie, une puce d’eau et fière de l’être. Je fais partie des crustacés les plus répandus en eau douce. Les crustacés sont ces créatures à carapace dure, vous savez? Les organismes comme moi mangent des algues planctoniques, des bactéries et des protozoaires. Bien sûr, ces organismes sont si microscopiques que vous ne les voyez pas toujours, mais lorsque vous parvenez à en attraper en grande quantité, ils sont délicieux! Évidemment, nous devons aussi nous sauver de nos ennemis les insectes, les poissons, les protozoaires et même les plantes carnivores. J’espère que vous savez que les plantes carnivores mangent de la viande. Et avez-vous compris que nous mangeons des protozoaires, tout comme les protozoaires nous mangent? C’est un détail intéressant, pas vrai?
Présentateur : Vous êtes d’intéressantes créatures. Au lieu d’être un prédateur qui pourchasse une proie, c’est la guerre entre vous. Comment vous déplacez-vous?
Daphnie : Nous nageons en bougeant notre deuxième paire d’antennes, qui est très grande. Soyez vigilant si vous voulez nous voir. J’aimerais maintenant vous présenter ma cousine, Bosmina.
Bosmina : Bonjour, je m’appelle Bosmina. Je suis une autre puce d’eau, de la même famille que Daphnie. Regardez comment nous sommes différentes, mais tout de même semblables. Nous avons la même forme et nous mangeons la même chose.
Présentateur : [Il se tourne vers Nymphe d’éphémère.] Vous m’intriguez.
Nymphe d’éphémère : Je me présente : je suis Nymphe d’éphémère. Je marche et je nage parmi les algues, dont je me nourris. Sur mon abdomen, j’ai sept paires de branchies en forme de feuilles. L’extrémité de mon corps s’allonge en trois longs filaments. Je parais bien, ne trouvez-vous pas?
Têtard : [Il l’interrompt.] Salut, je m’appelle Têtard et je suis la forme initiale d’une grenouille. Les têtards sont des grenouilles au stade de larve. Combien d’entre vous ont déjà attrapé mes frères et sœurs et essayé de les domestiquer? Lorsque nous sortons de l’œuf, nous avons des branchies et une queue, mais pas de pattes. En grandissant, nous passons d’une alimentation à base d’algues à une alimentation à base de viande. Ensuite, nos branchies disparaissent, nos pattes poussent et nous avons enfin l’air d’une grenouille.
Présentateur : Ho! Ho! Je me souviens avoir attrapé plusieurs têtards dans ma jeunesse. Ce n’était pas très brillant comme jeu, pas vrai? Les humains font partie du réseau alimentaire, bien sûr, mais vous attraper simplement pour le plaisir, sans vous manger, c’est différent. [Il regarde Cyclope.] Hé, qui êtes-vous?

Cyclope : Je pensais que vous ne le demanderiez jamais. Je suis Cyclope. Je m’appelle ainsi parce que j’ai un unique œil rouge situé sur le dessus de ma carapace. Celle-ci ressemble à un casque, et deux antennes aux poils raides en sortent. Regardez comment mon corps s’amincit vers mon abdomen pour se terminer en poils raides. Les femelles de mon groupe d’organismes transportent des œufs dans des sacs situés chaque côté de leur abdomen. Nous sommes impressionnants à voir. Maintenant, laissez-moi vous présenter Larve de moucheron. Vous la verrez facilement grâce à sa couleur rouge vif.
Larve de moucheron : Oh! Oui! Ne suis-je pas magnifique? J’ai une substance comme l’hémoglobine dans mon sang, c’est ce qui me rend rouge vif. Les organismes comme moi sont très importants, car nous mangeons les déchets au fond des lacs. Pendant la première moitié de notre vie, nous vivons dans l’eau. Ensuite, nous nous transformons en moucherons comme ceux que vous voyez voler près des lumières le soir. Vous devez avoir vu un bon nombre d’entre nous voler près de votre maison!
Présentateur : Oui. Les gens pensent souvent que vous êtes nuisibles, mais il ne faut pas oublier vos avantages. Et qui avons-nous là? Vous êtes minuscule. Les organismes comme vous doivent être les nains des lacs!
Protozoaire : J’imagine que vous avez raison. Je m’appelle Protozoaire et je suis un organisme unicellulaire. Les professeurs de biologie aiment bien me regarder au microscope. Je mange des bactéries et des organismes plus petits que moi. Je me déplace grâce à mes filaments, ma queue et mes fausses pattes. Je voudrais vous présenter deux autres groupes d’organismes très intéressants du niveau 2. Le premier est celui des moules.
Moule : Je suis heureuse comme un poisson dans l’eau lorsque je profite de la vie au fond des Grands Lacs. Les moules sont très nombreuses et toujours occupées. Nous avons un tout nouveau membre dans notre famille et qui fait sans cesse les manchettes : il s’agit de la moule zébrée. La voici.
Moule zébrée : Je suis une sorte de créature exotique. Vous savez, les moules zébrées ne sont pas originaires des Grands Lacs; nous venons d’un territoire lointain. Nous avons voyagé jusqu’ici en nous accrochant en dessous de bateaux qui ont ensuite navigué sur la Voie maritime du Saint-Laurent. Nous aimons nous attacher aux rochers, aux bateaux, aux tuyaux d’égout et à toutes sortes d’autres choses. À cause de cela, les médias disent que nous causons plusieurs problèmes, mais certains m’aiment bien parce que je rends l’eau claire. Il y a beaucoup de nourriture, ici, et personne ne veut nous manger alors nous sommes très nombreuses, et même trop nombreuses, ces derniers temps. Nous surpeuplons les Grands Lacs.
Présentateur : Oui, vous êtes certainement un problème pour les humains. Cela semble être tout pour les organismes du niveau trophique 2. N’oubliez pas que le niveau comporte bien plus d’organismes que ceux présents ici. [Les organismes du niveau trophique 2 quittent précipitamment le plateau.] Voici maintenant le niveau trophique 3. Seulement cinq des organismes de ce groupe sont parmi nous. Commençons avec le plus petit et nous terminerons avec le plus gros. Bonjour, Chabot, vous semblez sortir tout droit d’un grand film.
Chabot : On me le dit souvent. C’est probablement à cause de ma grande bouche et de mes yeux situés sur le haut de ma tête épineuse. L’un des avantages d’être un chabot est que plusieurs me pensent non comestible à cause de mon apparence hideuse. Ça me sauve souvent la vie. Je ne suis vraiment qu’un petit poisson. En parlant de poisson, laissez-moi vous présenter Gaspareau. Ne vous méprenez pas : il n’a pas de gaz et il n’est pas une soupe froide.
Présentateur : C’est compris, merci.
Gaspareau : Salut, je suis Gaspareau, un petit poisson avec un lustre bleu ou bleu-vert sur le dos. Ma bouche tournée vers le haut m’est utile pour me nourrir à la surface de l’eau. Les gens m’appellent parfois alose d’été, faux-hareng, ou alose faux hareng. Avez-vous déjà entendu ces noms?
Présentateur : Non, jamais. [Il remarque l’écrevisse.] Hé, mais je vous reconnais, vous êtes une écrevisse. Lorsque j’étais à La Nouvelle-Orléans, j’ai mangé des tonnes de plats d’écrevisses.
Écrevisse : Ne soyez pas si grossier! Les gens en Louisiane aiment peut-être nous manger, mais nous sommes des créatures très utiles dans les Grands Lacs. Je vis au fond des lacs et je m’assure que certains organismes ne deviennent pas trop nombreux. Vous comprenez comment j’accomplis ce travail, pas vrai? Ils sont un vrai délice.
Nymphe de libellule : Hé, ne m’oubliez pas. Je m’appelle Nymphe de libellule. Je marche parmi les algues semblables à des cheveux à la recherche de proies, que j’attrape grâce à mon grand palpe labial situé sous ma tête. Il fonctionne comme une sorte de cuillère. N’aimeriez-vous pas en avoir un, vous aussi? Mes branchies se trouvent à l’intérieur de mon rectum; je peux donc respirer sous l’eau. C’est étrange mais utile, non?

Présentateur : Passons maintenant à la dernière créature du niveau trophique 3. Quel est votre nom?
Dytique : Je m’appelle Dytique. Je plonge et je nage rapidement. Je suis un redoutable prédateur. Je vous fais peur, pas vrai? Vous savez comment sont les prédateurs : ils aiment tout piller et saccager, alors ils ne sont pas très populaires. Pour ma part, je mange des petits poissons, des têtards et d’autres petits organismes.
Présentateur : Vous êtes vraiment un groupe intéressant. [Les créatures du niveau trophique 3 quittent le plateau.] Nous allons maintenant rencontrer trois représentants du niveau trophique 4 : Doré jaune, Touladi et Serpent d’eau. Commençons par parler à ce dernier, puisque je n’ai jamais rencontré de serpent d’eau. Comment salue-t-on un serpent? Allons-y avec « bonjour ».
Serpent d’eau : Bonjour, je m’appelle Serpent d’eau. Je suis un reptile inoffensif semi-aquatique. Cela signifie que je passe la moitié de ma vie dans l’eau, et l’autre sur la terre. Puisque je nage et ondule dans ces deux environnements, je peux manger des têtards, des grenouilles, des salamandres et certains poissons. Vous savez, je peux devenir aussi long que 2 mètres (6,5 pieds). Mais je dois rester vigilant, car les oiseaux de proie et certains mammifères, comme le blaireau, peuvent me manger. Manger ou être mangé, telle est la question.
Présentateur : J’ai une nouvelle opinion des serpents grâce à vous. Je ne vous savais pas si poétiques. Allons maintenant voir Doré jaune.
Doré jaune : J’ai de grands yeux vitreux de chaque côté de ma tête et une nageoire épineuse sur mon dos. Je suis d’une couleur doré cuivré, à l’exception de mon ventre, qui est d’un blanc laiteux. Les dorés jaunes femelles peuvent être très longues, soit jusqu’à 1,3 mètre (50 pouces) de long.
Touladi : Bonjour, je m’appelle Touladi. Ma queue est fourchue et j’ai des taches foncées, mais mon corps est d’une couleur vive. Je peux atteindre une longueur de 45 à 50 centimètres (de 17 à 20 pouces). Les humains me trouvent exceptionnellement délicieux poêlé dans le beurre. Je dois donc toujours prendre garde aux hameçons dans l’eau.
Présentateur : Merci beaucoup. [Les créatures du niveau trophique 4 quittent le plateau.] Poursuivons avec le niveau trophique 5, duquel les humains font partie. Commençons par Lamproie.
Lamproie : Bonjour, je m’appelle Lamproie. Je suis un poisson sans mâchoire qui se nourrit des fluides d’autres poissons. Je suis d’une couleur brun marbré qui me permet de me camoufler. Je peux mesurer jusqu’à 60 centimètres (2 pieds). Ma bouche ronde avec laquelle je peux sucer est remplie de longues dents dont je me sers pour m’accrocher au poisson que je mange. Il se peut que, lorsque vous pêchez, vous trouviez une créature de mon espèce accrochée à votre prise. On dit de nous que nous sommes des parasites. Tout comme les moules zébrées, mon espèce n’est pas originaire des Grands Lacs. Nous venons également de très loin et sommes arrivés ici grâce à de gros bateaux. Il semblerait que les humains tentent de se débarrasser de nous, mais nous résistons.
Héron : Je suis Héron, un oiseau bleu-gris. Vous m’avez peut-être déjà vu me tenir immobile dans les eaux peu profondes. C’est parce que j’attends que ma proie passe près de moi. J’ai de longues pattes minces me permettant de positionner mon corps au-dessus de l’eau. La huppe sur le dessus de ma tête ressemble à une couronne. J’aime travailler seul; il est rare de voir les hérons se tenir en groupes. Les hérons ne sont pas très sociables, sauf pendant la saison de reproduction, où nous pouvons être très bruyants, nichés dans les arbres.
Goéland argenté : Contrairement aux hérons, mon espèce, les goélands argentés, aime se regrouper. Nous sommes des oiseaux bruyants et mesurons 60 centimètres (2 pieds) de long. Nous avons des ailes grises aux extrémités noires, un bec jaune avec un point rouge sur sa partie inférieure et des pattes roses. Nous mangeons presque tout ce que nous trouvons, alors vous pouvez dire que nous ne sommes pas difficiles. Nous parcourons les plages et suivons les bateaux de pêche à la recherche de restants. Dans les champs, nous suivons même les charrues dans l’espoir de trouver des insectes. Vous avez probablement déjà nourri l’un d’entre nous pendant un pique-nique. Malheureusement, notre vie devient de plus en plus difficile. Certaines de nos femelles pondent des œufs dont la coquille est molle et, parfois, les oisillons qui éclosent ont le bec déformé, et ce, à cause des polluants dans l’eau.
Présentateur : Comment des polluants se sont-ils retrouvés dans l’eau? Nous devons réfléchir à ce problème. Si ces polluants sont nocifs pour ces organismes, ils le sont probablement pour d’autres aussi.
Humain : Je crois que les humains sont la cause de ces polluants. Les hommes sont des bipèdes, ils ont donc deux pieds pour se déplacer où ils le désirent, mais ils ne s’en satisfont pas! Nous ne sortons pas d’œufs et ne sommes pas couverts de plumes, de fourrure ou d’écailles, mais bien de poils. Puisque nous sommes des mammifères, nos bébés naissent directement dans le monde. Nous sommes omnivores, c’est-à-dire que nous mangeons des végétaux ainsi que des animaux. Notre comportement a des conséquences importantes pour le monde que nous partageons avec les autres créatures. Nous avons cependant un gros cerveau, proportionnel à la grosseur de notre corps; il faudrait donc s’en servir pour penser davantage à nos actions qui sont dangereuses pour notre environnement et pour déterminer comment améliorer la situation.

Présentateur : Vous avez raison. Nous avons eu la rare chance aujourd’hui de nous entretenir avec des organismes des cinq niveaux trophiques. Ces organismes ont tous besoin de survivre dans le bassin-versant des Grands Lacs. Pourraient-ils tous revenir sur le plateau? [Tous les organismes reviennent, certains à contrecœur. Chacun présente son image à la foule.]
Merci. Essayons de reproduire ce qui se passe afin de mieux comprendre. Je demanderais aux créatures du niveau trophique 1 de se placer en ligne droite. J’aimerais maintenant que les organismes du niveau trophique 2 se tiennent juste derrière eux et touchent les organismes qu’ils mangent. On ne fait que toucher, on ne goûte pas! Organismes du niveau trophique 3, veuillez avancer et toucher une créature que vous mangez. C’est ensuite au tour des niveaux 4 et 5. Veuillez faire la même chose.
Maintenant, j’aimerais que chaque organisme que personne ne touche salue la foule. [Lamproie, Moule zébrée et Humain saluent la foule.] C’est exact, personne ne mange la lamproie, la moule zébrée et l’humain. Nous savons déjà que ces trois créatures ont la réputation de créer des problèmes dans le bassin-versant des Grands Lacs. J’inviterais tout le monde à s’asseoir et à discuter de ces problèmes. Nous pourrons peut-être trouver des solutions.
Conclusion : Suite à la discussion, les élèves devraient conclure que le surpeuplement des Grands Lacs causé par les lamproies et les moules zébrées est un problème. Les solutions qu’ils proposeront alors pour remédier à la situation risquent d’être intéressantes, par exemple : utiliser des produits chimiques ou introduire un autre groupe d’organismes qui mangeraient les lamproies. Parlez des problèmes liés à chacune de ces solutions, puis discutez des résultats possibles qu’elles auraient dans les Grands Lacs et de ce qu’elles impliqueraient.
Les élèves pourraient également créer un tableau intitulé « Le réseau alimentaire des Grands Lacs » (voir l’exemple à la première page) en collant ou en épinglant le nom et l’image de leur organisme dans le bon niveau trophique.
Activité d’évaluation (facultative) : Demandez aux élèves d’expliquer les points suivants à l’aide des informations acquises grâce à la pièce de théâtre et à d’autres cours sur le sujet :
- Nos actions d’aujourd’hui ont un impact sur notre avenir.
- Il est important de se renseigner sur le réseau alimentaire des Grands Lacs.
Marjane L. Baker enseigne à l’école primaire Tonda Elementary School dans l’arrondissement scolaire Plymouth-Canton, dans le Michigan, et est consultante pour la Michigan Geographic Alliance.
Catherine Gill est étudiante de 3e année en traduction professionnelle à l’Université de Sherbrooke.
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