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Les yeux dans la forêt

Par Ryan Pennesi

Traduction par Émilie Duo

Tout a commencé avec un cerf mort et un appareil photo de surveillance. Lors d’une journée d’hiver glaciale, j’ai fait une découverte intéressante lors d’une randonnée sur une piste isolée de motoneige. La carcasse fraîche d’un cerf de Virginie dépecée et déchiquetée gisait au sol sur la neige tombée depuis peu. Intrigué de savoir qui allait revenir nettoyer le gâchis, j’ai emprunté un appareil photo de surveillance que j’ai installé à un arbre voisin. Ma curiosité grandissait au fur et à mesure que j’attendais les visiteurs.

Excité, j’ai bondi de ma chaise lorsque j’ai vu les images sur mon ordinateur. C’était comme le matin de Noël. Des coyotes, un pékan, une chouette rayée et des corbeaux! Tellement d’espèces différentes se sont régalées des restes du cerf! Puisque sur les images il y a plusieurs informations (l’heure, la date, la température et la phase de la lune), j’ai pu savoir le moment exact du passage des animaux. Qu’ai-je manqué depuis tout ce temps?

Je suis devenu dépendant.

Des appareils photo de surveillance pour l’appréciation de la faune

Depuis que j’ai commencé à utiliser cette technologie il y a quelques années, ma curiosité pour le monde naturel n’a fait que grandir. En tant que naturaliste et éducateur dans le nord du Minnesota, je possède maintenant quatre appareils photo de surveillance. Mon but? Photographier le plus d’espèces sauvages possible. Les résultats que j’obtiens continuent de m’étonner à mesure que je développe des compétences en tant que pisteur et photographe.

J’ai tout documenté, en partant d’un écureuil volant à une famille de lynx canadiens. Je deviens tellement impatient qu’il me faut toute ma retenue pour ne pas regarder les appareils photo trop tôt (en règle générale, je laisse les appareils photo tranquilles pendant deux semaines).

La première fois que j’ai utilisé un appareil photo de surveillance avec mes élèves (autant chez les jeunes que chez les adultes), je pouvais voir grandir aisément leur curiosité et leur enthousiasme lorsqu’ils posaient des questions. Qui se nourrit d’un cerf mort? Qui demeure dans ce terrier? Qu’est-ce qui se promène sur ce sentier? Avant les appareils photo de surveillance, ces questions intéressantes ne menaient qu’à des suppositions intéressantes. Grâce à ces appareils photo, nous avons maintenant des réponses à nos questions.

Nos voisins sauvages nous laissent des traces de leur présence telle une histoire inscrite sur la terre. Mes élèves commencent par chercher des signes émis par les animaux, comme des chemins, des excréments, des restes mâchés, des égratignures, des marques de territoire, des terriers et des nids. À mesure que l’histoire se révèle, que nous comprenons mieux ce que les animaux font, les élèves trouvent les endroits idéaux pour placer les autres appareils photo de surveillance. Tout comme des enquêteurs professionnels, nous rassemblons les informations essentielles avant de placer les appareils photo. Ainsi, nous pouvons avoir la confirmation de nos hypothèses sur l’animal qui pourrait revenir et pourquoi.

Le fait d’observer et de placer des appareils photo sur le terrain avec les élèves constitue une possibilité d’apprentissage incroyablement riche. Les apprenants doivent bien réfléchir à l’emplacement de leur appareil photo pour obtenir des résultats. Sur quoi ferai-je tenir mon appareil? Un arbre? Une bûche? Une roche? Tant de possibilités. Comment bien camoufler mon appareil photo? Pour cacher l’appareil, il faut utiliser des matières naturelles puisqu’elles augmentent les chances d’attraper même les plus méfiants. À quelle hauteur faut-il placer l’appareil? N’importe où entre un et quatre pieds du sol, en fonction de l’espèce ciblée. Quel attrait du paysage nous indique qu’un animal reviendra à cet endroit? La disponibilité des sources de nourriture, les abris et les corridors fauniques (une digue de castor et un arbre tombé peuvent être des moyens naturels de franchir les plans d’eau pour plusieurs animaux) peuvent être invitants pour les animaux.

Il est facile de faire des associations avec la vie réelle. Les images ont été saisies à cet endroit! Les animaux qui ont été enregistrés au même endroit ont pu y être depuis des mois, des semaines et même depuis quelques instants plus tôt. Il est possible de savoir le temps exact par rapport à notre dernière visite. Tout cela est possible grâce aux informations inscrites sur les images.

Les appareils photo de surveillance nous permettent non seulement de nous relier à l’endroit, mais également de devenir partie intégrante de l’expérience. Nous commençons maintenant à comprendre le monde naturel qui nous entoure d’une manière qui nous semblait impossible auparavant. Peu importe l’appareil photo que j’utilise, quand je vois les images d’un animal qui se tient au même endroit que moi, je ressens une sorte de connexion. Nous avons vu, senti, entendu et touché la même forêt.

J’ai maintenant un plus gros défi, celui d’encourager l’appréciation et la curiosité de la nature chez les gens. Mes appareils photo de surveillance sont devenus mes meilleurs et mes plus solides outils. Je vous implore de faire preuve de curiosité, de chercher des réponses et d’incorporer des appareils photo de surveillance dans vos leçons sur la faune. Sortez de chez vous et laissez vos propres traces.

Passer à l’autre niveau

Les petits appareils photo m’ont bien servi. Si vous désirez vous procurer un appareil photo de surveillance, il faut tout d’abord déterminer son utilité. Êtes-vous uniquement intéressés à obtenir de l’information sur les animaux qui vivent sur votre terrain? Ou vous désirez obtenir l’image parfaite à encadrer dans votre salon? Votre usage fait une grande différence. Vous allez avoir le choix entre une multitude de marques d’appareils photo. Si vous n’êtes pas trop soucieux de la qualité, vous pouvez trouver un bon appareil photo pour un peu plus de 100 $. Les marques commerciales haut de gamme (une meilleure résolution et un déclencheur plus rapide) se situeront autour de 400 et 500 $. Un excellent site Web avec de plus amples renseignements pour faire le bon choix d’achat est le www.trailcampro.com.

Ces appareils photo m’ont permis de documenter les comportements des animaux et de me pencher sur des questions avec les élèves. Pourtant j’ai toujours voulu plus. J’imaginais des images de meilleure qualité. Je voulais zoomer en avant sur les images et dépeindre l’habitat des animaux avec une meilleure résolution. Je savais qu’un appareil photographique reflex numérique (DSLR, de l’anglais digital single lens reflex) répondrait à mes besoins.

Avec un peu d’aide, j’ai construit un « piège photographique reflex numérique » avec un appareil photo de bonne qualité placé dans un contenant imperméable. Il a été monté pour faire jusqu’à trois flashs externes et transmettre un signal infrarouge (déclenché par le mouvement). Je peux donc saisir des images incroyables de la faune avec des détails des plus précis. Je ne peux m’empêcher de rêver des photos que je pourrais saisir à tout moment.

 

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Un piège photographique reflex numérique vous intéresse?

Tous les systèmes d’appareils reflex numériques vous donneront de meilleurs résultats que les appareils photo de surveillance de marques commerciales.

  1. Déterminez un budget. Jusqu’à combien êtes-vous prêts à mettre? Utiliserez-vous l’équipement pour le plaisir, pour un usage général ou professionnel?
  2. Choisissez un appareil photo reflex numérique. Je vous recommande Canon ou Nikon. J’ai vu également des appareils Sony de bonne qualité. En ce qui a trait à la résolution, honnêtement, tout ce qui est au-dessus de 10 mégapixels devrait donner de bons résultats. Les critères dépendent davantage de vos besoins individuels. Pour de grandes impressions professionnelles, il faudrait opter pour une plus grande résolution (de 18 à 24 mégapixels). Il pourrait être préférable d’utiliser un appareil qui possède le mode de prises de vues en rafale pour qu’il puisse prendre plusieurs photos à chaque fois que le capteur détecte quelque chose. Plusieurs facteurs sont à considérer avant l’achat, tels que la taille du capteur, le nombre ISO et les mises à niveau futures.
  3. Choisir l’objectif s’avère aussi important que le choix du boîtier. La plupart des ensembles dont j’ai entendu parler ont des objectifs avec la longueur focale de 12-20 mm (j’utilise l’objectif EF-S de 10-18 mm f/4.5-5.6 IS STM Lens). Des zooms larges ne sont pas nécessaires avec une installation adéquate puisque les animaux ne se tiendront qu’à quelques pieds de l’appareil.
  4. Faites vos propres recherches. Il y a plusieurs photographes pionniers qui ont déjà fait le travail. Apprenez de leurs erreurs et réussites. Contactez-les pour poser des questions et demandez des conseils. Ci-dessous se trouve la liste de quelques photographes professionnels de la faune qui sont des avant-gardistes dans la communauté des piégeurs photographiques animaliers:

Sebastian Kennerknecht (www.pumapix.com)

Emmanuel Rondeau (www.emmanuelrondeau.com)

Bruce Kekule (http://brucekekule.com)

Will Burrard-Lucas (www.burrard-lucas.com) Ce photographe a fondé l’entreprise Camtraptions auprès de laquelle vous pouvez acheter de l’équipement pour les pièges photographiques DSLR (www.camtraptions.com).

Encore quelques conseils:

  • Il serait préférable de pratiquer avec un petit appareil avant de sortir la grosse artillerie DSLR. Vous pourrez ainsi vous concentrer à obtenir les résultats souhaités.
  • Explorez le terrain avant de placer le piège photographique DSLR.
  • Prenez les mesures nécessaires afin que votre appareil photo soit bien protégé des intempéries. Le silicone permet de garder le contenant de l’appareil étanche.
  • Assurez-vous que tout le matériel fonctionne adéquatement avant de le sortir sur le terrain.

Ma liste d’achat pour mon appareil photo de surveillance reflex numérique

  • Protecteur Pelican IM2075 – 44,49 $
  • Filtre avant Lee de 105 mm – 64,00 $
  • Filtre Tiffen coarse thread de 105 mm – 46,50 $
  • Système de surveillance Trail Master TM1550-PS – 390,00 $
  • Câble spécial (Canon) pour le Trail Master – 100, 00$ Câble Canon DSLR TM 80N3
  • Appareil photo Canon EOS 60D DSLR (neuve) – 699,00 $
  • Objectif Canon EF-S 10-18 mm f/4.5-5.6 IS STM – 299,00 $
  • Trépied Induro Adventure AKB1 – 159,00 $ SB-28
  • Flash Speedlight SB-28 de Nikon (3 X) – 100,00 $ chacun = 300,00 $
  • Câble SC-27 de Nikon (2 X) – 44,00 $ chacun = 88,00 $
  • AS-10 de Nikon (2X) – 49,95 $ = 99,90 $
  • Interfit Multi-Fit TTL Cord pour Canon – 49,95 $
  • Pedco UltraPod (3 X) – 15,35 $ = 46,05 $

Lorsque vous installez un appareil photo de surveillance …

  • Trouvez des preuves de la présence d’animaux : des chemins, des excréments, de l’urine, des égratignures, des marques de territoires, des nids, des terriers, etc.
  • Recherchez des lieux de passages naturels (digue de castor, arbre tombé sur l’eau) et des corridors fauniques (vallée étroite).
  • Les animaux sauvages sont des êtres d’habitude et se déplacent régulièrement dans les mêmes chemins. Recherchez de la végétation comprimée et des pistes. Les cerfs, les renards, les belettes, les coyotes et les loups peuvent tous emprunter le même chemin.
  • Minimisez les dérangements. Essayez de ne pas marcher directement sur un chemin d’animal et restez seulement pour une courte période au même endroit.
  • Enlevez toute végétation qui pourrait créer des déclenchements inopinés (lorsque quelque chose autre qu’un animal déclenche l’appareil photo).
  • Placez l’appareil photo vers le nord (le mouvement du soleil dans le ciel peut causer des déclenchements inopinés).
  • Placez l’appareil de 24 à 36 pouces du sol avec un angle de 45 degrés en direction des déplacements de votre sujet animal (plusieurs détecteurs d’appareils photo de surveillance ne parviennent pas à détecter le mouvement venant directement vers lui).
  • Utilisez un produit déshydratant qui absorbera l’humidité dans le boîtier de l’appareil photo (pour prévenir la formation de buée dans l’objectif lorsqu’il y a changement de conditions climatiques).
  • Les cadenas à câble aident à prévenir les vols d’appareil photo.
  • La patience est une vertu. Je ne peux vous dire le nombre de fois où j’ai commis l’erreur de déplacer l’appareil alors que je n’aurais pas dû. La senteur humaine prend du temps à se dissiper (ma règle d’or est de deux semaines sans visites). Les animaux doivent s’habituer à la présence de l’élément étranger.
  • Lorsque vous vérifiez un appareil, amenez quelque chose sur le terrain pour regarder les images. Par exemple, la carte SD des appareils photo de surveillance est compatible avec la plupart des appareils photo numériques ou des lecteurs de cartes. Ainsi vous pouvez vérifier immédiatement les résultats.
  • Apporter un jeu de piles supplémentaire et une carte SD de rechange est une bonne habitude. Un voltmètre est également utile pour tester le niveau des piles.
  • Soyez créatifs et essayez différentes configurations.

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Ryan Pennesi est formateur naturaliste au Wolf Ridge Environmental Learning Center à Finland au Minnesota. Après avoir étudié la conservation de la faune à l’Université du Massachusetts à Amherst, il a travaillé en tant que chef d’équipe avec le Vermont Youth Conservation Corps et comme éducateur en environnement au sein de la Student Conservation Association de l’ouest du Massachusetts. Allez jeter un coup d’œil à son blogue sur la faune au: http://wolf-ridge.org/category/trail-cam/.

Il publie aussi chaque semaine des photos à partir de ses appareils photo de surveillance que vous pouvez consulter au: http://www.facebook.com/pages/Wolf-Ridge-Environmental-Learning-Center/155083033396?fref=nf

Émilie Duo détient un baccalauréat en traduction professionnelle de l’Université de Sherbrooke et est candidate à la maîtrise en traduction de l’Université de Montréal. Elle porte un grand intérêt pour l’éducation, les langues et les cultures étrangères.

Ce qui précède est une traduction de « Eyes in the Forest » qui a été publié en Green Teacher 105, Hiver 2015.

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