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L’école forêt nature

Par Kendra Martin

Traduit par Marie Gagné-Choinière

« Pourquoi apprenons-nous à aller dehors? » Lorsque je leur pose cette question, mes élèves de deuxième année à l’école publique Little Falls, près de St. Marys, en Ontario, me répondent haut et fort : « Pour réveiller notre cerveau! » L’apprentissage en plein air fait partie intégrante de leur vie quotidienne. Ces enfants de deuxième année et plus de 200 autres élèves, de la garderie à la sixième année, arrivent à notre école bien préparés : ils sont habillés en pelure d’oignon, portent des bottes de pluie, un chapeau et des pantalons de nylon. Les voilà prêts pour une journée d’aventures enrichissantes! Cette préparation est aussi importante que de faire ses devoirs ou de ne pas oublier son agenda.

J’ai commencé le programme école forêt nature[1] à l’école Little Falls en 2013, après avoir lu le livre Last Child in the Woods : Saving Our Children From Nature Deficit Disorder, écrit par Richard Louv. L’auteur y parle de l’impératif absolu de reconnecter les enfants avec la nature afin de préserver leur bien-être et de veiller à ce qu’ils se sentent en communion avec le monde extérieur. Le message m’a inspirée et la recherche m’a convaincue.

Tous les élèves peuvent s’identifier à la nature. Une magnifique transformation s’opère lorsque les enfants se défont de leurs phobies, de leurs peurs, et se débarrassent petit à petit des barrières physiques et mentales qui se sont propagées dans la société, éloignant notre culture de la nature. En seulement environ deux semaines d’éducation en plein air (près de la moitié de la journée à l’école), les enfants mettent la main à la pâte lors de scénarios de survie, de chasses aux insectes, d’aventures de repérage, de calculs mathématiques à la craie et de réunions debout. La nature est inscrite dans leur ADN, elle est en chacun de nous et assure une base commune afin d’ancrer votre curriculum. Les programmes scolaires axés sur la nature ont fait leurs preuves partout dans le monde. Une foule de recherches soutiennent l’éducation en plein air et mettent de l’avant certains de ses bienfaits moins connus, comme le développement de la persévérance, de l’indépendance, de la confiance, des habiletés sociales et de l’engagement envers l’apprentissage. Malgré ces preuves manifestes, les programmes axés sur la nature sont rares dans les écoles publiques. L’éducation relative à l’environnement, l’enseignement du plein air ou l’enseignement en nature ont d’abord été perçus comme des méthodes d’apprentissage isolées proposées à des groupes d’âge particuliers, dans des lieux destinés à cet effet, et selon un curriculum déterminé au cœur de programmes déjà chargés. Les écoles forêt nature sont pour la plupart gérées de façon privée et sont destinées aux enfants d’âge préscolaire. Les commissions scolaires sont souvent réticentes à investir de l’argent dans la formation des enseignants et dans la création d’espaces d’apprentissage extérieurs pour soutenir ces types de programmes. Elles sont également trop peu chaudes à l’idée de taire leurs préoccupations en matière de responsabilité et de renoncer à leurs objectifs omniprésents de résultats normalisés. À l’école Little Falls, notre volonté est de faire réaliser aux enfants que la nature est un aspect inestimable et fondamental de la vie de tous les jours. Dans cet article, je vous expliquerai de long en large notre façon d’enseigner la sensibilisation à la nature afin de vous permettre d’en retirer les aspects qui font écho à votre propre pratique.

La croyance au cœur des écoles forêt nature réside dans l’importance d’ancrer tout en douceur les enfants dans leur environnement immédiat. Ils doivent connaître et apprécier ce qui se trouve dans leur propre cour dans le but de reconnaitre la véritable valeur de cette nature qui fait partie intégrante de leur quotidien. Les jeunes enfants d’aujourd’hui semblent à la fois confusément et intensément préoccupés par la santé de la planète. Ils s’inquiètent du fait que leur monde est en crise, sans trop savoir pourquoi ni comment. Ils ont entendu parler d’animaux en danger ou disparus dans de lointains pays, de la pollution de l’eau et de l’air et des prédictions désastreuses annonçant la destruction causée par le réchauffement climatique. Ces enfants sont bien au fait des menaces qui planent et peuvent nous en dire bien plus sur les animaux de la forêt tropicale que sur ceux qui peuplent leur arrière-cour. Les questions qu’ils se posent concernent des lieux et des concepts bien éloignés de leur expérience réelle. Dans une salle de classe ordinaire, cette déconnexion semble amplifiée par la place immense que prend la technologie dans la vie des enfants, laquelle les amène à se coller le nez aux écrans au lieu d’ouvrir leurs yeux pour observer les cycles de vie naturels. L’objectif des programmes école forêt nature, et le vôtre si vous souhaitez en instaurer un dans votre secteur, est de faire en sorte que ces enfants renouent avec la nature. Nous croyons que nos élèves ont besoin d’être « reconnectés » à leur environnement : faune et flore locales, cycles des saisons, systèmes météorologiques et questions environnementales concernant leur propre communauté. Grâce à l’enseignement de la sensibilisation à la nature, nous souhaitons que la compréhension du monde de chaque enfant soit axée sur l’environnement. Voici en détail notre façon de voir l’école forêt nature ainsi que quelques ressources qui vous seront nécessaires pour transposer l’apprentissage en plein air. Consultez les « Ressources indispensables » pour vous guider dans les prochaines étapes.

Les écoles forêt nature dans l’enseignement public

Une journée type dans une école forêt nature se compose d’activités enrichissantes et de routines essentielles, lesquelles visent à intégrer les enfants dans la nature. Par exemple, imiter le cri d’un animal au lieu d’une commande vocale pour les amener à se rassembler, à se mettre en cercle, à écouter ou à se concentrer permet d’entrée de jeu de donner le ton à la leçon du jour. Le hurlement du coyote, pour sa part, incite chaque élève à prendre ses jambes à son cou ou à se rapprocher rapidement du professeur afin d’apprendre quelque chose de nouveau; le hululement du hibou signifie « Écoutez bien »; le croassement du corbeau accompagné d’un doigt pointé dirige tous les regards vers un aigle pêcheur ou un sentier boueux.

Au début de l’année, tous les élèves se sont choisi un arbre près duquel ils peuvent s’asseoir, écrire dans leur journal, et observer et noter le rythme des saisons. Nous avons également installé sept « ateliers » d’apprentissage dans notre cour d’école – plutôt ordinaire – dont plusieurs tableaux noirs extérieurs, un jardin sensoriel, un dôme végétal fait de tiges de saule tressées, une salle de classe extérieure sur le toit et un ensemble de tables faites de souches d’arbres. Chaque lieu porte un nom, comme l’Allée de l’érable, la Piste de l’épinette ou encore le Jardin de marguerites, et les enfants sont toujours excités à l’idée de les visiter. Toutes les transitions entre nos différents « ateliers » sont effectuées de façon continue et agrémentées de jeux de cachette. Nous utilisons des stratégies de proies et prédateurs afin de garder les enfants en mouvements.

Chaque enfant prend le nom d’un animal vivant dans la région en veillant à ce que ce dernier possède des qualités semblables aux siennes. Nous mentionnons le nom de ces animaux chaque jour afin qu’ils fassent partie du langage de la classe et des sujets de nos recherches. Ils guident les comportements ou sont utilisés pour rappeler les bonnes habitudes aux élèves. Au fil des années, nous avons connu de nombreux hérons, pic-bois, geais bleus et écureuils. Chaque animal possède des particularités uniques que nos élèves peuvent imiter. Par exemple, le héron est toujours vigilant et conscient de ce qui l’entoure et l’écureuil se démarque par son organisation et sa productivité. La connaissance de ces animaux de la région suscite des questionnements : le cardinal et le geai bleu passent l’hiver près de notre mangeoire, mais qu’en est-il de l’oriole et du rouge-gorge? La gratitude et la reconnaissance sont également au cœur de notre pratique quotidienne. Nous soulignons l’importance d’être reconnaissant pour ce que nous avons : notre bien-être, la nature, nos aînés et nos amis. Les élèves échangent des paroles de gratitude de façon spontanée, soit rassemblés en cercle de partage autour de nos tables souches, soit sous forme de compliments après nos rencontres de classe hebdomadaires. Lors des fêtes, notre culture met l’accent sur l’acte de « recevoir »; dans notre école forêt nature, nous tentons plutôt de le mettre sur celui de « donner ». Nous voulons également élargir le concept de fêtes en y incluant les événements environnementaux tels que les solstices d’été et d’hiver, la Journée mondiale de l’eau ou encore le Jour de la Terre. L’enseignement des traditions et des fêtes fait partie de notre curriculum et nous sommes convaincus que nous pouvons atteindre nos objectifs d’apprentissage grâce à une approche équilibrée intégrant la nature.

Les élèves qui participent à un programme école forêt nature savent qu’ils sont des « enfants de la nature » et que nous apprécions leurs histoires et leurs questionnements à propos de leur environnement. Ces enfants savent distinguer la forme des feuilles d’un chêne à gros fruits, ils connaissent les habitudes du cerf de Virginie en hiver, ils peuvent faire des nœuds, participer à la construction d’abris et identifier les oiseaux locaux au fil des saisons. Leur jeune esprit déborde de questionnements à propos des créatures qu’ils tiennent entre leurs mains, des pistes qui sont sous leurs pieds, des os et des excréments découverts dans les sentiers qui racontent une histoire qu’ils sont dorénavant capables de comprendre. Ces enfants ont peut-être traversé un parc local ou encore fait une randonnée en forêt au cours des derniers mois sans même avoir remarqué toute la vie aux alentours. Ils sont soudainement éveillés à leur environnement naturel et ressentent cette connexion spéciale qui accompagne le fait de se salir les mains, littéralement. On peut toujours compter sur la nature pour nous étonner, nous surprendre, nous animer ou même nous dégoûter, car chaque journée est une nouvelle aventure racontant une histoire sans fin.

Les enseignants doivent s’assurer que tout le curriculum est abordé et que l’éducation en plein air leur offre d’excellentes possibilités d’observer les facultés d’apprentissage et la compréhension des concepts de leurs élèves. Les sciences, les mathématiques, les langues, l’art et les sciences humaines sont des domaines qui peuvent être enrichis grâce aux relations que les jeunes créent activement à l’extérieur. Les cours sur le cycle de l’eau sont donnés pendant les journées pluvieuses, lorsque les flaques d’eau sont légion et que le niveau de l’égout pluvial est haut. Ceux sur les liquides et les solides ont lieu pendant le temps des sucres, car la gelée du matin laisse place au Soleil qui fait couler la sève l’après-midi. On transforme les allées asphaltées de l’école en tableaux d’affichage et les murs en expositions de calculs lors des cours de mathématiques pendant lesquels on n’utilise que des craies. L’enseignement multidisciplinaire est donc mis à profit dans ce modèle d’apprentissage. Toutes les matières scolaires sont mélangées lorsqu’un animal est le thème de la journée. Ainsi, lors d’une leçon sur la marmotte commune, nous pouvons aborder certaines attentes du curriculum : mesurer la température extérieure et la température corporelle en prévision de l’hibernation; prendre la mesure linéaire des tanières sous forme de tunnels dans le sol; comprendre les concepts relatifs au temps en fonction des habitudes quotidiennes et mensuelles et des cycles de vie; rédiger des procédures relatives à la construction de systèmes de tunnels; ou encore, lire des ouvrages documentaires afin d’acquérir de nouvelles connaissances à la suite d’une expérience. Les enseignants ont seulement besoin de guides de poche afin de trouver des références et d’accéder à quelques-uns des nombreux plans de cours destinés à leur groupe d’âge et accessibles en ligne. Faites confiance aux changements de saisons : ils vous offrent une panoplie de sujets de discussion!

Les ressources indispensables à l’éducation en plein air

  • Épingles à linge en bois et en plastique (de couleurs variées)
  • Visionneuses maison de grosseurs variées (cadres à diapositives ou à photos, rouleaux de papier de toilette vides)
  • Tableaux blancs miniatures, gros marqueurs pour tableaux blancs, vieux bas pour effacer
  • Crayons à essuyage à sec, petits carrés de tissu pour effacer
  • Planchettes à pince (un ensemble recouvert pour la classe, un autre en bois avec une seule pince)
  • Sièges portatifs (tapis en osier lavables et résistants à l’eau, petits carrés rembourrés)
  • Grosses craies de couleurs variées (dans des récipients hermétiques)
  • Coffre rempli de vêtements d’extérieur à partager (pantalons de nylon, mitaines, chapeaux, vestes, bas de laine)
  • Thermomètres recouverts de plastique, ensemble de compas, rubans à mesurer pour tout le groupe
  • Grande couverture épaisse (pour les rassemblements de classe)
  • Petits tapis de sol noirs et minces sur lesquels on peut écrire (pour les travaux d’équipe requérant l’utilisation d’une craie)
  • Échantillons de couleurs variés, bracelets colorés
  • Paniers à fruits et à baies ou sacs de papier pour les cueillettes ou les chasses au trésor
  • Journaux à couvertures rigides, crayons hermétiques et boîte pour gomme à effacer
  • Guide de poche (créé par l’enseignant ou l’élève), autocollants représentant la nature, large ruban pour livres
  • Abris contre les insectes, boîtes-loupes à insectes, filet à papillons

Le matériel nécessaire dans la salle de classe

  • Signes des points cardinaux et références placés en évidence
  • Mur des merveilles : pour indiquer les nouvelles concernant les découvertes et les questions et réponses « Je me demande »
  • Table de la découverte : pour exposer les objets trouvés dans la nature. Trouver un système d’identification pour l’étiquetage
  • Tableau « Tout est interrelié » : pour les mots de vocabulaire concernant la nature et leurs relations
  • Grosse boîte à outils contenant les ressources communes : bâtons de colle, ciseaux, papillons adhésifs, papier, règles
  • Plantes et arbres naturels (le pin de Norfolk est un bon choix)
  • Plusieurs paniers naturels, récipients réutilisés pour le matériel, linges pour le ménage
  • Système de gestion des déchets muni d’étiquettes, comprenant un récipient à compost, une petite poubelle, une grosse boîte pour le recyclage et un récipient pour le recyclage des crayons (les crayons Crayola, par exemple)
  • Espace de rangement pour le matériel d’apprentissage en plein air bien identifié et facilement accessible pour les enfants
  • Chariot d’apprentissage en plein air (muni de parois et de larges pneus), luge légère

Trouver un « mentor de la nature »

Choisir un site naturel et un mentor est primordial si vous souhaitez ouvrir la porte de votre salle de classe et vous lancer dans le vaste monde. Pour que le rythme des saisons puisse devenir une plateforme d’enseignement, vous devez avoir accès à une certaine biodiversité et à un guide ou mentor afin de vous aider à reconnaitre toutes les possibilités que vous offre la nature. À Little Falls, notre programme inclut régulièrement des visites d’une journée complète hors de l’enceinte de l’école dans des lieux où les élèves peuvent découvrir une riche diversité naturelle. Certains groupes comme le mien s’y rendent une journée par semaine, d’autres, une fois toutes les deux semaines ou une fois par mois. Un contact régulier avec ce site naturel lors de chaque saison est essentiel pour que les enfants y consolident leur sentiment d’appartenance et qu’ils prennent conscience des changements qui s’opèrent autour d’eux. Nous sommes pour notre part entrés en contact avec un spécialiste de l’enseignement en environnement (Cobi Sauder) possédant un terrain de 100 acres situé à quelques minutes d’autobus de l’école; nous l’avons engagé comme mentor et animateur lors de nos activités sur ses terres.

Au cours de la semaine précédant chaque visite, Sauder et nos enseignants joignent leurs efforts pour planifier ces journées d’activités. L’organisation des journées est basée sur les prévisions de la météo, les activités récentes de la faune et de la flore et les événements naturels intéressants (comme la chute des cosses de graines ou la découverte d’un squelette d’animal) qui ont lieu sur le terrain. Une partie de la planification provient des questions fréquentes ou récentes des élèves et du curriculum actuel. Afin d’élaborer un programme scolaire qui dépasse le cadre de vos propres compétences, il est très important de faire appel à des gens de la région qui agissent comme intendants des terres et qui souhaitent partager leurs connaissances. Lors de chaque visite, nous invitons quelques parents et grands-parents, qui favorisent l’apprentissage et deviennent vite ambassadeurs de notre programme. L’école forêt nature est meublée de routines et de traditions fondamentales. Nos élèves ont développé un sentiment d’appartenance avec ce lieu, ils y ont façonné des souvenirs très forts dans les divers ateliers d’apprentissage : se cacher dans un bosquet serré de conifères, explorer le dessous du saule pleureur ou encore se faufiler parmi les peuplements de feuillus. Ces activités les mettent en relation avec le paysage et ses changements.  

L’apprentissage riche et la réflexion profonde effectués lors des journées d’école à l’extérieur contribuent à nourrir l’écriture, la lecture, les exercices scientifiques et les autres aspects du curriculum lors du retour en classe. Les activités de résolution de problèmes et le jeu créatif, qui ont lieu lors des promenades ou autour d’un feu de camp, consolident naturellement l’attachement entre les élèves et semblent mener vers un climat de classe plus inclusif. Les élèves doivent gérer diverses contraintes météorologiques (comme le froid et le vent) et physiques (comme le fait d’être trempé ou fatigué). Ces situations contribuent à construire un esprit de bienveillance, d’entraide et de persévérance. Les problèmes de comportement et de maîtrise de soi sont résolus au sein même du groupe. De plus, le désir d’être inclus dans la vague d’énergie positive amortit la détermination des réfractaires, des élèves plus plaintifs et de ceux qui pourraient se désister face aux défis, au travail ardu et au risque. Au fil des premiers mois du programme, les élèves comprennent petit à petit qu’« ensemble, on est plus fort ».

Lors de ce parcours d’apprentissage diversifié, chaque enfant est inclus, chaque enfant trouve son domaine de compétence et peut briller, en particulier celui qui vit des difficultés dans une salle de classe plus traditionnelle. Ces enfants sont en mesure de démontrer leurs connaissances, de prendre des initiatives et d’acquérir une crédibilité parmi leurs pairs en effectuant des tâches qui les poussent à se dépasser de façon tout à fait nouvelle. Il y a quelque temps, nous avons fait une activité qui démontre admirablement bien ce phénomène. La classe était séparée en différentes tribus, auxquelles on donnait un sac à dos contenant de l’eau, des collations, de la ficelle d’emballage, une bâche, du papier, des crayons et une boussole. Le scénario : ils sont perdus dans un terrain boisé et, comme la nuit tombe, ils doivent se préparer à passer la nuit dans la forêt.

Une petite fille tranquille et très sage, aux résultats scolaires assez faibles et ayant plusieurs déficits reconnus, a pris la situation en main. Elle a organisé les membres de sa tribu, planifié la meilleure façon de construire un abri, mis de côté de la nourriture et de l’eau et partagé ses préoccupations au sujet de l’approvisionnement en bois de chauffage. Elle a vite gagné l’admiration des enfants qui l’avaient auparavant considérée comme une camarade ayant des capacités d’apprentissage inférieures aux leurs. Cette expérience a eu une incidence positive durable pour cette jeune fille : sa confiance en soi et ses relations avec les élèves du groupe se sont améliorées. Ce type de réussite s’est répété à plusieurs reprises, notamment chez les enfants aux prises avec des besoins d’apprentissage particuliers ou des comportements difficiles.

Votre point de départ

Si votre planification scolaire ne comprend pas déjà de l’éducation en plein air, commencez par vous donner comme objectif de passer une heure à lire, à écrire ou à faire des mathématiques à l’extérieur. Introduisez quelques-unes des routines d’immersion à la nature, comme une randonnée guidée ou encore le choix d’un endroit personnel pour s’asseoir, réfléchir ou écouter une histoire. Notez les effets de ces routines sur les élèves. Cherchez des bases de plein air, des fermes ou des espaces boisés locaux accessibles à votre école et trouvez les personnes responsables des offices de protection de la nature ou des bases de plein air de votre région. Commencez à réunir un noyau de collègues et de parents désirant soutenir cette initiative. À Little Falls, nous avons formé un conseil d’école forêt nature dynamique formé de parents et d’amis engagés qui mènent de front les collectes de fonds, la recherche de partenaires communautaires susceptibles d’effectuer des dons matériels et d’organismes ou de fondations de bienfaisance qui soutiennent les projets axés sur l’environnement. Repérez des ateliers près de chez vous afin de bonifier vos connaissances dans des domaines comme l’identification des plantes et des arbres ou le pistage. La plupart des enseignants de notre école n’avaient aucune expérience préalable relative à l’éducation en plein air et sont désormais des mentors : ils accueillent des enseignants en visite impatients de voir nos jeunes en action. À l’heure actuelle, nous montrons aux enseignants les bases de l’enseignement en plein air en les aidant à renforcer leur confiance et leurs compétences dans la gestion des élèves hors des murs de l’école. Nous leur offrons des suggestions de ressources qui leur permettront de transposer plus facilement l’enseignement dans tous les contextes apportés par Dame Nature : neige, pluie, vent… Commencez par permettre à vos élèves d’avoir un contact réguliers avec leur environnement naturel local au fil des saisons. C’est peut-être un petit pas, mais l’important demeure que ce soit un pas dans la nature et que vous ayez confiance en vous. N’oubliez pas que la nature est un deuxième professeur qui saura vous faire vivre d’extraordinaires apprentissages.

­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­Kendra Martin a fondé l’école forêt nature Little Falls en 2013, à St. Marys, en Ontario. Elle y travaille encore aujourd’hui en tant qu’enseignante principale et offre des ateliers à ses collègues afin de favoriser l’enseignement en plein air. En 2015, le Réseau canadien d’éducation et de communication relatives à l’environnement lui a décerné le titre d’enseignante exceptionnelle du primaire et du secondaire. Vous pouvez communiquer avec Kendra Martin à kendra.martin@ed.amdsb.ca et visiter le http://edublog. amdsb.ca/.

Marie Gagné-Choinière est étudiante au baccalauréat en traduction professionnelle à l’Université de Sherbrooke. Elle se passionne depuis toujours pour la littérature et le plein air. Elle s’intéresse de plus en plus au mode de vie durable et zéro déchet, à l’écologie et à l’éducation responsable des enfants.


[1] Forest School Program

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