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Relier le commerce, les droits humains et l’environnement

Par Tricia Jane Edgar

Traduction par Jocelyne Dickey

Matières reliées : Géographie, sciences sociales, sciences naturelles.

Concepts clés : Droits humains, justice sociale, évaluation de l’impact social et environnemental, analyse du cycle vital, économie, histoire.

Habiletés : présentation orale et écrite, investigation en sciences sociales, investigation originale, analyse de données, analyse du cycle vital, observation et réflexion.

Localisation : intérieur

Durée : 2-3 sessions de classe plus l’investigation personnelle et la mise en commun.

Matériel : Papier ou objets pour représenter la Terre dans le “Jeu de la Terre”, ciseaux, un exemple de l’analyse du cycle vital, échantillons des produits que les élèves veulent étudier. Si on le désire, des exemples de produits, leur histoire et de l’information sur eux. Si c’est opportun, tableaux pour exposer les affiches et du carton pour les réaliser.

Comment un environnement sain peut-il être relié aux droits humains? Un environnement sain est un droit humain. Sans eau propre, air frais et sol fertile pour cultiver de la nourriture, il est difficile de recevoir une éducation, de fonder une famille ou de travailler pour une société meilleure. Un environnement sain est le fondement d’une société et d’une économie durables.

Cependant, dans plusieurs régions du monde, le droit de vivre dans un environnement sain est menacé par l’extraction des ressources et les procédés de fabrication qui contaminent l’air, l’eau et le sol et fournissent peu de bénéfices aux communautés locales. Les conséquences sont souvent tragiques. En 1995, par exemple, l’écrivain et activiste nigérien Ken Saro-Wiwa a été exécuté parce qu’il avait parlé clairement contre la dévastation de l’environnement dans sa terre natale par les compagnies pétrolières internationales. Pendant qu’on construisait des oléoducs sur son territoire, son peuple, les Ogoni, mourait de faim et de maladies. En même temps, des consommateurs du monde entier s’approvisionnaient du pétrole du delta du Niger pour leurs automobiles et leurs foyers, la majorité ignorant son impact social et environnemental.

L’industrie et le commerce sont des outils d’une grande puissance. Bien utilisés, ils appuient les droits humains, ils contribuent à la stabilité sociale et favorisent des pratiques qui soutiennent l’environnement naturel. Dans le meilleur des cas, la fabrication de biens n’utilise pas plus de ressources que celles qui sont renouvelables et les résidus d’une activité sont convertis en matière première pour la suivante. Ceci génère de l’emploi et enrichit la vie des personnes, les aidant à s’alimenter, à se vêtir et leur fournit ce qu’ils produisent eux-mêmes. Sous ces conditions, la santé, l’éducation et la culture fleurissent et les gens demeurent liés à une communauté économiquement prospère dans laquelle les besoins des uns sont reliés aux biens produits par les autres.

De l’autre côté, c’est le commerce à son pire état. Dans ce scénario, l’extraction des ressources et la production génèrent une communauté plus pauvre qu’auparavant, le sol, l’air et l’eau détériorés. Certains bénéfices sont redistribués à la communauté locale sous forme de gains provenant de bas salaires, mais la plus grande partie ne demeure pas dans la communauté. Avec l’environnement détérioré et les salaires faibles, il est difficile que les gens se nourrissent par eux-mêmes, appuient une culture florissante et éduquent leurs enfants. Le commerce dans ces conditions ne relie pas les personnes en termes positifs. Les consommateurs connaissent peu de choses sur les gens et l’endroit où sont fabriqués les produits qu’ils utilisent et ceux qui ont créé le produit bénéficient très peu de la relation commerciale établie.

Si nous voulons aider à faire du commerce un outil positif qui soutient l’environnement et appuie les droits humains, un premier pas est d’apprendre sur les origines des produits que nous utilisons. Nos téléphones mobiles, nos souliers, nos bananes, où et comment sont-ils produits? Comment affectent-ils les gens et l’environnement autour du monde? Les activités qui sont proposées ci-après présentent le concept des droits humains et aident l’élève à comprendre que les droits humains et la stabilité sociale sont menacés quand on menace l’environnement. À travers l’analyse du cycle vital d’éléments quotidiens, l’élève découvre l’impact social et environnemental des choses que nous achetons et on les encourage à chercher des produits et des procédés alternatifs.

Charte des droits

Dans nos vies occupées, nous nous arrêtons rarement à considérer ce qui rend possible notre existence. Cet exercice met les enfants au défi d’examiner les besoins de leurs vies et présente les concepts des droits humains et de leur diversité. Ensuite, les enfants créent une charte des droits qui garantit que tout le monde peut jouir desdits droits.

Durée : 30 minutes

Matériel :  Papier en continu ou tableau

Contexte : En 1948, les Nations Unies ont développé la Déclaration des droits humains qui résume « les droits inaliénables de tous les membres de la famille humaine ». Ceux-ci incluent les droits civils et politiques comme le droit à la liberté d’expression ou le droit à l’organisation. Ils incluent aussi les droits sociaux et culturels comme le droit à former une famille ou à posséder une propriété.

La Déclaration universelle des droits humains fut le point de départ. Plusieurs autres documents ont suivi.  En 1972, la Déclaration de Stockholm relia les droits humains à la protection de l’environnement. Elle déclara que les personnes ont le droit de vivre dans un monde où l’environnement physique supporte une vie digne. Chaque personne a la responsabilité de protéger et d’améliorer l’environnement pour garantir le bien-être des générations futures.

Méthode:

  1. Présentez à la classe l’hypothèse suivante : Vous êtes abandonnés dans une nouvelle planète très semblable à la Terre. Vous êtes responsables de développer des règles pour votre nouvelle société.
  2. Demandez aux élèves de dresser une liste d’au moins cinq choses dont ils ont besoin pour survivre et être heureux. Cela peut être des besoins physiques comme la nourriture; cela peut être des besoins sociaux, comme des amis; ou des besoins psychologiques comme l’amour. Les élèves peuvent inclure certaines idées folles, mais ils doivent proposer au moins cinq idées sérieuses. Laissez-leur cinq minutes pour élaborer leurs listes.
  3. Divisez la classe en groupes de trois ou quatre. Demandez aux membres de chaque équipe de mettre en commun leurs idées et de créer une nouvelle liste des droits que tous considèrent comme importants.
  4. Demandez aux groupes d’utiliser les droits qu’ils ont sélectionnés pour concevoir une charte des droits qui garantit l’inclusion des besoins de tout le monde. Par exemple, si on est d’accord que tous ont besoin de nourriture, la charte des droits pourrait énoncer : « Sur notre planète, tous ont droit à trois repas par jour ». S’ils décident que les gens ont besoin d’amis, ils pourraient dire : « Sur notre planète, tout le monde a le droit de choisir ses amis ». Les élèves devraient penser aussi aux droits civils et politiques. Ce sont les droits qui aident les gens à s’organiser et à mettre de l’avant leurs besoins. Par exemple, si les gens n’ont pas suffisamment de nourriture, ils pourraient organiser une coopérative de fermiers. S’ils ne se sentent pas physiquement sécuritaires, ils pourraient faire pression pour obtenir des lois et l’appui de la communauté pour réduire la délinquance.

Accordez quinze minutes aux groupes pour faire un brouillon de leur charte des droits et se préparer pour les discuter avec la classe.

  1. Pendant que chaque groupe présente sa charte des droits à la classe, organisez les droits en catégories telles que sociales, économiques, culturelles et civiles.  Incluez une colonne pour le « droit à un environnement sain ». Demandez lesquels de ces droits ils considèrent les plus importants et pourquoi.
  2. Après avoir réuni les idées des groupes, votre classe disposera d’un document qui ressemble assez à la Déclaration universelle des droits humains (en ligne sur <www.un.org/Overview/rights.html>). Révisez la Déclaration des Nations Unies et discutez des similitudes et des différences entre la liste des élèves et la Déclaration. Si on note des différences, discutez sur les causes possibles de ces différences. « Manque-t-il quelque chose dans la Déclaration? ». Signalez que la Déclaration des droits humains n’établit pas un lien direct entre les droits humains et un environnement sain. Ce lien a été établi en 1972 dans la Déclaration de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement humain, connue comme la Déclaration de Stockholm.
  3. Organisez une séance de remue-méninges sur les causes qui pourraient empêcher les gens de jouir de certains droits humains. Par exemple, un gouvernement qui élabore des lois interdisant le droit de former des syndicats. Un désastre naturel pourrait faire en sorte que les gens ne puissent pas obtenir la nourriture suffisante. Un dommage environnemental, par exemple la pollution de l’eau pourrait menacer la santé des gens.
  4. Organisez une séance de remue-méninges sur le mode par lequel la société garantit aux gens des droits. Par exemple, les sociétés ont des constitutions, des lois et des normes, ainsi que des avocats, des organisations sociales, des associations civiles et des syndicats. Ces documents et organisations travaillent pour obtenir un équilibre entre les droits individuels et le bien de la société en général. Les droits individuels, civils et politiques comme la liberté d’expression permettent aux gens de travailler en faveur des autres droits humains.

Le jeu de la Terre

Les personnes prospèrent quand elles vivent dans un environnement sain avec beaucoup de ressources pour appuyer les activités sociales, culturelles et économiques. Le jeu de la Terre, qui est similaire à la chaise musicale, aide les élèves à comprendre le lien entre un environnement sain et une société saine. Le jeu montre comment la rareté des ressources et l’épuisement de l’environnement peuvent causer de l’instabilité sociale et comment les personnes peuvent travailler ensemble pour résoudre les problèmes environnementaux et sociaux.

Durée : 45 minutes avec la mise en commun.

Matériel : papier 8 ½” x 11” (10 feuilles de plus que le nombre d’élèves), CD de musique et lecteur ou toute autre ressource musicale.

Méthode :

  1. Avant que l’activité commence, trouvez un espace suffisamment grand pour que votre groupe puisse y marcher en rond. Placez des feuilles de papier sur le sol, à un ou deux mètre(s) de distance les unes des autres. Commencez avec 10 feuilles de plus qu’il y a d’élèves dans la classe.
  2. Demandez aux élèves de se placer de telle sorte que chaque personne touche une feuille avec le pied ou toute autre partie du corps. Plus d’une personne peuvent toucher le même morceau de papier.
  3. Présentez le jeu en contant aux élèves que c’est une activité dans laquelle ils jouent le rôle de fermiers qui dépendent de la vente de leurs récoltes pour faire vivre leurs familles dans un pays en développement. Expliquez que les feuilles de papier représentent la terre arable. Quand la musique commence, ils doivent tourner autour en plantant leurs semences et en labourant leurs champs (démontrez ces actions). Quand la musique arrête, ils doivent trouver un morceau de terre et le toucher. Celui qui ne peut pas trouver d’espace dans un morceau de terre doit abandonner le jeu et se diriger sur le côté de la classe comme observateur.
  4. Commencez la musique et laissez-la jouer environ 30 secondes. Ensuite retirez un morceau de terre et arrêtez la musique. Pendant que vous retirez chaque morceau de papier, vous pouvez donner une raison qui justifie la perte (vous pourriez confectionner un dé avec différentes raisons sur chaque face et l’utiliser chaque fois que vous retirez un morceau de terre). Certaines raisons pour retirer la terre pourraient être :
    1. Le gouvernement a exproprié cette terre pour construire une zone résidentielle de luxe.
    2. Une industrie de bois a déboisé une région montagneuse proche causant une inondation qui a submergé la superficie cultivable.
    3. Le gouvernement a loué cette terre à une compagnie multinationale pour qu’elle cultive des produits pour l’exportation.
    4. Vos terres sont situées près de puits de pétrole et les résidus de méthane des puits détruisent votre récolte.

Recommencez la musique et répétez les rondes jusqu’à ce qu’il ne reste qu’un morceau de terre. Vous pouvez alors arrêter et organiser un petit débat ou continuer le jeu avec la seconde ronde (voir l’étape 5) et discuter des activités communes à la fin.

  1. Replacez tous les morceaux de terre sur le sol. Expliquez que dans cette seconde ronde, personne ne va sortir du jeu. Tout le monde doit utiliser la terre qui est disponible. Il est intéressant de voir comment une classe essaie de résoudre le besoin de placer tout le monde dans la terre restante. Cependant, si vous croyez que cette activité nécessite une explication préalable, vous pouvez expliquer que, une fois de plus, la terre disponible sera de plus en plus petite, mais qu’ils doivent travailler ensemble pour utiliser et administrer la terre qui reste. Demandez aux groupes qu’ils pensent à un ou deux plans pour résoudre le problème et discutez des plans avant de recommencer le jeu.

Mise en commun :

Réorganisez la classe et discutez des questions suivantes :

  • Que symbolisent les feuilles de papier ?

(Dans le jeu, les feuilles de papier symbolisent la terre. Cependant, elles peuvent représenter une vaste gamme d’éléments de l’environnement dont les gens ont besoin comme la nourriture, l’eau ou les combustibles.)

  • Comment t’es-tu senti dans la première partie du jeu?

(Les élèves peuvent s’être sentis frustrés ou compétitifs, ou ils peuvent avoir expérimenté des sentiments différents. Discutez sur la cause de ces sentiment).

  • Que pourrait signifier cette activité dans la vie réelle?

(Quand des ressources comme l’eau potable ou le terrain fertile sont rares ou inaccessibles, les gens peuvent avoir de la difficulté à rencontrer leurs besoins de base. Une rareté de ressources peut provoquer des sentiments d’insécurité et de frustration et même conduire à la déstabilisation locale ou au conflit entre ceux qui utilisent les terres).

  • Pourquoi les ressources sont-elles rares?

(La rareté peut arriver comme résultat d’un désastre naturel, de la surexploitation ou de la dégradation d’une ressource ou de décisions politiques qui causent l’inégalité dans l’accès aux dites ressources. Nous vivons sur une planète limitée où l’utilisation des énergies non renouvelables doit être limitée. Même les ressources renouvelables comme l’eau et les forêts peuvent être contaminées et endommagées et prendre beaucoup de temps à se reconstituer. Les décisions politiques comme la privatisation des ressources communes peuvent occasionner la rareté pour certaines).

  • Qu’est-il arrivé dans la seconde ronde? Comment est-elle différente de la première?

(Dans la seconde ronde, les élèves devaient trouver la façon pour que tout le monde puisse trouver un endroit sur la terre restante. Peut-être se sont-ils arrêtés à étudier la meilleure manière de le faire. Ils ont peut-être créé une agence de gestion des ressources. Ils se sont peut-être même organisés pour récupérer une partie de la terre qui leur a été refusée).

  • Dans la vie réelle, quels sont les moyens pour résoudre les problèmes de la rareté des ressources?

(Individuellement, ou comme communauté, nous pouvons travailler pour minimiser notre utilisation des ressources et trouver des façons de les récupérer, comme le recyclage ou la réutilisation des résidus. Si les ressources sont renouvelables, nous pouvons travailler pour leur restauration. Les gouvernements peuvent développer des lois et d’autres politiques qui encouragent les gens à conserver les ressources et assurer un accès équitable à ces ressources. Nous pouvons aussi créer des organisations qui aident à gérer les ressources. Par exemple, les forêts communautaires permettent aux gens de gérer leur environnement local, en travaillant en collaboration pour administrer une ressource aussi précieuse).

Extensions :

  • Au verso de chaque feuille (terre), écrivez un des droits de la liste des droits élaborés par les élèves (par exemple les droits faisant référence à la possibilité d’avoir accès à l’eau, à de l’air propre, à des aliments adéquats, à un endroit où vivre et à l’éducation). À la fin du jeu, retournez les feuilles de papier pour révéler chaque droit qui leur a été refusé au fur et à mesure qu’un morceau de terre était retiré. Organisez une séance de remue-méninges sur la façon dont la perte de terre ou de moyens de subsistance peut être reliée à la perte d’autres droits.
  • Demandez à deux ou trois élèves de jouer le rôle d’élite sociale ou de corporation puissante qui a le droit de décider comment sera utilisée la terre. Ils se chargeront de la tâche d’arrêter la musique et de retirer les morceaux de terrain, en expliquant pourquoi ils le font. Par exemple, ils peuvent avoir décidé de creuser un puits pétrolifère ou d’installer un oléoduc.

Vies cachées : Analyse du cycle vital d’objets de la vie quotidienne

Cette activité démontre que les biens de consommation ont un impact social et environnemental. Elle introduit le concept d’analyse du cycle de vie d’un produit.

Durée : Une période de classe, avec un devoir indépendant postérieur.

Matériel : Les feuilles informatives « Scandales cachés, vies secrètes » et « Raconte son histoire : poster de l’analyse du cycle vital », carton pour le poster.

 

SCANDALES CACHÉS, VIES SECRÈTES

Scandales cachés et vies secrètes … il y a une histoire derrière chaque produit que vous possédez. Pour comprendre tous les types d’impacts causés par un produit, vous devez investiguer sur son passé et apprendre sur son cycle vital. La vie d’un produit commence quand les matériaux dont il est fait sont extraits ou récoltés. Ces matières premières sont combinées avec de l’énergie et du travail pour créer un produit. Il peut y avoir plusieurs étapes dans la production. Par exemple, l’or peut être converti en lingots qui sont transformés plus tard en bijoux. Après la fabrication du produit, on utilise de l’énergie pour le transporter aux centres de distribution et ensuite aux boutiques. Des fois, l’usage et la consommation des produits utilisent aussi des ressources. Par exemple, pendant le temps que vous possédez un vêtement favori, vous le laverez plusieurs fois et ceci requiert de l’eau et de l’énergie. Finalement, le produit s’use et finit dans un dépotoir ou est converti en matière première pour un nouveau produit.

Tee-shirt de coton

Même si ton tee-shirt est de fibre naturelle, il est probable qu’il soit tout sauf naturel. De fait, on a utilisé environ 150 grammes de pesticides synthétiques et des engrais pour cultiver le coton dont il est fait. Le coton est la culture la plus fumigée du monde. Elle représente le quart de tous les insecticides utilisés dans le monde. La plus grande partie des pesticides utilisés pour le coton sont toxiques pour les humains et les autres animaux et la moitié est cancérigène. Ces substances se retrouvent dans l’air, l’eau et le sol où le coton est cultivé, elles s’accumulent dans les plantes et les animaux et causent de sérieux problèmes de santé aux cueilleurs et à ceux qui vivent près des plantations de coton.  Moins de 0.5 % du coton mondial est cultivé de façon biologique. Et biologique ou non, le coton est une culture « assoiffée » qui requiert entre 7 000 et 29 000 litres d’eau pour chaque kilogramme produit.

Après la récolte, le coton est traité pour retirer les graines et les résidus, il est comprimé en balles et transporté aux moulins où il est filé en fils et est converti en tissu. Normalement le tissu est teint et on le traite souvent avec des produits chimiques comme des ignifuges ou ceux qui évitent que le tissu se froisse et que les couleurs s’affadissent. Ensuite on confectionne des vêtements avec le tissu. Plusieurs des tee-shirts qui sont exposés sur des étagères dans nos boutiques sont fabriqués dans les pays en développement, souvent par des travailleurs à faibles salaires dans des ateliers clandestins (« sweatshops » ou « usines de la sueur », comme on les appelle en anglais). Durant la période où vous porterez le tee-shirt, vous utiliserez de l’eau et de l’énergie pour le laver plusieurs fois. Ensuite il se peut que vous le passiez à un ami ou que vous le donniez à un organisme de bienfaisance. Ou s’il est très usé, vous pourriez utiliser le tissu comme torchon de nettoyage. Cependant, il est fort probable que vous le jetterez. Aux États-Unis seulement, trois millions de tonnes de tissus finissent au dépotoir chaque année.

Chaîne en or

Il se peut qu’il y ait de l’or dans les montagnes. Mais vaut-il la peine de l’extraire? En Amérique du Sud et sur la Côte ouest de l’Afrique, les mines d’or contaminent l’eau et nuisent

À la santé des personnes et des animaux. L’extraction de l’or et son raffinage sont des procédés complexes qui requièrent des produits chimiques et de l’électricité. L’or est extrait de gisements en surface ou de filons ou peut être obtenu à partir de l’extraction d’autres métaux. En Amérique du Sud, les extracteurs d’or à petite échelle utilisent des canons à eau pour extraire l’or des mines en surface. L’eau détruit le sol fragile et la végétation, en créant des trous qui se remplissent d’eau, qui attirent les moustiques qui causent la malaria. Parfois, les mineurs utilisent du mercure pour extraire l’or. Une partie du mercure utilisé s’en va dans les rivières locales, où il se convertit en mercure méthylique. Ce composé survit dans le milieu ambiant et s’infiltre dans la chaîne alimentaire. Les mineurs et les résidents locaux affectés par l’empoisonnement au mercure développent des tremblements et des dommages cérébraux.  Dans le raffinement de l’or à grande échelle, on utilise du cyanure pour purifier l’or. Au Pérou, où un grand gisement d’or se vide dans quatre bassins, la population locale dit que l’eau contaminée par le cyanure détruit leurs pâturages et tue leurs animaux.

Une fois l’or extrait et raffiné, il est coupé en lingots et est transporté partout dans le monde. La plus grande partie demeure en lingots, utilisés comme monnaie d’échange. Le reste est transformé en bijoux ou en équipement médical électronique ou est combiné avec d’autres métaux.

Ressources en ligne pour une étude plus détaillée 

Centre des droits économiques et sociaux : <http://cesr.org/>

Observatoire des droits humains : Droits humains dans l’industrie de l’or <http://hrw.org/>

Conseil mondial de l’or : Industrie de l’or <www.gold.org>

Contexte :

De la même manière que nous avons des droits, nous avons aussi la responsabilité de sauvegarder les droits des autres. En tant que consommateurs de produits, nous participons tous au commerce global et nos options donnent forme à l’environnement et aux sociétés dans tout le monde. C’est notre responsabilité de parvenir à être des consommateurs conscients; d’apprendre sur l’impact que causent les produits que nous utilisons et faire des choix qui appuient un environnement propre, une économie durable et une société florissante pour tous. Initier les élèves à l’analyse du cycle vital des produits leur fournit un outil qu’ils peuvent utiliser pour guider leurs choix comme consommateurs.

L’analyse du cycle vital consiste à suivre les traces d’un produit et son impact social et environnemental, depuis le moment où les matières premières sont récoltées ou extraites, à travers la production, le transport et la consommation, jusqu’au moment où elles sont jetées ou recyclées. Même s’il est difficile de quantifier tous les impacts potentiels d’un produit, l’analyse du cycle vital est un concept utile qui nous permet de prendre des décisions comme consommateurs mieux informés. Il se peut que nous nous sentions bien en achetant des bananes biologiques, mais l’analyse du cycle vital révélera que pour les transporter jusqu’à nous, il sera nécessaire d’émettre une grande quantité de gaz à effet de serre, ce qui peut nous amener à considérer la possibilité d’acheter un fruit de culture locale comme alternative.

Méthode :

  1. Remettre aux élèves l’article « Scandales cachés, vies secrètes ». Révisez-le avec la classe comme introduction au devoir. En utilisant l’exemple du tee-shirt de coton ou de la chaîne en or, dessinez un graphique ou un schéma au tableau pendant que vous identifiez les différentes étapes du cycle vital du produit (par exemple pour la chaîne en or : extraction, raffinage, moulage en lingots, exportation, transformation en bijou, emballage, commercialisation et transport au point de vente). Pour chacune de ces étapes, organisez une séance de remue-méninges sur l’impact social et environnemental possible
  2. Remettre aux élèves le dépliant appelé « Raconte son histoire : analyse du cycle vital » et repassez les prérequis pour le devoir individuel d’investigation. Les élèves doivent fabriquer un poster qui raconte l’histoire d’un objet de la vie quotidienne. Le poster peut avoir la forme d’un axe chronologique illustré, d’un diagramme de flux ou d’un réseau qui montre les impacts générés par le produit tout au long des différentes étapes de son cycle vital.
  3. Expliquez qu’il peut être difficile de rencontrer de l’information sur le cycle vital d’une marque déterminée de produits parce que cette partie de l’information est privée. Par contre, les élèves pourraient décrire un possible ou typique cycle vital du produit choisi. Par exemple, l’investigation pourrait révéler qu’une partie de l’or utilisé dans le monde vient d’Amérique du Sud. Les élèves pourraient faire une recherche sur l’impact de la production de l’or en Amérique du Sud et investiguer sur la façon dont l’or est produit et transporté.

Les élèves plus jeunes qui apprennent à investiguer peuvent travailler avec l’un des exemples fournis dans « Scandales cachés, vies secrètes ». Ils peuvent identifier l’environnement et l’impact social souligné dans l’étude de cas, ajouter quelque chose de personnel et rechercher des alternatives pour l’utilisation des ressources suggérées.

Racontez son histoire : Poster d’analyse du cycle vital

Racontez son histoire :

  1. Choisir l’un des produits de la liste et créez un poster qui raconte son histoire.

Chaîne en or : L’extraction de l’or implique souvent l’utilisation de produits chimiques toxiques.

Tee-shirt de coton : Le coton est la culture qui requiert la plus grande quantité de pesticides dans tout le monde.

Boîte d’essence : La recherche de pétrole peut causer des conflits autant à l’intérieur qu’entre les pays.

Banane : Les travailleurs font des fumigations sans l’équipement de protection adéquat.

Café : Les forêts sont déboisées pour semer des plantations, abîmant l’habitat local, le sol et l’eau.

Ordinateurs : Les pays en voie de développement produisent des résidus électroniques toxiques.

Jeu en plastique : Le PVC provoque le cancer et des désordres rénaux et de reproduction.

Téléphone mobile : Un métal qui se rencontre dans les téléphones mobiles alimente la guerre et la destruction de l’habitat.

  1. Décrivez et illustrez le cycle vital du produit choisi, depuis le moment où sa matière primaire est extraite ou récoltée, jusqu’à la production, le transport, sa consommation ou on utilisation, son élimination ou sa destruction. Répondez aux questions suivantes :

– D’où proviennent les matières premières?

– Qui demeure dans la région où est fabriqué le produit?

– Qui fabrique le produit?

– Quels matériaux, énergie et travail sont employés au cours des différentes phases du cycle vital du produit?

Identifier l’impact :

  1. Après avoir appris sur le cycle vital de votre produit, essayez d’identifier l’un des impacts que le produit cause chez les gens et dans l’environnement.

– Mentionnez trois manières selon lesquelles le produit affecte l’environnement.

– Donnez trois façons dont le produit affecte les gens. Au moins un des exemples devrait démontrer comment l’impact environnemental du produit cause des préjudices ou des bénéfices à la population locale. Pensez aussi à la façon dont le produit affecte les cultures et les économies locales.

– Rappelez la charte des droits élaborée par la classe. Quels droit humains sont agressés par ce produit? L’impact provoqué est positif, négatif ou les deux? Par exemple, l’extraction de l’or fournit aux gens un moyen de vivre mais les empêche de mener une vie saine.

Produire des changements

Incluez dans votre poster la manière de produire des changements. Comme consommateurs, nous pouvons choisir de ne pas acheter un produit. Nous pouvons utiliser des produits qui sont fabriqués localement, de manière juste ou avec des matériaux et des procédés écologiques. Nous pouvons aussi collaborer à titre de bénévoles dans des organismes sans but lucratif qui se consacrent à conscientiser les gens sur l’impact provoqué par les produits, qui promeuvent le commerce juste et exercent des pressions sur l’industrie et les gouvernements pour qu’ils introduisent des changements dans la façon de fabriquer lesdits produits.

Fournir le feuillet « Scandales cachés, vies secrètes ». Identifier l’impact environnemental et social souligné dans le cas de l’étude, ajouter de l’information et chercher des alternatives en utilisant les ressources suggérées.

Chaque poster devrait contenir :

  • Un résumé de l’histoire du produit, ou cycle vital, accompagné d’illustrations.
  • Une description d’au moins trois exemples d’impact environnemental dans les différentes étapes du cycle vital du produit.
  • Une description d’au moins trois manières dont la population est affectée.
  • Une description de la façon dont le produit appuie ou transgresse les droits humains.
  • Une description des actions qui sont menées pour réduire ou éliminer les impacts négatifs du produit (suggérez aux élèves d’investiguer le travail que certains individus ou certaines organisations locales ou globales réalisent pour produire ces changements).
  • Une stratégie pour le changement personnel (choses que l’élève peut faire pour réduire l’impact négatif et augmenter le positif du produit).
  • Les posters peuvent servir comme appui à une brève présentation devant la classe ou peuvent simplement être exposés pour que tous les voient. Comme approfondissement, les élèves pourraient réaliser des simulations d’annonces qui décrivent l’impact d’un produit et suggèrent des alternatives.

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Tricia Jane Edgar coordonne les programmes d’éducation au Lynn Canyon Ecology Centre à Vancouver Nord, Colombie-Britannique.

Traduit par Jocelyne Dickey, biologiste et enseignante à la retraite, traductrice depuis 2004, Québec.

Ce qui précède est une traduction de « Growing a Just Society » qui a été publié en Green Teacher 81, Été 2007.