Skip to content

Utiliser la philosophie pour penser vert

Par Amy Leask

Traduit par Alexandre Bouliane

Les élèves du primaire sont naturellement curieux à propos du monde qui les entoure et de la place qu’ils y occupent, ce qui explique leur enthousiasme pour l’écologie. Les enfants sont aussi des philosophes innés qui ne semblent jamais à court de questions. Combiner un sujet populaire et accessible comme l’environnement et les qualités naturelles des enfants à avoir des pensées philosophiques renforce non seulement les deux domaines d’étude, mais peut aussi aider les enfants à développer des capacités de réflexion utiles dans leur vie personnelle et dans toutes les matières à l’école. Il est aussi important de noter qu’avec un peu de préparation et de pratique, même les enseignants qui n’ont pas beaucoup d’expérience en la matière peuvent enseigner les principes de la philosophie de l’environnement dans leur classe.

Une excellente raison d’intégrer la philosophie dans n’importe quel domaine d’étude est que c’est une manière facile et stimulante de développer ses compétences générales comme la pensée critique, la communication et la résolution de problèmes. Les enfants apprennent comment penser au lieu d’apprendre à quoi penser et peuvent le faire en étudiant des questions importantes en lien avec l’environnement. 

Ajouter un effet philosophique à l’éducation environnementale donne l’occasion aux élèves de prendre en main leur devoir de connaisseurs et de défenseurs de la Terre. Ils ne lisent pas seulement des informations dans des livres, ils la créent, la découvrent et l’évaluent. Par l’exploration philosophique, ils apprennent à mettre en doute les hypothèses à propos de leur rôle dans la nature, à contester des mythes et à prendre en compte différents points de vue. Grâce à cela, on permet aux élèves de devenir des agents du changement et on les invite à jouer un rôle dans les discussions entourant l’écologie, la biodiversité et la conservation de l’environnement.

Les types de questions que l’on pose en philosophie sont parfaitement compatibles avec l’étude de l’environnement. La philosophie remet en question ce que signifie être humain, ce que signifie penser et ressentir, comment nous apprenons et trouvons la vérité, comment nous devrions nous comporter, ce que signifie avoir du pouvoir, ainsi que la manière dont les humains se comportent par rapport au monde qui les entoure. Philosopher avec les enfants est une approche relativement nouvelle en enseignement, mais la philosophie de l’environnement existe depuis des centaines d’années et un large éventail de penseurs de partout dans le monde y ont contribué. Nous pouvons nous inspirer de beaucoup de choses et en tirer parti.

Quelle sorte de questions doit-on poser?

Cela peut sembler exigeant de trouver un point de départ pour un enseignant qui n’a pas étudié la philosophie. Voici quelques questions que les philosophes soulèvent à propos de l’environnement :  

  • En quoi les humains se distinguent-ils des autres organismes vivants? 
  • Est-ce que les animaux pensent et ressentent de la même manière que les humains? Comment le savons-nous? Qu’en est-il des plantes?
  • Qu’est-ce qui différencie les choses vivantes des non vivantes? Sommes-nous responsables des choses non vivantes aussi?
  • Pourquoi les humains pensent-ils parfois qu’ils sont responsables du monde naturel, ou que ce dernier est là pour qu’on en tire des bénéfices?
  • Est-il plus important de protéger les humains ou de protéger d’autres organismes vivants? Comment décidons-nous?

Les grandes questions comme celles proposées ci-dessus font partie intégrante du domaine de la philosophie, tout comme le processus pendant lequel nous tentons d’y répondre. En plus de se familiariser avec ce type d’interrogation, les enseignants ont également besoin d’établir un ensemble de règles de la pensée rationnelle. Voici quelques lignes directrices :

  • La philosophie, c’est constamment poser des questions ouvertes qui ont plusieurs bonnes réponses possibles. La discussion entourant la question est aussi importante que la réponse. Préparez vos élèves à cette approche puisqu’ils sont davantage habitués à apprendre des choses par cœur. 
  • Même si la philosophie n’apporte pas une réponse précise à chaque grande question, certaines réponses sont meilleures que d’autres. Celles-ci doivent être appuyées par des explications et par la raison. C’est correct d’admettre qu’on ne connait pas la réponse, mais ce ne l’est pas d’y répondre en disant « parce que c’est comme ça » ou « parce que c’est moi qui le dis ». Ne laissez pas la discussion de groupe se transformer en un débat désordonné où tout est permis. Si les jeunes veulent déclarer quelque chose, ils doivent être prêts à expliquer pourquoi ils pensent ainsi et doivent s’attendre à ce que d’autres critiquent leur point de vue.
  • Les règles générales de politesse et de respect s’appliquent lors d’une conversation philosophique. Tout le monde a le droit de contribuer à la discussion, à condition de vouloir expliquer ses idées et de tenir compte de plusieurs autres points de vue. Évidemment, les moqueries, l’intimidation et le rejet sont inacceptables lors de ses discussions.  
  • Pour susciter l’intérêt chez les élèves plus jeunes, intégrez des questions à caractère philosophique dans l’activité. Avoir des discussions est merveilleux, mais ce n’est peut-être pas la meilleure méthode à adopter pour les élèves du primaire. Les jeux, les projets d’art, la musique, l’art dramatique, l’écriture dans un journal et d’autres approches pratiques sont d’excellents moyens pour faire de l’exploration philosophique. N’hésitez pas à introduire la philosophie dans leurs activités quotidiennes. 

Exemples d’activités à faire

Des jeux de rôle! Apportez des animaux en peluche, des figurines et des images. Demandez aux jeunes de faire semblant d’être l’organisme vivant qu’ils représentent et d’imaginer à quoi celui-ci peut penser, comment il se sent, et comment il vit dans son habitat. Qu’est-ce que cet organisme dirait à propos du monde qui l’entoure s’il pouvait parler comme les humains ou s’il pouvait communiquer avec nous? Encouragez les élèves à comparer leurs points de vue d’humains à celui d’un autre être vivant. Si vous avez suffisamment de ressources et de temps, fabriquez ou utilisez des costumes et d’autres accessoires et enregistrez l’activité. Vous pourrez ensuite partager la vidéo ou l’utiliser pour susciter la réflexion.

La chaine alimentaire! Encouragez les élèves à contester l’idée que la place de l’humain est au « sommet de la chaine alimentaire » grâce à l’activité des fils. Attribuez un organisme différent à chaque élève (un seul peut jouer le rôle d’un humain) et voyez s’il y a quelqu’un qui veut commencer. Demandez au volontaire de tenir un bout de la corde et demandez aux autres élèves de se présenter un par un. Toutes les fois qu’un « organisme » se présente, ceux qui y sont connectés ou qui en dépendent doivent tenir la corde. À la fin de l’activité, demandez aux élèves si leur perception du rôle des humains dans l’écosystème a changé (attendez-vous à ce que les fils s’emmêlent). 

Sortez dehors! Organisez une promenade dans le parc, dans une zone protégée, ou simplement dans la cour d’école. Demandez alors aux élèves de faire une liste de toutes les choses vivantes qu’ils voient et de créer un jeu dans lequel tous les organismes compétitionnent pour trouver de la nourriture et des ressources. Laissez un peu de temps aux jeunes pour jouer, puis discutez pour vérifier si les règles du jeu sont justes, si un des organismes a des avantages sur les autres et si un organisme a besoin qu’on l’aide pour survivre et se développer. Réfléchissez à la notion de responsabilité de protéger et de soutenir d’autres éléments d’un écosystème. 

Avec la classe, faites un arbre à questions composé de feuilles qui affichent chacune une question à propos de l’environnement. Ajoutez des questions régulièrement et répondez-y lorsque le temps le permet. Cela peut aussi se transformer en une activité de lecture si vous demandez aux élèves de trouver des livres qui parlent de questions sur l’environnement, créant ainsi un arbre plein de ressources à partager avec tout le monde. 

Passer par la philosophie pour étudier l’environnement peut représenter un changement dans l’approche que nous adoptons normalement avec les jeunes, mais cela a des avantages durables. De plus, cette façon de faire est amusante et réussit bien avec plusieurs groupes d’âge. En fait, vos élèves se posent probablement déjà les questions philosophiques que vous soulèverez pendant l’activité. De toute évidence, quelques-uns vous diront : « Oui, j’y ai déjà pensé! ».


Amy Leask est enseignante, écrivaine et productrice de produits interactifs pour enfants à Milton, en Ontario. Elle est également la cofondatrice d’Enable Education et la fondatrice de Red T Media. Madame Leask est une supportrice de l’apprentissage du 21e siècle, une aventurière des technologies éducatives et elle croit fermement que les tout-petits font de grands penseurs. Apprenez-en plus sur les sites ReDTKids.com et Enable Education.com 

Alexandre Bouliane est diplômé au Baccalauréat en traduction professionnelle de l’Université de Sherbrooke. 

No comments yet

Leave a Reply


Notice: ob_end_flush(): Failed to send buffer of zlib output compression (0) in /home/greenteacher/profsverts.com/wp-includes/functions.php on line 5464