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Silence, on tourne!

Par Emily M. Stone

Traduit par Maude Dessureault

« Silence, on tourne! » Une fois le signal lancé, une élève de première année affublée d’une cape jaune apparaît, jette ses bras en l’air et lance : « Tout le monde debout! » À ses côtés, un élève tout en vert pour imiter l’algue s’élève lentement et toute la classe chante en cœur : « Photosynthèse, photosynthèse, photosynthèse. » L’escargot d’eau se faufile alors parmi les élèves, faisant semblant de râper la plante à l’aide de sa radula en s’exclamant : « Miam miam miam! » Son repas est toutefois coupé à court, puisque la nymphe de libellule entre en scène à toute vitesse et sort sa mâchoire à commande hydraulique en s’exclamant : « Je te tiens! » 

À ce moment-ci de la présentation, l’assistance glousse, mais demeure concentrée, anticipant le prochain drame. Ils l’ont vu auparavant, ils savent ce qui les attend. Le parcours de l’insecte le place directement en ligne de mire d’un crapet arlequin affamé, qui répond à son tour avec une attaque amusante en s’exclamant : « Glouglou! » Rassasié, il continue son chemin, mais la chance ne lui sourit plus. Un grand héron rôdant dans les environs, muni de son bec en pinces de cuisine, s’exclame : « Miam! »  Après sa collation, le héron s’écroule au sol, victime de la vieillesse. Les écrevisses se précipitent sur l’oiseau en s’exclamant « Miam, des trucs morts! », provoquant le rire des spectateurs. Pour terminer, quatre vers aquatiques sortent de la première rangée et rampent jusqu’au festin en chantant : « Décomposition, décomposition, décomposition. » La salle éclate en applaudissements et les acteurs saluent le public. 

Des sketchs progressifs comme celui-ci, dirigés par les enseignants, sont une façon rapide et stimulante d’illustrer les chaînes alimentaires aux élèves de six ans et plus (même les adultes y prennent part avec plaisir). Cette activité permet un bel équilibre entre la direction de l’enseignant et la créativité des élèves, et utilise la répétition et l’humour pour faciliter l’apprentissage. Elle peut être adaptée pour d’autres niveaux scolaires ou même pour des groupes mixtes en modifiant le niveau de vocabulaire et de complexité. Selon le nombre de directives fourni, l’activité peut durer de 15 à 45 minutes, 30 minutes étant la moyenne. Pour les élèves de la maternelle, je recherche la simplicité. Avec ceux du primaire et du secondaire, je présente le vocabulaire important. Avec les groupes d’âge mélangés, j’inclus du vocabulaire approprié aux plus âgés tout en m’assurant d’inclure des explications simples. Lorsqu’on travaille avec des élèves du secondaire ou des adultes, les sketchs peuvent être une façon amusante d’introduire des concepts plus complexes comme le flux énergétique, la pyramide écologique et les détails liés à l’écosystème dans votre région. 

Ce qui est formidable avec cette formule, c’est qu’on peut facilement l’adapter au sujet enseigné (les chaînes alimentaires en forêt, dans les marées, dans les toundras ou dans les étangs). Vous pouvez même utiliser les sketchs pour enseigner les cycles de la vie, les comportements saisonniers et pratiquement n’importe quoi d’autre. Une fois que vous avez compris le processus et possédez les informations de base, mettre au point un sketch sur les écosystèmes ne prend que quelques minutes. 

Pour vous préparer à créer votre sketch, réfléchissez d’abord aux termes et aux concepts que vous souhaitez enseigner. Utilisez les normes scientifiques de votre province ou de votre État (ou le NGSS) pour vous guider. Selon l’âge de vos acteurs, vous pourrez opter pour un vocabulaire complexe (soleil, herbivore, omnivore, carnivore, charognard, décomposeur) ou simple (producteur, consommateur, décomposeur). Pour les plus jeunes, vous pouvez n’enseigner que « prédateur » et « proie ». Ensuite, faites vos recherches sur l’écosystème pertinent et décidez de quels organismes vous aimeriez parler, puis trouvez un accessoire pour chaque maillon de la chaîne alimentaire. Visez la simplicité : une simple retaille de tissu, un bandeau avec des oreilles ou une peluche peut fonctionner. Si vous vous sentez capable de gérer un peu de chaos, vous pouvez laisser les élèves suggérer des organismes lors de la préparation du sketch. C’est tout! Vous êtes prêt à commencer! 

En tant que naturaliste lors de diverses situations d’apprentissage non formelles, j’utilise souvent ce sketch au début d’une sortie pour présenter le thème. Je l’ai utilisé lors de randonnées en forêt pour présenter le système écologique de la région, et aussi avec de futurs enseignants informels. 

L’activité débute avec les élèves assis en groupe sur le sol et suffisamment d’espace à l’avant pour la « scène ». Donnez une brève introduction sur le sujet du jour et sur le fait qu’ils se présenteront des sketchs les uns aux autres, puis trouvez un volontaire avec beaucoup d’énergie qui voudra être la vedette du spectacle. Au fur et à mesure que vous choisissez des volontaires, cherchez des élèves dont les vêtements fonctionnent avec le personnage (par exemple, un chandail jaune pour jouer le soleil), et essayez d’alterner garçons et filles. 

Vous pouvez donner des indices et faire deviner aux élèves l’identité de chaque personnage ou vous pouvez simplement les dévoiler afin de gagner du temps. Je passe généralement une minute ou deux à expliquer que le Soleil fournit presque toute l’énergie nécessaire à la vie sur Terre et j’inscris souvent « Soleil » dans le haut d’un tableau blanc. Avec l’actrice jouant le rôle du Soleil à mes côtés, à l’avant, nous révisons le texte et les interventions de son personnage. Je me retire ensuite de la « scène », étends mes bras comme s’ils étaient le clapet noir et blanc utilisé dans les films et dis : « Silence, on tourne! », en refermant mes bras. Le Soleil se lève, brille et nous applaudissons. Je passe ensuite au personnage suivant. 

Pour chaque nouvelle scène : 

  • choisissez un volontaire;
  • discutez de l’organisme et du rôle qu’il joue dans la chaîne alimentaire; 
  • écrivez le vocabulaire au tableau (vous pouvez ainsi créer le diagramme circulaire typique de la chaîne alimentaire);
  • révisez les répliques et les interventions avec les volontaires;
  • partez du début du sketch en disant « Silence, on tourne! »;
  • applaudissez le travail bien fait!

Lorsqu’on crée un sketch sur la chaîne alimentaire, une des parties les plus intéressantes est de décider comment tuer le carnivore. J’ai déjà fait semblant d’être une voiture filant à toute allure qui heurtait l’animal; je l’ai aussi déjà fait mourir d’une maladie qui affecte la faune locale. Par contre, le scénario que j’utilise le plus souvent, surtout avec les plus jeunes, est de faire mourir le prédateur alpha de vieillesse. Vous êtes ensuite prêt à faire entrer en scène les charognards. 

Ce que je trouve le plus intéressant dans le fait d’accompagner les élèves dans la présentation du sketch, c’est la façon dont les répliques sont simplifiées. J’ai déjà tenté de laisser les élèves créer leurs propres sketchs et de seulement les accompagner, mais puisque mon temps avec eux est limité lors d’une sortie, le résultat comporte souvent beaucoup d’hésitations et de rires nerveux. J’ai moi-même de la difficulté à proposer des histoires à la fois concises et intéressantes. 

Enseigner avec les ouvrages d’intérêt général peut être amusant, mais les textes sont parfois contraignants et prolixes. En choisissant d’enseigner la matière par sketch progressif, vous avez la liberté de choisir l’information partagée pour chaque personnage. Vous contrôlez le rythme et vous avez de nombreuses occasions d’utiliser le tableau blanc pour créer un visuel. Les élèves n’ont qu’à se souvenir de leurs répliques, ce qui crée un lien émotionnel entre eux et leur personnage et libère leur esprit, leur permettant de se souvenir des informations dites par les autres personnages.

Tant les élèves que les enseignants vantent les sketchs lors de leur évaluation de la sortie. « Les élèves ont écrit dans leur cahier à propos de la sortie et plusieurs ont mentionné qu’ils avaient préféré la partie du sketch », a écrit une professeure. « Ma partie préférée c’est lorsqu’on a fait le sketch! » a partagé Olivia, élève en deuxième année. 

Étonnamment, mon évaluation favorite vient d’un groupe d’étudiants universitaires dans un cours d’enseignement en plein air. Ils se sont réellement investis pendant qu’ils apprenaient comment recréer cette activité. Le soleil dansait d’est en ouest, l’algue faisait un rap à propos de la photosynthèse, l’escargot a fait une entrée sur scène mémorable, le héron a pris la pose de Karate Kid et l’écrevisse a continué à porter fièrement son flotteur en forme de homard bien après la dernière révérence. J’ai éclaté de rire lorsque j’ai reçu leur carte de remerciement la semaine suivante : chaque étudiant avait signé le nom de son personnage sous son vrai nom. Avec une telle connexion personnelle, vous pouvez être assuré qu’ils se souviendront davantage de ce qu’ils ont appris. 

Variantes :

  • Utilisez le sketch pour revoir ou introduire le cycle de vie d’une plante ou d’un animal ou pour suivre un ou plusieurs animaux à travers les changements saisonniers.
  • Choisissez les personnages à l’avance et demandez aux élèves de créer leur propre masque et costume.
  • Avec les plus petits groupes, faites participer tous les élèves en leur demandant de jouer le rôle des décomposeurs qui se tortillent vers la carcasse à la fin du sketch.
  • Comme travail de suivi, demandez aux élèves de dessiner les personnages du sketch ou de faire un résumé du sketch en leurs propres mots.
  • Visionnez cette courte vidéo (en anglais) pour voir un exemple de sketch : https://www.youtube.com/watch?v=Vz2Tlk-zJPU 

La prochaine fois que vous aurez à enseigner la chaîne alimentaire, pensez à le faire par un sketch progressif. C’est une bonne façon de marier la science et les arts. Ils peuvent être adaptés selon le groupe d’âge et selon l’écosystème. Et surtout, ils permettent de rire tout en apprenant!


Emily M. Stone est une naturaliste qui a passé son enfance dans le nord-est de l’Iowa à jouer dans la boue. Elle a enseigné les sciences naturelles à des élèves de tous âges, dans des lieux magnifiques allant du Maine à la Californie. En tant que directrice de l’éducation au Musée d’histoire naturelle à Cable, au Wisconsin, Emily rédige une chronique hebdomadaire intitulée « Natural Connections » qui est publiée dans plus d’une douzaine de journaux régionaux et locaux. Son premier roman, Natural Connections : Exploring Northwoods Nature through Science and Your Senses, est maintenant en vente sur cablemuseum.org.

Maude Dessureault est diplômée au baccalauréat en traduction professionnelle de l’Université de Sherbrooke.

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