Ballon-chasseur, l’attaque des espèces envahissantes
Par Kim Fulton
Traduit par Antoine Lafrance
Le but premier de cette version revisitée de ballon-chasseur est d’illustrer que les espèces envahissantes peuvent changer la face d’un écosystème très rapidement et pour toujours. C’est aussi un moyen stimulant d’éveiller l’intérêt des jeunes à l’étude des écosystèmes et des espèces envahissantes et d’amorcer avec eux la discussion sur ce sujet. En Colombie-Britannique, où je vis, certains poissons à rayons épineux, comme la perche et l’achigan, représentent une menace pour nos écosystèmes aquatiques, où vivent des truites et des saumons. La moule zébrée, la moule quagga et plusieurs espèces de plantes aquatiques comptent également parmi ces indésirables. Si vous habitez un endroit où les perches et les achigans sont des poissons de pêche courants, choisissez-en d’autres. Optez par exemple pour la carpe asiatique, le poisson rouge ou encore le poisson-serpent. Bref, pour rendre l’activité pertinente aux yeux de vos élèves, choisissez des espèces envahissantes présentes dans votre région.
Bien connu des enfants, le ballon-chasseur est un jeu populaire dont on trouve plusieurs versions. Comme il suscite parfois beaucoup d’enthousiasme, assurez-vous de bien énoncer les principales règles de sécurité avant de commencer, surtout celle interdisant les lancers au dessous de la taille. Faites également bien comprendre aux élèves qu’au moindre signal de votre part, tout le monde doit cesser de bouger.
Groupe d’âge visé : les 9 à 17 ans
Domaines d’apprentissage que touche l’activité : Science, éducation physique, sciences humaines, expression orale, mathématiques et environnement.
Note : L’intégration de l’activité à des cours déjà en place est un bon moyen de surmonter les contraintes de temps. Ensuite, un peu de planification suffit pour réussir à enseigner plusieurs choses à la fois grâce à une approche thématique.
Durée : De 35 à 60 minutes, selon le temps dont vous disposez et que vous souhaitez consacrer à la discussion de groupe. Cette activité pourrait très bien s’insérer dans un cours ou être jumelée à une autre activité.
Lieux recommandés : Terrain de soccer ou de tennis, espace ouvert et dégagé, gymnase.
Matériel requis : Cerceaux ou tapis de gymnastique et 10 à 20 ballons de volley-ball, ou tout autre type de ballons avec lesquels les élèves ne risquent pas de se blesser.
Déroulement de l’activité
Disposez les cerceaux ou les tapis tels qu’ils sont illustrés sur le schéma fourni.
Les zones de sûreté représentent l’habitat des espèces indigènes, l’extérieur de ces zones représente le lieu où elles doivent aller pour se nourrir et la zone du centre est le repaire des espèces envahissantes. C’est dans cette zone que doivent être rassemblés tous les ballons avant le début de la partie.
Choisissez un garçon et une fille qui joueront le rôle d’espèces envahissantes, et prenez bien le temps de souligner leur entrée en scène. Demandez-leur de se placer au centre, ballon en main, et de se tenir prêts. Divisez ensuite le reste des élèves en quatre groupes égaux, qui eux joueront le rôle d’espèces indigènes. Pour qu’ils s’échauffent, faites-leur faire quelques tours d’une zone de sûreté à la suivante, dans le sens des aiguilles d’une montre. Ces passages en zone non protégée représentent le moment où les espèces indigènes se nourrissent.
Faites-les maintenant s’arrêter en zone de sûreté. Tant qu’elles demeurent dans cette zone, les espèces indigènes n’ont rien à craindre. Par contre, à votre signal : « C’est l’heure de manger! », elles doivent tenter de passer d’une zone protégée à la suivante sans se faire atteindre par les ballons, lancés par les représentants des espèces envahissantes. Ces derniers ne peuvent sortir de la zone du centre que pour aller récupérer des ballons; ils doivent absolument y retourner pour les lancer. Les élèves qui sont atteints par un ballon doivent en ramasser un et rejoindre l’équipe du centre, ce qui symbolise le transfert des aliments des espèces indigènes aux espèces envahissantes. Avant chaque nouveau signal de départ, comptez combien d’élèves ont été atteints. Ces données pourront ensuite servir à faire des graphiques, par exemple.
Discussion après l’activité
Lorsqu’il ne reste que quelques représentants des espèces indigènes, mettez fin à l’activité. Encouragez les élèves à suggérer des façons de rendre le jeu plus intéressant. Discutez avec eux de l’introduction d’une espèce dans un milieu qui lui est étranger : expliquez-leur que la plupart des espèces envahissantes n’ont pas de prédateurs naturels, qu’elles se reproduisent à une vitesse folle et qu’elles prennent l’habitat et la nourriture des espèces indigènes. Elles vont souvent même jusqu’à manger ces dernières, leurs œufs et leurs petits. Demandez-leur comment certaines espèces se retrouvent dans un autre écosystème que le leur et soulignez que l’introduction de nouvelles espèces peut être accidentelle ou intentionnelle. Certaines espèces introduites dans un écosystème étranger ne sont pas envahissantes, mais beaucoup le deviennent lorsqu’il n’y a pas de régulation naturelle de leurs populations.
Avec les espèces envahissantes, le mot d’ordre est prévention. Encouragez vos élèves à sensibiliser leur entourage à ce problème et à faire eux-mêmes des gestes concrets pour ne pas y contribuer. La plupart des élèves ont déjà une inclination naturelle à étudier et à recueillir des plantes, à vouloir apprivoiser des animaux et les comprendre. Ils doivent toutefois apprendre à aller reposer tout ce qu’ils prennent dans la nature là où ils l’ont trouvé. Ils doivent aussi saisir la différence entre animal de compagnie et animal sauvage, et se rendre compte que les animaux sauvages se laissent beaucoup mieux observer dans leur milieu naturel. Lorsque des animaux de compagnie comme les poissons rouges, les lapins ou les chats sont délaissés par leurs propriétaires et rejetés dans la nature, ils peuvent devenir envahissants. Échangez avec vos élèves sur cette question. D’un point de vue éthique et environnemental, que faire avec les animaux de compagnie dont on souhaite se départir? Voici d’ailleurs une petite rime de notre cru sur l’attitude à adopter :
« Animal indompté : on ne doit pas le déranger! Animal domestiqué : on doit s’en occuper! »
Kim Fulton (alias Dr Fish) est un enseignant à la retraite. Il vit à Armstrong, en Colombie-Britannique, et y travaille comme animateur-formateur pour la Habitat Conservation Trust Foundation et le programme WildBC.
[Translator credits]
Antoine Lafrance est étudiant en traduction professionnelle de l’anglais au français de l’Université de Sherbrooke et diplômé au certificat en traduction de l’espagnol au français de l’Université de Montréal.

Leave a Reply
You must be logged in to post a comment.