Le questing : Une quête vers les trésors communautaires

Par Steven Glazer
Traduit par Nathalie H. Gagnon
Niveaux : 3e à 8e année
Matières : sciences sociales, langues, arts visuels
Compétences : observation, recherche, dessin, utilisation et construction de cartes, utilisation de ressources primaires et secondaires, collecte d’histoires orales, écriture
Lieux : intérieur et extérieur
Temps : 10 à 12 leçons intensives sur une période 2 semaines ou réparties sur une période de 4 à 8 semaines.
Se prélassant dans un brillant soleil d’automne, deux personnes se promènent le long d’une route de campagne à Norwich, au Vermont. Elles lisent et suivent des indices écrits sous forme de vers sur une carte dessinée à la main :
Marchez vers le sud-est depuis la chapelle.
Où se trouvait une maison, des arbres regorgent de pommes belles.
Ici, un moulin prenait place où l’on produisait le cidre au pressoir.
C’est la pause, marchez jusqu’au coin, venez voir.
À Chelsea, à quelques villes au nord-est, des enfants courent au-devant de leurs parents. Au son d’indices qui riment, ils cherchent une lettre de l’alphabet qui se trouve sur un édifice public :
Sur South Common, levez les yeux et vous verrez
Aussi brillant que le soleil un dôme doré.
Faisant de Shiretown, un endroit particulier.
Les audiences judiciaires préservent la liberté et la sécurité.
Regardez sous le dôme et découvrez une lettre qui apparait dans chacun des trois mots : Inscrivez-la ici : _____
Mais que peuvent bien faire tous ces gens? Ils font du questing!
Le questing est apparu il y a 150 ans lorsqu’un Anglais du nom de James Perrot cacha un pot qui contenait sa carte de visite à Cranmere Pool, dans le Dartmoor. Ainsi, les marcheurs qui venaient terminer leur randonnée à Cranmere Pool et qui y flânaient assez longtemps pouvaient découvrir cette « boite au trésor » cachée. Elle contenait une récompense, une invitation leur offrant la chance de visiter monsieur Perrot et d’échanger avec lui quelques civilités. Au cours du siècle et demi qui suivra, les boites au trésor feront leur apparition partout dans le Dartmoor. Cette tradition est connue sous le nom de letterboxing, une activité qui implique des messages dans des boites aux lettres et dont la forme évoluera pour inclure des énigmes, des indices écrits en vers, des plans faits main, des livres de signatures et d’uniques tampons de caoutchouc sculptés à la main, spécifiques aux sites des quêtes. De nos jours, des milliers de boites sont cachées dans la région du Dartmoor ou dans ses alentours, et des milliers de gens partent en quête, à leur recherche. Ils sont guidés par des indices qui riment et découvrent, à l’aide de ceux-ci, de multiples histoires sur cet endroit fascinant.
David Sobel, un éducateur, a observé ce phénomène unique du Dartmoor en visitant le sud de l’Angleterre en 1987. Il a rapporté l’idée du letterboxing en Nouvelle-Angleterre, où il a contribué à la transformer en questing, un programme d’éducation fondé sur la communauté et le sentiment d’appartenance à un lieu. Des étudiants ainsi que des groupes communautaires provenant de l’Upper Valley du Vermont et du New Hampshire ont créé plus de 175 quêtes différentes. Elles mènent les gens vers des sites comme des points d’observation sur des collines, des arbres préférés, des cimetières oubliés, des villages historiques, d’anciens moulins, des forêts, des zones humides et plus encore1.
Pour chaque quête, les élèves ont rédigé des indices sous forme de vers et dessiné à la main des cartes pour guider les gens qui prendront part à l’activité de questing. Ils ont aussi caché des boites « au trésor » qui contiennent des albums, des livres de signatures et des tampons de caoutchouc. Les enfants, les familles ainsi que les adultes partent à la recherche des boites cachées pendant qu’ils découvrent le paysage et l’héritage d’une communauté. Des familles s’adonnent au questing lors de sorties pendant leurs vacances et pour des fêtes d’anniversaire pour enfant. Les parents éducateurs qui font l’école à domicile, les garderies et les écoles publiques utilisent le questing comme excursion à fin éducative. Les adultes de la région et les touristes aiment eux aussi les quêtes. Tous ces gens bénéficient du travail effectué par les élèves et apprennent grâce à eux.
Comment fonctionne le questing
« La sagesse réside dans les lieux », a écrit l’anthropologue Keith Basso, en citant un ainé apache. Mais, qu’est-ce que cela signifie? Les lieux, il me semble, sont des endroits physiques, des environnements d’expériences, dans lesquels des éléments spécifiques sont rassemblés, où des évènements particuliers ont pris place en laissant des empreintes qui persistent.
Peu importe où vous vivez, votre communauté regorge de lieux intéressants. Dès que vous commencerez à enquêter, vous découvrirez que chaque site est composé de petits éléments regroupés dans de plus grandes configurations reconnaissables, elles révèlent les histoires de votre communauté. Les histoires peuvent être géologiques ou géographiques, des récits de mouvements humains et de colonisation, de quartiers distinctifs ou d’industries, de la flore et de la faune indigènes. Par exemple, il est possible de trouver dans notre région une dépression naturelle dans laquelle s’accumule l’eau de pluie et de la fonte des neiges et où les amphibiens pondent leurs œufs : la mare printanière. Un autre exemple : tous les bâtiments de ce village sont faits de briques et datent des années 1830 et 1840. Prenez une poignée de terre de cette colline; que touchez-vous ? C’est de l’argile : c’est ici que se trouvait la briqueterie de notre communauté.
Chaque site possède de tels indices reliés à son histoire naturelle ou humaine, et, au fur et à mesure que vous les découvrez, ils se lient et s’articulent. Grâce au travail de terrain et à la recherche communautaire, les histoires de nos lieux peuvent être cartographiées et partagées. Par exemple, des élèves de 4e année travaillaient sur le terrain à Lyme au New Hampshire et ils ont trouvé les pierres tombales d’Abigail et de Samuel Hovey dans le cimetière. En faisant une recherche dans Patterns and Pieces, une histoire de la ville, les élèves ont appris que les Hovey sont déménagés à Lyme en 1772. Ensuite, en examinant diverses cartes communautaires provenant d’une période couvrant deux siècles, les élèves ont constaté qu’il y avait déjà eu une île qui s’appelait Hovey. Ils ont réussi à suivre l’évolution du nom et de la taille de l’île au fil du temps, puis, ils ont transformé cette découverte en ces vers et les ont partagés au moyen d’une quête :
Abigail et Samuel Hovey sont venus à Lyme aussi.
En 1772, ils déménagèrent ici.
L’île Hovey se trouvait dans la rivière Connecticut.
À présent, elle s’appelle Grant’s, mais elle est plus petite*.
*À la construction du barrage Wilder, le niveau de l’eau de la rivière Connecticut s’est élevé de 14 pieds; l’île Hovey s’en est trouvée réduite.
Étudier une communauté et la bâtir
À première vue, une quête semble plutôt simple : des indices qui riment, une carte faite à la main, une boite au trésor cachée. Détrompez-vous. Dissimulé derrière une façade de plaisir se trouve un programme d’enseignement de l’histoire communautaire qui favorise le sentiment d’appartenance. Les quêtes se concentrent sur trois aspects : (1) cartographier les atouts culturels et naturels de notre communauté, un endroit spécial pour nous, ( 2) enseigner l’histoire locale par des moyens intégrés, multisensoriels et expérimentaux, (3) approfondir les interrelations communautaires entre les enfants et les adultes, les écoles et les communautés, les nouveaux arrivants et les anciens, et entre les différents membres de la communauté.
Dans le nord de la Nouvelle-Angleterre, l’exploration de nos villages ouvre la voie à des études sur l’histoire locale et l’héritage d’une communauté, ainsi que sur le lien entre les histoires locales et les histoires nationales de plus grande envergure, telles que celles qui concernent : l’immigration, les mouvements humains et la colonisation, la technologie et les transports. D’autres groupes ont utilisé les quêtes pour étudier les arbres, les forêts, les zones humides, les étangs de castors et les mares printanières. Presque n’importe quel lieu et n’importe quelle histoire peuvent être étudiés, cartographiés, et partagés au moyen du questing, parce que les quêtes peuvent être conçues et adaptées afin d’explorer une grande variété d’endroits. Ce qui suit constitue un aperçu d’une quête de quartier ou de village.

« The Beal Cemetery » à Lyme au New Hampshire.
1. Préparer à la création d’une quête
Avant de commencer à travailler avec vos élèves, essayez de porter une attention particulière à votre environnement. Jetez un coup d’œil à une carte topographique contemporaine de votre communauté. Empruntez des routes moins directes pour vous rendre à l’école. Lors de vos déplacements, cherchez des indices du passé : d’anciens bâtiments, des bâtiments agricoles, des bâtiments situés à proximité des routes, des cimetières, des écoles, des moulins, des manufactures, etc. Regardez si vous pouvez voir des similarités entre les matériaux utilisés dans la construction des immeubles ou les styles architecturaux.
Ensuite, tentez de trouver au moins une carte historique de votre ville ou de votre village. Comparez-la à une carte plus récente, vous allez inévitablement remarquer ce qui a déjà été (ou semblait l’être) et ce qui est maintenant (ou parait l’être). Une carte plus ancienne pourrait par exemple montrer jusqu’à une trentaine d’écoles ne comptant qu’une seule classe plutôt que l’unique complexe qui constitue l’école publique actuelle. Regarder des cartes de périodes différentes du même endroit soulève plusieurs questions qui pourraient faire l’objet d’enquêtes supplémentaires : Qu’est-ce que la « Poor Farm » ou la « Tannery »? Est-ce que « Cole Hill » est nommée ainsi à cause de la famille Cole? Qui étaient les Cole? Quand ont-ils vécu? À quel moment le chemin de fer a-t-il été construit? Quel effet a eu sa construction?
Recherchez une histoire de votre communauté à la bibliothèque municipale. J’ai l’habitude d’ouvrir, au hasard, un livre sur le sujet et de le feuilleter jusqu’à ce que je découvre une histoire qui me captive. Ensuite, impatient d’en apprendre plus, je reprends du début et simultanément, j’examine autant de sources parallèles que je peux trouver. Ce processus d’initiation aidera à lier des sites spécifiques à des histoires ou des évènements communautaires importants.
Enfin, si votre communauté possède un musée du village ou une société d’histoire, organisez-vous pour les visiter. Demandez de faire une visite guidée orientée vers les différentes sources primaires et secondaires disponibles. Si c’est possible, marchez dans un ou plusieurs de vos quartiers en compagnie d’un résident de longue date.
À ce stade, ce que vous êtes en train de faire, c’est d’enquêter par vous-même; vous apprenez quelles ressources sont disponibles pour vous aider dans votre projet : les partenaires potentiels, les lieux où effectuer des sorties sur le terrain, les sources d’information. Vous vous laissez inspirer et faites le plein de l’esprit des lieux.

les gens en quête sur des itinéraires de découvertes.
Par Vital Communities

2. Apprendre à voir les villages
Faites une grande photocopie (11 po x 17 po, environ 28 cm x 43 cm) d’une ancienne carte de votre communauté ou de votre ville (F.W. Beers & Company a cartographié la plupart des villes de notre région pendant la période de 1865 à 1875). Laminez la photocopie et coupez-la en autant de parties que vous avez d’élèves (voir l’exemple). Distribuez une partie à chaque élève en leur demandant de l’examiner et de considérer ce qu’ils sont en train d’observer. Ensuite, stimulez la découverte en posant diverses questions et en y répondant ensemble, comme dans l’exemple suivant :
Qu’est ce que nous regardons? Une carte. Une carte de quoi? De notre ville. Comment le savez-vous? Je reconnais…
Est-ce que d’autres l’aperçoivent? Quelles sont les choses que vous apercevez sur votre partie? Je vois un ou une…
Est-ce que quelqu’un peut trouver ceci? Qui parmi vous voit une école sur son morceau de carte? (Comptez les mains levées.)
Continuez à poser des questions, en aidant les élèves à lire des cartes, à déchiffrer des symboles, à travailler avec les légendes des cartes et à reconnaitre ce à quoi leur communauté ressemblait autrefois. Encouragez-les à apprendre l’un de l’autre de quelle manière identifier les différentes caractéristiques de la carte. À quoi ressemble un ruisseau sur une carte? Un ruisseau est représenté par une ligne simple. À quoi ressemble une route sur une carte? Une route est représentée par une ligne double. Que représente l’oursin aplati? Ah, c’est une colline!
Lorsque vous sentez que vous avez épuisé les possibilités, invitez les élèves à mettre les parties de la carte ensemble… en silence. Ensuite, donnez à chaque élève une copie de format registre de la carte de la communauté, la même qu’ils viennent d’assembler. Après avoir bien examiné la carte, pour se faire une vision d’ensemble, en silence pour quelques minutes, faites une séance de remue-méninges en groupe et dressez une liste des caractéristiques clés (par exemple : rivières, écoles, routes, ponts) sur lesquelles ils aimeraient enquêter. Ensuite, demandez-leur de rechercher les caractéristiques naturelles et culturelles clés et de leur attribuer des codes en utilisant des crayons de couleur ou des surligneurs.
3. Enquêter sur votre village
Utilisez un photocopieur pour agrandir une section de votre carte communautaire. Concentrez-vous sur un seul village ou quartier afin que cette partie de la carte remplisse un des côtés d’une feuille de papier de format légal (8 ½ po x 14 po). Au Vermont et au New Hampshire, beaucoup de villages ressemblent davantage à des intersections qui peuvent comporter une église, une vieille école, un magasin général ou un bureau de poste, un cimetière, un ou deux ponts et une concentration de maisons. Pour votre projet de quête, un quartier ou une superficie couvrant quelques pâtés de maisons (quelques centaines de mètres carrés) devrait vous fournir amplement d’informations.
La prochaine étape consiste à considérer une seule partie de la ville et à découvrir comment elle a changé avec le temps. Faites une sortie avec les élèves jusqu’à cette section de la ville et, à pied, allez vous y promener. Au début de votre exploration, aidez les élèves à s’orienter tant dans leur environnement que sur leur carte. Où se trouve le nord? Qui peut trouver la rivière sur la carte? Certains élèves auront plus de difficulté que d’autres, mais chacun, à son tour, aura un moment de prise de conscience lorsqu’il ou elle commencera à s’orienter et à faire des liens. Assurez-vous de demander aux élèves de codifier avec les couleurs et d’annoter leur carte au fur et à mesure qu’ils explorent, en notant ce qui existe encore, ce qui a disparu et ce qui semble être nouveau. Demandez-leur de faire des observations concrètes, comme : « cette maison a quatre colonnes », et de consigner des notes d’excursion, comme : « la carte de 1877 montre une maison du nom de “Cook” sur tel coin, mais, aujourd’hui, il n’y a plus de bâtiment sur ce coin, seulement des peupliers ». Incitez-les à réfléchir aux changements survenus, et ensuite discutez des causes potentielles de ces changements.
4. Dessiner votre village
Maintenant que vous avez terminé l’exploration initiale du site, vous pouvez commencer à « apprivoiser » votre lieu. Séparez la classe en groupes de deux ou de trois élèves : chaque groupe se concentrera sur un seul élément du village, une maison ou une boutique, par exemple. Demandez aux élèves de dessiner les élévations (ex. : façade de magasins) ou les éléments de leur site en détail (ex. : un signe, une porte ou un autre élément architectural), et puis d’en rédiger la description en prose. Fournissez aux élèves des crayons, des gommes à effacer ainsi que des fiches (de 5 à 7 po, environ de 12 à 18 cm) pour travailler afin que tous les dessins soient de tailles similaires. Cette caractéristique prend son importance quand vient le moment d’intégrer tous les dessins dans la carte de la quête. Les élèves peuvent même prendre des photos numériques de leur site dans le but de pouvoir améliorer leur dessin lorsqu’ils seront de retour en classe.
Le temps consacré au dessin permet aux élèves de maintenir leur concentration, aux motifs de ressortir et aux expériences personnelles de se manifester. Le dessin encourage aussi les élèves à établir un lien avec le site et à s’investir davantage dans la phase de recherche. Lorsque le regard des élèves fait un perpétuel va-et-vient de la main au papier et du papier au lieu, un sentiment d’intimité et d’attachement émerge.
5. Cartographier votre village
Une fois les croquis préliminaires terminés, invitez les élèves à parfaire leurs dessins et, ensuite, tracez-les à l’encre (ceci aidera à assombrir les dessins et améliorera la qualité des photocopies). Lorsque les dessins sont terminés, asseyez-vous en cercle sur le sol et créez une carte de votre village dans l’espace au centre. Demandez aux élèves de placer les repères en premier afin de définir l’espace. Vous pouvez utiliser du papier construction pour les collines, du ruban masque pour les routes, de la ficelle ou du ruban adhésif pour les ruisseaux. Une fois la configuration terminée, commencez à ajouter, un à la fois, les bâtiments : les dessins des élèves. Puisqu’ils travaillent et apprennent ensemble, ils auront possiblement à déplacer certains des éléments de la carte.
Lorsque tous les bâtiments sont placés sur le sol, posez aux élèves ces questions importantes : Cette carte est-elle complète? Que pourrions-nous y ajouter afin qu’elle représente vraiment notre site? Faites une séance de remue-méninges pour dresser une liste. Cette dernière pourrait contenir des arbres, des plantations, des panneaux de signalisation, des bornes d’incendie, des bancs, des gens, des voitures, des montagnes, des rivières et de la couleur.
Si vous avez le temps, vous pouvez retourner sur le terrain et faire des dessins supplémentaires ou, les élèves peuvent les faire de mémoire.
Redimensionnez le dessin perfectionné en utilisant un photocopieur ou un scanneur. Créez ensuite une carte finale en collant les images réduites sur une grande feuille de papier de format registre. Généralement, les dessins des élèves sont réduits à un format d’environ 4 cm x 5 cm (1 ½ po x 2 po). Ils peuvent aussi être utilisés à titre de bordure décorative pour encadrer la carte.


Les quêtes renforcent les relations entre l’école et la communauté et elles fournissent des moyens significatifs de stimuler l’interaction entre les enfants et les ainés.
6. Faire des recherches sur votre village
À présent que vos élèves ont une connaissance générale de leur milieu et qu’ils sont plus curieux, particulièrement à propos d’un élément plus spécifique du site, la prochaine étape est de les amener visiter la bibliothèque municipale, le conseil de ville (bureau municipal), le musée ou la société d’histoire afin qu’ils découvrent le matériel source qui peut les aider à en apprendre davantage sur le village choisi. Avant de faire cette visite avec toute la classe, allez-y en compagnie d’un ou de deux élèves volontaires. En moins d’une heure, vous découvrirez de nombreux documents intéressants : les chartes et les cartes de la ville, les répertoires toponymiques du comté, les atlas, les livres d’évaluations fiscales, les registres des cimetières, les lettres anciennes, les grands livres, les articles de journaux et les photographies.
Une fois que vous aurez trouvé assez de sources, concentrez-vous sur les quatre à six meilleures. Pour chacune, formulez quelques questions qui encourageront les élèves à explorer. Par exemple : en utilisant le grand livre comptable du magasin Thorton’s Store, trouvez le nom d’une personne qui est allée y faire des achats en novembre 1920. Nommez trois articles que cette personne a achetés. Combien coutait chaque article? Le magasin est-il encore ouvert de nos jours? Sinon, à quel endroit les gens font-ils leurs achats à présent? De nos jours, qu’est-ce qu’on pourraient bien vouloir acheter au mois de novembre? Cet article se trouve-t-il dans le grand livre de 1920? Si oui, combien coutait-il en 1920? Combien coute-t-il aujourd’hui? Si l’article n’est pas dans le grand livre comptable, pourquoi en est-il ainsi?
Le fait de poser quelques questions importantes aide les élèves à utiliser le matériel source sans se sentir dépassés par leurs tailles ou les types de caractères inhabituels. Ensuite, lorsque les élèves visiteront la société d’histoire ou tout autre endroit ressource, placez le matériel source dans des stations différentes et faites en sorte que de petits groupes se déplacent de l’une à l’autre. Ils apprendront à utiliser une variété de documents sources et, en même temps, ils en sauront plus sur le village en général ainsi que sur l’élément spécifique qu’ils avaient choisi.
7. Rassembler l’histoire orale
Puisque les élèves ont maintenant allié leur expérience sur le terrain à leurs connaissances géospatiales en effectuant des recherches à l’aide de sources primaires et secondaires, ils peuvent à présent bénéficier d’une cueillette d’histoires orales chez les ainés de la communauté.
L’importance de l’histoire orale, d’entrer en contact avec les membres vivants de la communauté, ne peut être surestimée. C’est, pour plusieurs raisons, un élément clé de la création d’une quête Village Quest. Tout d’abord, les gens de la communauté connaissent plusieurs histoires qu’ils seraient surement ravis de partager avec autrui. Tous les villages comptent des gens qui ont fréquenté la petite école du coin, celle d’une seule pièce, ou des gens qui ont fait des emplettes au magasin général, qui ont aidé à la reconstruction du pont après une inondation et qui ont fouillé les abords du ruisseau pour des crosses de fougères. De plus, le fait de rassembler différents groupes pour effectuer de vraies tâches est très important puisque cela renforce le sens de communauté et que, tristement, de moins en moins d’activités regroupent des gens d’âges différents dans nos communautés. Les enfants se retrouvent dans les écoles, les adultes, au travail, et les ainés sont seuls ou rassemblés dans des établissements offrant des services de soutien. Souvent, ces groupes n’ont pas de contacts significatifs les uns avec les autres. L’aspect « histoire orale » de la quête offre diverses occasions pour les différentes générations d’interagir autrement : en tant qu’alliés ou ressources pour les autres. Les histoires des ainés sont communiquées aux élèves et, à leur tour, ces derniers les communiquent à la communauté au moyen des quêtes publiées.

pour créer une carte illustrée de l’ensemble de la communauté.
8. Écrire la quête
Maintenant que les élèves ont terminé leurs recherches, ils peuvent commencer à écrire leur quête. D’abord, posez-leur des questions telles que : Quel serait un point de départ ou un point d’arrivée logique pour notre quête? Un bon point de départ est un endroit connu, facilement reconnaissable. Il devrait également être situé à proximité de places de stationnement. Le meilleur endroit pour terminer une quête est le site qui conclut le mieux votre histoire. Il devrait être agréable d’y flâner, permettre de dissimuler une boite qui sera à l’abri du vandalisme. Au besoin, les boites au trésor peuvent être placées dans des endroits publics : à la réception d’un hôtel ou d’une auberge, dans un café ou dans un magasin. Une fois que les points de départ et d’arrivée de votre quête auront été identifiés, la route idéale (ou la séquence de déplacement) qui mènera aux sites les plus intéressants se manifestera rapidement.
Faites en sorte que les élèves continuent de travailler en petits groupes et qu’ils ébauchent deux séries d’indices. Les indices de déplacement font voyager les gens ou les guident d’un endroit à l’autre et les indices pédagogiques contiennent et fournissent des connaissances.
Les indices de déplacement :
Dos à la promenade, marchez, passez quatre arbres.
Lorsque vous atteindrez la roche, veuillez vous arrêter.
Regardez des deux côtés avant de traverser, c’est une mise en garde.
Tournez à droite pour éviter de vous égarer.
Les indices pédagogiques :
En 1974, l’auberge Leavitt’s a ouvert ses portes au mois de janvier.
L’inscription originale au pochoir se cache derrière la porte d’entrée.
Autrefois, la diligence faisait ses livraisons ici.
Entre Boston et Montréal, les gens y prenaient une pause aussi.
Les indices de déplacement sont essentiellement des procédures, des instructions pour se rendre du point A au point B. Écrits en vers, ils peuvent comporter l’orientation vers les points cardinaux, l’orientation du corps (à gauche et à droite), des observations (les quatre arbres). Les indices pédagogiques résument les observations faites sur le terrain par les élèves, le contenu des sources primaires de recherche ainsi que les notes qui proviennent des histoires orales.
Le groupe 1 écrira un indice de déplacement qui guide les participants de la quête du point A au point B et un indice pédagogique à propos du point B. Le groupe 2 rédigera un indice de déplacement du point B au point C et un indice pédagogique pour le point C, et ainsi de suite.
9. Rassembler tout le matériel nécessaire à la quête
Alors que votre projet de quête touche à sa fin, demandez aux élèves de réviser le matériel et de s’assurer qu’il est complet. Un groupe d’élèves peut écrire tous les indices à l’ordinateur et les relire. Un deuxième groupe peut perfectionner le plan que la classe a créé et concevoir une rose des vents pour indiquer le nord. Un troisième groupe peut déterminer quelle serait la meilleure mise en page de la quête une fois qu’elle sera publiée. D’autres groupes peuvent composer des lettres de remerciements qui seront distribuées aux partenaires communautaires, créer un album des visiteurs pour la boite au trésor afin d’y recueillir leurs signatures, ou créer un album souvenir du projet. Un élève peut même sculpter un tampon de caoutchouc qui symbolisera votre village et qui sera ensuite placé dans la boite au trésor avec un tampon encreur.
10. Tester la quête et la publier
Comme avant-dernière étape, demandez à quelqu’un qui n’a pas participé au projet de tester la quête pour vous assurer qu’elle est au point. Faites en sorte que les élèves suivent attentivement la personne qui essaie la quête. Ils doivent noter où et pourquoi la quête ne fonctionne pas, puis, au besoin, apporter des corrections aux indices lorsqu’ils sont encore sur le terrain ou une fois qu’ils seront retournés en classe. Finalement, publiez votre quête : distribuez à chaque élève une copie pour la maison, soumettez-la au journal de l’école ou demandez au directeur de l’inclure dans sa lettre hebdomadaire. Plusieurs des journaux locaux seront heureux d’en faire la publication.
Les éléments clés
Dans les projets de quête, les élèves sont au centre du réseau de relations :
Les élèves
Les ainés de la communauté
Les sources primaires
Les lieux ou les sites
Les sources secondaires
Les détenteurs du savoir
Les histoires
Ainsi,les élèves peuvent approfondir leurs connaissances sur la géographie, l’histoire locale, la flore et la faune indigènes, le paysage et les biens culturels de la communauté, et ce, à l’aide de l’activité de quête. Les quêtes permettent de jeter des ponts entre les écoles et les communautés, entre la jeunesse et les ainés, entre les nouveaux arrivants et les résidents de longue date, entre le passé et le présent et, de plus, elles offrent la chance de renforcer la relation entre les gens et l’endroit. Le questing et ses quêtes nous font découvrir les trésors d’une communauté et les richesses de l’endroit où nous vivons.
Évaluer les quêtes
De façon quantitative, le module portant sur les quêtes permet aux enseignants de respecter les normes du programme en explorant des sites locaux et en prenant connaissance de l’histoire locale. De façon qualitative, chaque quête Village Quest constitue un portail unique vers un autre monde, une aventure. Les élèves de 6e année de Norwich, au Vermont, ont par exemple découvert un village qui avait été démoli pour laisser la place à une autoroute inter-États. Et même si, chaque jour, la plupart de ces élèves circulent sur le pont Ledyard, aucun n’a réalisé que sous les quatre voies se trouvaient les débris et les cendres d’une ville fantôme. Après, dans un éditorial du Hanover Gazette daté du 20 avril 1967, ils ont lu : « Plus de deux cents ans d’histoire ont été écrasés cette semaine lorsque le village du vieux Lewiston a été rasé par un bulldozer et par le feu. » Ils ont ensuite regardé un diaporama d’images de Lewiston : un pont couvert, le charbon Sargent’s Coal, l’épicerie Raycroft’s, la crèmerie H.P. Hood & Son’s. Puis, en utilisant une ancienne carte de l’assurance incendie et un ruban à mesurer, ils ont délimité les empreintes des bâtiments de cette ville fantôme. Une fois la configuration du site bien établie, ils étaient bien équipés pour rencontrer les ainés de la communauté, leur poser des questions à propos de l’histoire de Lewiston et prendre d’excellentes notes. Ils ont utilisé ce qu’ils avaient appris pour créer des indices, que leurs enseignants ont évalués, comme dans l’exemple suivant :
Les indices des élèves
Faites face au pont Ledyard et à gauche vous verrez
Un espace vert où le magasin général Lewiston était situé.
On y trouve des panneaux routiers en métal maintenant,
C’était l’épicerie du village, anciennement.
À l’intérieur, les Raycroft vendaient de la gomme pour un sou.
C’est ici que la plupart des enfants du village dépensaient beaucoup!
Il y avait aussi le bureau de poste, des timbres on y vendait
Et deux fois par jour, le courrier des États-Unis on livrait.
- La quête de Lewiston
Les commentaires de l’enseignant
Source de la preuve : carte de l’assurance incendie de 1913
Preuve de l’observation sur le terrain
Preuve de la prise de conscience de la continuité et du changement
Preuve de l’histoire orale des ainés de la communauté
Ce projet pourrait être évalué selon les critères suivants :
Critères spécifiques à la tâche des indices
Inacceptable
L’écriture manque de clarté, n’inclut pas une composante pédagogique ou de déplacement, et néglige les conventions et la mécanique d’écriture standard
Faible
L’écriture n’inclut pas une composante pédagogique ou de déplacement ou il y a un manque en ce qui a trait à l’utilisation correcte de la grammaire et de la mécanique d’écriture
Adéquat
L’écriture est compréhensible, comprend une composante pédagogique ou de déplacement, et montre l’utilisation correcte de la grammaire et de la mécanique d’écriture
Louable
L’écriture comprend également une description vive, de bonnes informations historiques ou un bon vocabulaire historique, ou possède un excellent rythme et un excellent débit
Exemplaire
L’écriture présente une description vive, un bon vocabulaire historique et possède un excellent rythme et un excellent débit
Steven Glazer coordonne le programme de quêtes « Valley Quest program of Vital Communities », de White River Junction, au Vermont. Il est coauteur du livre Questing : A Guide to Creating Community Treasure Hunts avec Delia Clark. Il est également l’éditeur de Valley Quest : 89 Treasure Hunts in the Upper Valley, de Valley Quest II : 75 More Treasure Hunts in the Upper Valley et de The Heart of Learning : Spirituality in Education.
Nathalie H. Gagnon est étudiante de 3e année en traduction professionnelle à l’Université de Sherbrooke.
Un modèle de quête Village Quest fait l’objet d’une présentation plus complète dans Questing : A Guide to Creating Community Treasure Hunts, par Delia Clark et Steven Glazer (University Press of New England, 2004). Le modèle de quête Village Quest a été conçu par le personnel de Valley Quest en partenariat avec Marguerite Ames de l’école Marion Cross, de Norwich, au Vermont. Des renseignements supplémentaires sont disponibles sur le site de Vital Communities : <www.vitalcommunities.org>.
Note :
1 Ces quêtes ont été rassemblées et publiées dans les livres Valley Quest : 89 Treasure Hunts in the Upper Valley (Valley Quest Publications, 2001) et Valley Quest II : 75 More Treasure Hunts in the Upper Valley, (Valley Quest Publications, 2004).
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