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L’éducation axée sur les lieux – n’attendez pas, engager vos élèves dès maintenant!

Par Mathieu Morin

Au fil des dernières années, j’ai eu le privilège de concevoir et d’enseigner un programme unique d’études secondaires – un semestre complet axé sur l’éducation environnementale et en plein air. Deux enseignants avec 12-18 élèves, pendant toute la journée pour cinq mois. Notre objectif était d’enseigner au moins 1/3 du semestre à l’extérieur de l’école et ceci a été révélateur jusqu’au point que je me frustre maintenant dans un cours « ordinaire ».

L’éducation axée sur les lieux peut transformer l’apprentissage. Dis au revoir au banal et observe l’engagement des élèves lorsqu’on « brise les murs » de la salle de classe! En entourant l’apprentissage par un contexte pertinent et réel et en donnant la chance aux élèves de mettre la main à la pâte, on crée des occasions éducatives inoubliables. Demande à n’importe quel élève quelle activité sur l’année a été la plus mémorable et la réponse sera presque toujours reliée à une « sortie éducative » ou autre expérience qui dépasse la norme.

Ce n’est pas surprenant que la catégorie « Éducation axée sur les lieux » soit un des plus populaires sur Profs verts, avec 51 articles à date. Ici, j’ai le plaisir de mettre en vedette cinq articles que je trouve particulièrement intéressants.

Les Olympiques de la nature(5 -12 ans)

Cet article explique en détail une activité qui peut se réaliser à l’échelle d’une classe ou même toute une école. Les élèves développent une compréhension la faune en imitant divers comportements naturels. C’est amusant, actif et peut s’offrir sur le terrain extérieur d’une école ou dans un milieu naturel tel qu’un parc. Ayant déjà fait une activité semblable avec des centaines d’élèves de la maternelle à la 6e année, j’ai vu l’importance d’engager le corps des élèves autant que leur cerveau. Au secondaire, il est possible de faire un enseignement magistral sur les stratégies d’adaptation d’un animal, mais un enfant de 5-12 ans peut beaucoup mieux comprendre des idées écologiques complexes en les vivant plutôt qu’en les écoutant. En même temps, en imitant les animaux, on pratique une habileté mentale extrêmement important – l’empathie! Un enfant qui peut démontrer une empathie envers la faune voudra beaucoup plus faire des choix de mode de vie comme adulte qui protégera la faune et leur environnement.

Jusqu’au bout du rêve (et autres mythes de la salle de classe en plein air)(5-14 ans)

Cet article revoit divers mythes associés à la création d’une salle de classe et de l’animation d’un programme éducatif en plein air. Autant que cet article a été originalement publié en 2006, mes propres expériences sont tout à fait reflétées par l’article et ça continue à être extrêmement pertinent. Bref, Karan Wood explique que la création seule d’une salle de classe ou d’un programme n’apportera pas automatiquement des utilisateurs. Le modèle éducatif actuel repose sur la salle de classe intérieure et l’éducateur actuel est à bout de ligne avec le curriculum « à couvrir » et les tâches à compléter. Il faut éduquer et outiller nos équipes éducatives à pouvoir utiliser ou profiter de ces installations avec confiance, tout en leur montrant que ça ne doit pas demander un surplus de travail ou de gestion de classe. Ça peut en fait réduire les demandes des deux, tout en engageant davantage les élèves et la communauté.

Bâtiment durable : des outils pour l’avenir(14-19 ans)

Cet article résume le processus de réaliser un projet de construction avec des adolescents, donnant comme exemples des salles de classe extérieur, des serres et des systèmes d’énergie solaire. Globalement, c’est un bon rappel de l’importance d’offrir aux élèves la possibilité non juste d’apprendre la théorie, mais d’appliquer leur apprentissage à la réalisation d’un projet d’action concret. Ayant déjà fait ces genres de projets avec des élèves, je n’ai jamais vu un niveau d’engagement aussi élevé qu’au moment où les élèves réalisent qu’ils pourront contribuer à quelque chose de tangible à leur communauté scolaire. En même temps, on leur apprend des compétences de vie concrètes qui ne se retrouvent pas nécessairement dans un curriculum. Ces projets ne sont pas faciles et l’auteur fait le rappel que l’enseignant n’a pas besoin d’être un expert en construction ou autre domaine et peut être, en fait, un élève parmi les élèves. La réalisation d’un projet qui sort de la spécialisation de l’enseignant peut modéliser pour les élèves que l’apprentissage n’arrête pas à la graduation et force la résolution de problèmes à retomber sur les élèves. Les élèves vont souvent vous surprendre!

Une recette pour gérer les classes en plein air(5-14 ans)

Comme mentionné dans l’article sur les mythes de la création de programmes d’éducation en plein air, un des facteurs qui empêchent les éducateurs à amener les élèves sur le terrain est l’idée que la gestion de classe sera significativement plus difficile. Pour beaucoup d’élèves, c’est une prophétie autoréalisatrice – comme explique Darius Kalvaitis, « Les professeurs qui assument que les étudiants ne savent pas se conduire de façon appropriée en dehors de la salle de classe ont souvent raison, car la majorité des étudiants n’ont pas eu l’opportunité de pratiquer les habiletés nécessaires pour apprendre hors de la salle de classe ». Kalvaitis offre donc une méthode à trois étapes pour préparer les élèves à sortir sur le terrain, tout en respectant les règles de conduite et de sécurité. C’est un investissement qui sera rapidement rentabilisé!

Prendre des risques en jouant, c’est important!(5-12 ans)

Étant parent autant qu’éducateur, j’apprécie la leçon offerte par cet article sur l’importance de la prise de risque à l’extérieur. Tout adulte chargé de la sécurité d’un enfant veut évidemment assurer la protection de cet enfant. En même temps, comme disent les auteurs, « plusieurs chercheurs, enseignants et professionnels de la santé publique affirment que les efforts fournis pour éloigner le plus possible les enfants du danger ont imposé des limites indues à la possibilité, pour eux, de jouer et de se mesurer à des défis, au point de provoquer des répercussions négatives sur leur santé et sur leur développement. » Tout enseignant qui enseigne sur le terrain doit continuellement juger les risques présentés aux enfants afin d’établir des limites qui équilibrent la sécurité des élèves et leurs besoins de se développer en prenant des risques. Ce n’est pas facile, mais essentiel!

Mathieu Morin est titulaire d’une maîtrise en sciences environnementales et enseigne au secondaire en Ontario (Canada) depuis 2014. Il a conçu et enseigne un programme d’éducation intégré axé sur le leadership socio-environnemental et l’éducation en plein air.

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