Décomposition et compost : retour à la terre

Par Matthew Kemshaw
Traduit par Maria Romero
Nous mangeons tous. Peu importe qui nous sommes, où nous habitons ou ce que nous faisons, la nourriture est essentielle à notre survie. À l’école, les habitudes alimentaires des élèves nous enseignent de nombreuses leçons. La cloche de l’école, qui contraint les élèves à consommer rapidement et à jeter les restants, encourage généralement une gestion à la fois non durable et incohérente du système alimentaire. L’heure du repas constitue toutefois le meilleur moyen de comprendre notre dépendance aux plantes, aux animaux, aux champignons et aux bactéries. Grâce au processus de décomposition, nous nous rapprochons de la terre, là d’où provient justement notre nourriture. Renforcée par des expériences concrètes exploitant des organismes vivants pour produire de la terre biologique saine, l’heure du repas se transforme en une occasion de voir l’interdépendance entre la terre et les êtres vivants : une véritable séance d’apprentissage.
La création de programmes de compostage impliquant les élèves dans le processus de renouvellement approfondit notre compréhension de l’ensemble du cycle alimentaire et d’autres systèmes vivants complexes. Cet article traite de l’importance de connaître le compost comme processus et, grâce à des exemples concrets, favorise l’apprentissage du processus de décomposition.
Est-ce la fin ou le début d’un processus?
Le concept de durabilité peut être à la fois abstrait et source d’émotion. Sans un contact direct avec la nature, il est facile de se sentir dépassé par l’ampleur de cette idée. Le système alimentaire permet de se familiariser avec les concepts complexes entourant la notion de durabilité. Grâce à leur implication dans tous les aspects du cycle alimentaire, les élèves peuvent relier leurs activités quotidiennes à une compréhension approfondie des systèmes complexes.
Le terme cycle alimentaire décrit un système circulaire comprenant la production (culture et récolte), l’approvisionnement, la préparation, le partage et la gestion des déchets alimentaires. À partir du moment où la nourriture pousse près de la maison, le compost devient essentiel pour fermer la boucle du cycle alimentaire et pour le rendre durable et renouvelable. Dans la revue Research in Science Education, Ero-Tolliver et ses collaborateurs1 soutiennent que « l’enseignement du cycle biologique se termine souvent à la mort d’un organisme, et ce, même si le processus de décomposition demeure un aspect au moins aussi important pour la santé et l’équilibre de notre environnement ». Le manque d’enseignement approprié et de valorisation du processus de décomposition a donné lieu à l’idée que les déchets et la mort sont à craindre et à repousser autant que possible. Ce préjugé culturel, en ne reconnaissant pas le processus essentiel de décomposition et de renouvellement, empêche beaucoup de gens d’apprécier la valeur des cycles alimentaires.

À l’échelle mondiale, 1,3 milliard de tonnes de denrées alimentaires, d’une valeur de 1000 milliards de dollars américains2, sont gaspillées chaque année. Dans la région métropolitaine de Vancouver où j’habite, 450 000 tonnes de résidus alimentaires sont ensevelies dans les sites d’enfouissement chaque année, une quantité suffisante pour remplir 280 piscines olympiques3. La Vancouver School Board considère que 38 % des ordures de ses sites d’enfouissement sont composées de résidus alimentaires4, ce pourcentage est d’ailleurs semblable à celui de plusieurs autres secteurs scolaires d’Amérique du Nord5. Ces déchets constituent une perte significative d’énergie et le résultat néfaste d’un système alimentaire non viable. Le recyclage, même d’une petite quantité de ces déchets dans la production alimentaire régionale, constituerait un pas important vers un système alimentaire durable.
Il convient de s’interroger sur les effets pédagogiques des systèmes efficaces de récupération qui transforment les déchets organiques en sols exploitables. Même si les méthodes industrielles de compostage permettent de générer des produits utilisables pouvant circuler à nouveau dans les cycles alimentaires régionaux, elles ne permettent pas aux élèves de faire le lien avec le processus de décomposition. Les enseignants ont un rôle crucial, c’est-à-dire celui de valoriser et d’expliquer ce processus vital. La décomposition est source d’une nouvelle vie. Le fait de jeter la nourriture n’est pas une fin en soi et la façon dont le faisons nous en dit beaucoup sur nos comportements et nos valeurs. Se familiariser avec le processus de décomposition nous éclaire sur la nature interdépendante de la vie, ce qui constitue certainement un préalable à la compréhension de la notion de durabilité.
La décomposition n’est pas effrayante. Il y a de bonnes raisons d’être rebutés par un site de putréfaction des matières organiques – nous ne les mangerions certainement pas –, mais les regarder se décomposer et comprendre ce processus ne nous fera pas mal. Pendant des générations, la culture occidentale a cherché à « cacher » les matières organiques en décomposition et nous en sommes venus à dévaloriser la pourriture. Notre sentiment naturel de dégoût a été amplifié par la même occasion. Nous avons oublié que lorsque les êtres meurent, ils entament un étonnant et complexe processus de décomposition. Selon Ero-Tolliver et ses collaborateurs, dans les programmes d’enseignement de plusieurs écoles élémentaires d’aujourd’hui, « la décomposition est vue comme la fin de la vie et non comme une étape d’un processus ».
Le compostage à l’école
Dans les dix dernières années, j’ai travaillé à la fois comme chercheur et comme enseignant en environnement à Victoria et à Vancouver, en Colombie-Britannique. Je soutenais les initiatives des enseignants, tout en cherchant une manière d’intégrer convenablement la notion de décomposition dans une classe. Des 108 écoles publiques de Vancouver, au moins 39 font un peu de compostage sur place. Bien que tout effort pour composter les résidus alimentaires sur les terrains d’école soit une bonne initiative, il y a des obstacles importants à surmonter avant de mettre en place un système adéquat de compostage des résidus alimentaires à l’école. Dans cet article, je décris les éléments dont il faut tenir compte pour créer un système de compostage efficace dans la cour d’école. Je présente aussi quelques réflexions sur la manière dont les enseignants pourraient utiliser ce système pour aborder d’un œil critique le processus de décomposition dans leur mode d’enseignement.
La gestion par les élèves
Les « groupes verts » d’élèves ont souvent un rôle crucial pour inciter la collectivité scolaire à composter. Dans le modèle proposé, les élèves recueillent et gèrent les résidus alimentaires à partir de bacs situés dans la cafétéria, la salle à manger et les classes qui participent au projet. La cafétéria est souvent le meilleur endroit pour commencer la collecte de matière compostable, parce qu’il est facile de séparer les déchets végétaux des viandes et des huiles plus difficiles à composter. À l’école primaire, où les cafétérias sont rares, les enseignants qui appuient l’initiative de compostage deviennent des ressources inestimables : ils aident les élèves à utiliser correctement les bacs de collecte des classes ou des salles à manger. Le compost issu des programmes lancés par les étudiants est traité dans un système de compostage à trois bacs placés l’un à côté de l’autre; ces contenants mesurent un mètre cube (d’autres composteurs domestiques ou des récipients de grande taille peuvent aussi s’avérer efficaces). Précisons qu’il est important de s’assurer que le système de compostage de l’école est en mesure de traiter la quantité de résidus recueillis. Un système de compostage modulaire est donc à privilégier, car il suffit d’ajouter un bac pour l’agrandir. Un autre point important pour gérer le compost de manière efficace est de s’assurer qu’une quantité adéquate de carbone (habituellement des feuilles ou du papier déchiqueté) est mélangée aux résidus alimentaires, qui, eux, contiennent une certaine quantité d’azote.
Le système de collecte des élèves devient souvent viable grâce aux efforts investis pour systématiser la collecte de compost. En donnant la responsabilité de la collecte au « groupe vert » de l’école ou en l’incluant dans l’apprentissage obligatoire des élèves du primaire (deux exemples fréquents), les élèves assurent une réussite à long terme de leurs systèmes. Donner la responsabilité de la collecte de compost à un ou à plusieurs groupes d’élèves garantit la longévité du programme pour de nombreuses générations d’élèves. D’autant plus que la systématisation favorise la pérennité d’un programme de collecte de compost après le départ des élèves qui ont lancé le projet.
Plusieurs programmes de compostage efficaces dirigés par des élèves sont soutenus par des organisations telles que des centres communautaires, des groupes de quartier et des organisations environnementales. Ce type d’aide extérieure est relativement facile à trouver étant donné que de nombreux groupes communautaires recherchent différentes façons d’encourager les jeunes de leur région et souhaitent s’impliquer dans les activités de l’école de leur quartier. Ces appuis extérieurs permettent d’ailleurs d’augmenter considérablement la connaissance du compostage dans le milieu scolaire.

En tant qu’enseignants, nous pouvons encourager les élèves à mettre en place des programmes durables de collecte de compost dans nos écoles en rappelant l’importance du processus. Il nous semble important que les responsables soient curieux de connaître ce processus et qu’ils aident les élèves à percevoir la beauté et la complexité du phénomène qui transforme une pelure de banane en terre. J’ai été souvent témoin de programmes de compostage bien gérés, où les élèves et le personnel enseignant avaient une forte aversion à regarder à l’intérieur des bacs de compost. D’où l’importance d’éveiller la curiosité de chacun à ce qui se passe là-dedans!
À l’aide d’un microscope et d’une loupe, prenez le temps de découvrir quels organismes vivent dans votre compost. Pour ce faire, répandez le compost sur de grandes feuilles ou des bâches, puis donnez aux élèves des gants et des bâtons pour qu’ils puissent fouiller à leur guise. Surveillez l’évolution de votre compost. Observez comment les différents résidus se décomposent selon les différents environnements. Prenez le temps de réfléchir et de vous questionner. Notez que la terre peut paraître différente d’un endroit à l’autre, alors regardez deux fois plutôt qu’une. N’oubliez pas qu’Internet et la bibliothèque de votre école ou de votre quartier contiennent des ressources faciles à comprendre pour vous aider à commencer votre compost. Aussi, les jardins et groupes communautaires offrent souvent des ateliers de compostage aux débutants. Un jour, si vous êtes curieux et intuitifs, vous deviendrez un expert en compostage!
Le compostage en classe
En réalité, comme plusieurs ardents défenseurs du compost en milieu scolaire le mentionnent, il est difficile de composter à l’école. Les voisins peuvent y jeter leurs résidus, ce qui rend problématiques la gestion du système et le contrôle des parasites. Étant donné la charge de travail déjà considérable de certains enseignants, composter dans la cour d’école devient impossible à gérer. La solution? Se tourner vers les systèmes de compostage en classe. Plusieurs enseignants adhèrent au lombricompostage, un système de compostage pratiqué à l’intérieur qui fait appel aux vers de terre pour la décomposition des déchets. C’est une façon amusante, propre et relativement facile de composter les résidus organiques directement dans la classe. La terre que les élèves produisent dans leur classe peut être utilisée pour faire pousser de petites plantes sur les rebords lumineux des fenêtres ou dans de petits jardins de l’école. De plus, les plantes produites peuvent facilement être incorporées à une salade.
Au-delà de l’apprentissage du cycle alimentaire, un bac de lombricompostage d’une classe fournit un bon exemple du processus de décomposition, auquel on peut se référer toute l’année scolaire. En voyant comment les cœurs de pommes se décomposent selon l’environnement, les élèves du primaire comprennent plus facilement le rôle que jouent les vers et les autres micro-organismes et macro-organismes dans la décomposition. Grâce à des échantillons de terre apportés de leurs maisons, les élèves peuvent comparer différents types de sols et apprécier la diversité des mécanismes qui entrent en jeu dans la formation de chaque sol. En regardant les résidus de nourriture se transformer à l’intérieur du bac de lombricompostage, les élèves comprennent mieux le processus de décomposition. Vous pouvez même examiner les champignons, les bactéries et les invertébrés qui s’activent dans le compost. Dans les écoles secondaires, les élèves et les enseignants conçoivent des expériences et effectuent des recherches pour stimuler l’apprentissage actif du processus de compostage, tout en répondant aux objectifs de base du programme. Ces techniques sont valables non seulement pour le lombricompostage, mais aussi pour le compostage domestique à l’extérieur.

Une approche globale pour l’école
Il existe des exemples inspirants d’écoles qui ont réussi à créer des programmes pour ramasser les résidus de nourriture dans presque toutes les classes et la cafétéria de l’école pour en faire du compost. Des programmes de compostage aussi complexes ne peuvent être mis en place que par un enseignant véritablement motivé qui bénéficie de l’appui de quelques collègues. La conception du programme et la recherche d’information sur le compostage sont souvent des initiatives d’organisations extérieures, toutefois la direction de l’école doit appuyer le projet, au moins d’un point de vue philosophique. Tout comme dans l’exemple du programme lancé par les élèves, il est important que la collecte de résidus soit institutionnalisée dans la culture de l’école pour assurer la durabilité dans une approche globale. Regrouper les bacs de collecte là où la majorité des résidus de nourriture se trouvent constitue une autre façon de créer un système efficace. Essayer de faire participer plusieurs personnes dans l’école n’est pas la meilleure approche. Il est préférable d’opter pour la création de processus simples et reproductibles pour des groupes spécifiques.
Lorsque la collecte de résidus se fait dans toute l’école, le compostage s’intègre dans la philosophie de la communauté scolaire. Selon mon expérience des systèmes de compostage en milieu scolaire, il y a toujours un jardin où le compost est mis en valeur. Les écoles qui réussissent bien organisent par exemple une grande fête de la récolte pour célébrer l’apport de la collectivité à la création d’un cycle alimentaire durable. Dans ces écoles, les élèves et les enseignants engagent régulièrement des discussions sur le compostage. Les enseignants disent que les élèves savent que la terre produite avec les résidus de nourriture est utilisée pour enrichir de nutriments le sol du jardin où ils cultiveront des aliments pour leur consommation. Cela ne veut toutefois pas dire qu’ils ont une bonne compréhension du processus de décomposition.
Même les méthodes novatrices de compostage scolaire négligent souvent de bien expliquer la façon dont se produit la décomposition. En indiquant adéquatement dans quel bac jeter les différents résidus, les programmes de collecte de compost perpétuent souvent l’idée que jeter des résidus constitue la fin d’un processus. Puisque de tels programmes diffusent des communications à l’échelle de l’école, y compris dans les assemblées scolaires, une bonne amélioration serait d’inclure au moins une introduction au processus de décomposition dans ces communications. J’encourage les écoles ayant des programmes de compostage à se donner en plus l’objectif de créer une culture de curiosité autour du processus de décomposition.
Rendre le gaspillage de nourriture illégal
Plusieurs collectivités doivent faire face à de nouveaux obstacles pour éliminer les résidus de toute une région de manière sécuritaire. Alors que les sites d’enfouissement ont atteint leur pleine capacité et que les sociétés exigent des infrastructures de plus en plus écologiques, plusieurs municipalités mettent en place des politiques et des programmes de collecte de matières organiques pour réduire les déchets acheminés aux sites d’enfouissement. Ces initiatives permettent de détourner les résidus alimentaires de ces sites en les transportant vers de grandes installations de compostage. L’industrie de la manutention des déchets évolue rapidement pour répondre à cette nouvelle demande. Plusieurs compagnies offrent maintenant de placer des bacs pour récupérer les matières compostables à côté des bacs de recyclage et d’autres résidus.
Ici, à Vancouver, le conseil scolaire a récemment pris des mesures pour déployer un programme de réacheminement des matières organiques qui sera disponible dans toutes les installations du territoire en 2015. Le programme a été créé pour s’assurer que la commission scolaire respecte l’interdiction récemment instaurée dans la région métropolitaine de Vancouver de jeter des résidus de nourriture et d’autres matières organiques dans les sites d’enfouissement. En effet, au début de 2015, il est devenu illégal de jeter des restes organiques dans les poubelles de la région métropolitaine de Vancouver. Ce genre de politique a été adopté par plusieurs villes d’Amérique du Nord et étudié par plusieurs autres villes pour détourner les déchets organiques des sites d’enfouissement. Les écoles et commissions scolaires envisagent aussi d’intégrer la collecte de matières organiques aux contrats de gestion des déchets. Il faudra étudier l’incidence de ces programmes de collecte sur l’apprentissage des élèves et voir comment ils peuvent soutenir les projets de compostage déjà en place, ou leur nuire.
Les programmes institutionnels de collecte de compost dans les écoles présentent de réels avantages. Ils permettent le compostage efficace de tous les déchets organiques, ce que même les programmes actuels les plus performants ne permettent pas (en partie en raison du défi que représente le compostage en toute sécurité de grandes quantités d’os et de viande sur place). L’adoption de programmes institutionnels de collecte représente aussi une occasion de mettre en évidence les différentes techniques de recyclage de résidus organiques (de la récupération domestique à la récupération industrielle). Elle fait aussi ressortir les avantages et les désavantages de chacune. Ces programmes donnent la chance aux enseignants de comprendre les réalités écologiques, sociales et économiques de différents procédés de compostage. La nécessité d’utiliser des méthodes mixtes de compostage reflète une réalité municipale et soutient le programme d’études qui étudie les problèmes liés aux flux de déchets dans la collectivité. Plus important encore, la collecte institutionnelle de compost rend le compostage facile et efficace et permet aux enseignants d’amorcer des conversations sur le cycle alimentaire et sur le rôle important du compost pour boucler ce cycle.
Les avantages du compostage institutionnel s’accompagnent de divers défis. Il peut par exemple réduire la conscience qu’ont les gens du processus de compostage. Les résidus organiques sont simplement emportés par des camions, au même titre que les déchets et la récupération. Le fait de diriger le compost vers des infrastructures de production industrielle réduit l’urgence et la volonté de prendre des initiatives de compostage à l’école et peut avoir une incidence sur les programmes de compostage existants. Bien que le compostage institutionnel soit une excellente solution aux questions des résidus régionaux, j’ai constaté que cette pratique nuit aux individus et aux programmes qui préconisent une approche éducative progressive à la décomposition. Les programmes de base de collecte des résidus organiques ne font certainement pas la promotion d’un engagement sérieux envers le processus de compostage. De plus, ils ne mettent souvent pas en évidence les résidus alimentaires comme pièce importante du cycle alimentaire.
En fin de compte, il appartient aux enseignants de choisir un programme de compostage qui favorise l’obtention des résultats souhaités. Il est préférable que les intervenants travaillent ensemble pour intégrer l’enseignement du cycle alimentaire et de la décomposition dans les systèmes de collecte institutionnalisés. Les ressources, les appuis et les conseils peuvent être offerts par la commission scolaire lorsque les programmes sont lancés. Ainsi, les enseignants peuvent travailler conjointement pour encourager l’apprentissage du processus de la décomposition et du cycle alimentaire dans la mise en œuvre de leur nouveau programme de collecte de compost. Les élèves peuvent aider la collectivité scolaire à comprendre le processus en jeu dans les bacs de collecte de compost de leur école en donnant l’exemple et en dirigeant des ateliers de formation communautaire.
Plusieurs profs verts de Vancouver craignent que leurs collègues et la direction n’appuient pas ces programmes de compostage. Ils appréhendent aussi d’être laissés à eux-mêmes avec le surplus de travail que cela occasionnera pour enseigner ce processus pourtant vital de décomposition. Plusieurs de ces enseignants pensent qu’il serait très utile d’informer préalablement les personnes concernées sur les programmes de collecte de matières organiques prévus. Il est aussi important que chaque membre de la collectivité scolaire soit d’accord et accepte la responsabilité de chacun en ce qui concerne le déploiement des programmes de collecte de matières organiques de l’école. Les commissions scolaires ont un rôle important à jouer pour faciliter les communications, et la direction de l’école doit montrer clairement que l’enseignement du compost est une priorité.
Même les enseignants dévoués au compostage négligent souvent de le voir comme un processus de décomposition. En classe, l’enseignement du compost tend à se concentrer sur les avantages environnementaux de la réduction des déchets, montrant les résidus organiques comme un autre type de déchets à la fin de sa vie. Notre peur socialement préconçue de la mort a créé un héritage culturel qui amplifie grandement notre répugnance naturelle pour la décomposition. Ces barrières sociales se combinant aux défis structurels rendent difficile la production de compost dans les écoles. Si nous voulons fermer la boucle du cycle alimentaire, nous devons surmonter ces difficultés par l’exploration et la compréhension du processus vital de la décomposition.
Les élèves mangent en moyenne trois fois par jour, et au moins un de ces repas est consommé à l’école. Les enseignants ont donc une occasion inouïe de provoquer des débats sur les systèmes alimentaires durables avec les élèves. En comprenant qu’une pelure de banane n’est pas uniquement la fin d’une collation, mais plutôt le début d’un processus essentiel à la vie, les élèves acquièrent des outils conceptuels leur permettant de se voir comme des êtres interdépendants. La décomposition est un processus qui relie de manière concrète la nourriture que nous mangeons à la terre où elle pousse. L’enseignement efficace du compostage honore et encourage ce processus fondamental et favorise une culture de la curiosité et du respect pour le miracle de la décomposition.
Matthew Kemshaw est responsable du développement de la recherche du projet Think&EatGreen@School, à Vancouver, en Colombie-Britannique. Ce projet, qui vise à mettre en place des systèmes alimentaires scolaires sains et durables en facilitant la recherche-action, permet aux élèves, aux enseignants et aux décideurs politiques d’influer sur la provenance de leurs aliments et leurs méthodes de production. Pour obtenir des renseignements supplémentaires, visitez notre page Web www.thinkeatgreen.ca ou communiquez avec l’auteur de cet article par courriel matthewkemshaw@gmail.com.
Maria Romero, infographiste, est diplômée du baccalauréat en traduction professionnelle de l’Université de Sherbrooke, au Québec. Elle compte se spécialiser dans le domaine de la localisation de sites Web et de logiciels de l’anglais vers le français ou l’espagnol.
Notes
- ERO-TOLLIVER, Isi, Deborah LUCAS et Leona SCHAUBLE. Young Children’s Thinking About Decomposition: Early Modeling Entrees to Complex Ideas in Science. Research in Science Education, 2013. L’hyperlien mène à cet article http://www.academia.edu/6541640/Young_Childrens_Thinking_About_Decomposition_Early_Modeling_Entrees_to_Complex_Ideas_in_Science
- PROGRAMME DES NATIONS UNIES POUR L’ENVIRONNEMENT. Prevention and reduction of food and drink waste in businesses and households: Guidance for governments, local authorities, businesses and other organisations, version 1.0, 2014. Cet article est disponible à l’adresse suivante http://www.fao.org/fileadmin/user_upload/save-food/PDF/Guidance-content.pdf (en anglais seulement).
- DISTRICT RÉGIONAL DU GRAND VANCOUVER. Integrated Solid Waste and Resource Management : A Solid Waste Management Plan for the Greater Vancouver Regional District and Member Municipalities, 2010. Ce document est disponible à l’adresse suivante http://www.metrovancouver.org/services/solid-waste/_layouts/15/WopiFrame.aspx?sourcedoc=/services/solid-waste/SolidWastePublications/ISWRMP.pdf&action=default&DefaultItemOpen=1
- VANCOUVER SCHOOL BOARD. Resource use and waste reduction action plan, éd. rév., 2011. L’hyperlien suivant donne accès au document http://www.vsb.bc.ca/sites/default/files/publications/VSB%20WASTE%20Action%20Plan.Draft%203.3.pdf (en anglais seulement).
- END FOOD WASTE NOW.ORG. Schools, 2013 Ce site est accessible à l’adresse suivante http://www.endfoodwastenow.org/index.php/issues/issues-schools
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