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Transactions à Birmingham

Par Pauline Roberts

Traduction par Jocelyne Dickey

Transactions à Birmingham est un projet qui a été développé dans une classe « Sciracy »*, à l’école Convington Birmingham dans la banlieue de Détroit.

« Sciracy » engendre des opportunités pour un apprentissage interdisciplinaire qui a lieu spécifiquement en sciences et littérature, et implique un groupe d’enseignants et 54 étudiants. Les étudiants ont appuyé cette classe Sciracy parce qu’elle rime avec piracy (piraterie en anglais) et qu’ils se percevaient comme des « éco pirates », qui provoquent des incursions de pensée intrépides et perturbatrices dans des territoires inconnus.

L’objectif de faire des affaires à Birmingham était d’intensifier la conscience sur la durabilité entre les propriétaires de commerces locaux. Par l’utilisation de la technologie et leur implication auprès des propriétaires, nos étudiants étaient à la tête d’une culture de changement dans notre communauté. Pour cette raison, j’espère que cet article ne vous inspirera pas seulement de répéter le projet avec des jeunes de votre propre communauté, mais qu’il vous fournira aussi des outils pour le faire.

L’investigation a commencé par deux questions simples à nos étudiants de cinquième et de sixième année : Quelle est la différence entre un besoin et un désir ? Qui répond à nos besoins et à nos désirs dans la communauté ? Nous avons produit dans la classe des définitions sur ces concepts et nous avons commencé à identifier divers commerces et organisations qui nous les fournissaient. Ceci a permis aux étudiants de considérer la durabilité : Comment les commerces de notre communauté sont-ils certains de connaître les besoins du présent tout en ne compromettant pas les besoins des générations futures ?

 

En petits groupes de deux ou trois, les étudiants ont commencé à organiser les informations recueillies lors des sorties sur le terrain, en accord avec leurs champs d’intérêt. Avec les parents en guise de chaperons, les étudiants ont visité des hôtels, des hôpitaux, des stades sportifs, des théâtres et des musées à Détroit, avec des questionnaires et des caméras pour enregistrer leurs expériences. Le niveau d’engagement a monté en flèche à mesure que les élèves commençaient à prendre en charge leurs journées d’apprentissage.

Après chaque sortie sur le terrain, ils revenaient enthousiasmés par leur expérience et par ce qu’ils avaient découvert. En analysant leur information, ils sont arrivés à l’hypothèse que les grands commerces avaient probablement compris davantage les bénéfices de la durabilité, à la différence des petits commerces. Les élèves ont décidé d’enseigner la durabilité aux propriétaires locaux et de commencer à réorganiser leur apprentissage sur un wiki informatif (site web collaboratif), auquel les propriétaires des commerces pourraient se référer pour trouver des conseils.

Pour générer des visites sur le wiki, les étudiants ont créé un feuillet de durabilité qui apporte du contenu sur la façon dont les commerces peuvent réussir à être durables au moyen de petits changements dans différents aspects de leur opération. Les recommandations incluaient d’acheter du papier recyclé à au moins 30%, des en-têtes imprimés, des cartes d’affaires recyclées à 100%, d’acquérir et d’utiliser avec prudence plus de produits de nettoyage écologiques, de contrôle d’invasions et de maintenance des installations.

Les étudiants ont développé au-delà de 80 recommandations pour la prévention des déchets, l’utilisation de l’eau, de l’énergie, du transport et aussi sur la façon d’impliquer les actionnaires.

Munis de brochures et de prospectus qu’ils avaient réalisés pour la promotion du projet, les étudiants sont partis vers le centre-ville de Birmingham pour interviewer et diriger les petits propriétaires, Ils ont visité environ quatre-vingt-dix établissements, incluant des banques, des salons, des restaurants, des magasins de meubles et des pharmacies. Au retour en classe, les étudiants ont suggéré de créer une reconnaissance d’honneur pour les commerces qui employaient les pratiques durables.

Ils ont créé un système pour récompenser par une étoile verte chaque cinq pratiques de durabilité et quand un commerce avait démontré qu’il avait employé plus de 25 pratiques, il fut récompensé avec une étoile d’or. La classe désire commencer une culture d’affaires qui encourage une conscience écologique à l’intérieur de la communauté locale.

Le but principal de faire des affaires à Birmingham était de créer des opportunités pour un apprentissage interdisciplinaire qui se réaliserait, mais c’était aussi un apprentissage du XXIe siècle pendant ce projet. La majorité du contenu a été conduit par l’intérêt des étudiants et la curiosité sur la durabilité, et ce qui paraissait comme dans un contexte du monde réel. De cette façon, on promeut l’initiative de l’étudiant, l’autonomie et la créativité alors qu’on facilite la pensée critique, argumentative et collaborative. Les élèves ont continuellement réfléchi sur cela et ont synthétisé leur apprentissage et ont évalué le travail de chacun de façon critique afin de procurer une rétroaction constructive.

On a organisé les étudiants en groupes et on leur a assigné les rôles suivants : directeur du projet, directeur des communications, administrateur du matériel, leader photographe et leader de vidéo. Chaque étudiant a complété un inventaire de ses habiletés personnelles et l’a utilisé pour décider, comme groupe, qui pourrait être le responsable de chaque rôle. On a demandé aux étudiants de collaborer à la séance de remue-méninges dans leur groupe de travail, de conception et de prise de décisions. En même temps, ils ont dû travailler avec les compagnons qui occupaient le même poste dans un autre groupe, de telle sorte qu’ils se soutenaient les uns les autres dans la prise de décisions et s’aidaient à utiliser la technologie.   Durant l’année qu’a duré le projet, on a indiqué aux élèves de réfléchir et d’évaluer leur activité et celle de leurs compagnons comme membres du groupe. On a utilisé assez de temps pour que les étudiants apprennent comment être précautionneux à critiquer et comment arriver à un consensus comme groupe.

Les étudiants ont en outre appris à devenir des personnes créatives capables d’apporter des solutions. Le projet a été visualisé, conçu et créé par les étudiants eux-mêmes. Ils ont déterminé son objectif général, ils ont identifié les obstacles possibles et ont établi une façon d’atteindre cet objectif. Parmi les activités de résolution de problèmes, on a inclus : comment identifier et rejoindre des commerces, comment communiquer avec eux de façon efficace, comment évaluer et promouvoir la durabilité.    Pour chacun des problèmes identifiés, les étudiants ont proposé des solutions et ont fait une connexion entre leurs connaissances et leurs objectifs et avec ceux de la communauté locale.

Immédiatement après leur voyage au centre-ville, les étudiants étaient en mesure d’inclure seulement un commerce à leur tableau d’honneur ; comme ils ont entretenu des relations avec les commerces qu’ils avaient visités au moyen d’un suivi téléphonique, de courriels, ils comptent en ce moment 29 commerces à leur tableau d’honneur. Ils ont inclus toutes les ressources du wiki et ont invité d’autres étudiants à reproduire le projet dans leurs communautés.

La technologie s’est convertie en un outils essentiel durant le projet, car elle a facilité la construction des connaissances et l’apprentissage au-delà de la salle de classe. Les étudiants ont créé des clipets[1], qui combinent des images fixes et dynamiques dans un clip vidéo, en captant la partie la plus importante de leur voyage à Birmingham. Chaque groupe a sélectionné un moment où les propriétaires s’engageaient ou recevaient un prospectus. Ce fut la seule façon dont les étudiants ont identifié et ont évalué leur succès en communiquant leurs connaissances et leur entente.

La création de dépliants et de prospectus a permis aux étudiants d’établir des connexions authentiques au-delà de la salle de classe et les a obligés à démontrer leur apprentissage d’une façon brève et significative.

Les étudiants ont utilisé des codes QR dans leurs prospectus afin d’augmenter les opportunités de contacter et de communiquer avec la communauté. Ils y ont joint des photographies pour créer des scènes panoramiques de Birmingham et donner aux visiteurs du wiki un véritable sentiment de leur centre-ville. Cela leur a ouvert les yeux sur la dimension du problème qu’ils essayaient de résoudre ; jamais auparavant ils ne s’étaient rendu compte de la quantité de commerces qu’il y avait. Cela a amélioré leur pensée par rapport au besoin de la durabilité et la dimension du problème.

L’Apprentissage des étudiants a été évalué de diverses façons. Les rubriques, créées avec la participation des étudiants, ont été utilisées pour évaluer leur collaboration et les habilités du groupe de travail, les aptitudes de présentation et les produits. Les connaissances et la compréhension ont été évaluées au moyen de réponses écrites, réflexions et produits finaux. Le succès de leurs plans d’action a été évalué selon l’information recueillie.  La capacité de communiquer leurs connaissances et leur point de vue scientifique a été évaluée par des observations des deux professeurs et des autres membres du groupe.

Je suis certaine que mes étudiants connaissent maintenant beaucoup mieux les pratiques durables. Ils ont appris que pour être des agents efficaces de changement dans leur communauté, il faut des habiletés clés qui incluent la capacité à identifier les problèmes, à générer des solutions créatives, à collaborer de façon productive et à communiquer en articulant.

Les élèves ont exploré une grande variété d’outils technologiques disponibles, de même que l’importance de choisir celui adéquat pour chaque but. Ils ont appris sur la responsabilité civique, l’économie, la force qui conduit à prendre des décisions personnelles et les niveaux d’affaires gouvernementaux.

Ils ont découvert plus sur eux-mêmes, comment leurs choix personnels et leurs actions ont un impact sur le succès de tout ; ils ont aussi appris les traits de personnalité comme la responsabilité, l’attitude positive et comment employer ces traits pour arriver à être des leaders satisfaisants et innovateurs au XXIe siècle.

Comme éducateurs, nous avons appris beaucoup. Nous nous sommes rendu compte que quand l’éducation a un objectif clair, le niveau de compréhension, d’engagement et d’apprentissage croît de manière exponentielle. En vérité, cela prend tout un village pour éduquer un enfant ; sans nos parents bénévoles, sans les propriétaires experts, nos étudiants n’auraient simplement pas pu participer à cette expérience d’apprentissage unique. D’un autre côté, nous avons vu qu’un apprentissage interdisciplinaire facilite la construction du savoir, permet la compréhension d’idées et de concepts nouveaux pour les étudiants. Au début nous désirions que les 54 étudiants participent à toutes les sorties sur le terrain, mais nous nous sommes rendu compte que les commerçants étaient plus indulgents et communicatifs avec des groupes plus petits. Durant le projet, nous avons compris que pour étendre cet apprentissage au-delà de la salle de classe, nous devions être plus flexibles dans la planification et la façon dont nous passions le temps avec nos étudiants.

En ce moment, nous en sommes à la deuxième année de ce projet et les nouveaux étudiants de 5e année se sont immédiatement impliqués, en apportant leurs propres points de vue et leurs talents. Ils incorporent plus l’usage des réseaux sociaux en créant une page dans Facebook et en ajoutant de petites composantes au wiki, pour générer plus de visites. Ils étudient la possibilité de développer une application qui permettrait aux commerçants de maintenir un registre de leurs pratiques durables et d’actualiser automatiquement leurs statuts dans le tableau d’honneur. Ils augmentent leurs connaissances en dirigeant leurs propres sorties sur le terrain et en ajoutant de l’information au wiki et au dépliant, à mesure qu’ils continuent l’exploration et l’apprentissage. Finalement, ce fut un projet de Sciracy réussi, parce que les étudiants ont rompu avec le paradigme qu’avaient les commerçants locaux. Une entreprise peut devenir trop confortable avec les pratiques du passé et nos étudiants les ont incités à s’adapter et à se développer de façon efficace dans de nouvelles directions. Le projet a aussi incité l’étudiant à penser différemment, à accepter les différentes manières de penser pour explorer de nouvelles avenues, à apprendre des erreurs et à proposer des solutions pour les problèmes qui génèrent des défis.

* Sciracy est un terme formé à partir des mots Science et Littérature (alphabétisation). Sciracy est un cours créé par Pauline Roberts, auteur de cet article. 

 

[1] On peut trouver plus d’information sur Clipets à <http://research.microsoft. com/en-­us/um/redmond/projects/cliplets/>

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Pauline Roberts, est professeur de mathématiques à l’école Birmingham Covington, Bloomfield Hills, Michigan. Elle a collaboré à ce projet de même que Rick Joseph, enseignant en Arts, lettres et études sociales. Visitez le blog de Pauline à : <http://notjustateacher-pr05bps.blogspot.com/> ou suivez-la sur Twitter @pr05bps. Le URL pour le projet est : http://doingbusinessinbirmingham.wikis.birmingham.k12.mi.us/

Traduit par Jocelyne Dickey, biologiste et enseignante à la retraite, traductrice depuis 2004, Québec.

Ce qui précède est une traduction de « Doing Business in Birmingham » qui a été publié en Green Teacher 99, Printemps 2013.