Une activité systémique sur notre univers

Par Edith Pucci Couchman
Traduit par Audrey Babin-Alexandre
Les enfants désirent comprendre leur monde. C’est pourquoi il est important de faire de notre mieux pour leur offrir de l’information factuelle, intéressante et stimulante. Notre monde est une merveilleuse symphonie vivante – si seulement nous pouvions l’apprécier! La théorie systémique est l’un des meilleurs outils de la science contemporaine. On l’utilise pour créer des mélodies poignantes à partir d’un brouhaha de faits empiriques, pour transformer des données en concepts tangibles. C’est d’autant plus pratique lorsque la systémique est présentée sous un angle cosmologique moderne. L’activité que nous proposons est un moyen visuel et direct d’introduire vos élèves aux « niveaux d’organisation » de la pensée systémique. Le petit diagramme prend en compte la pragmatique transcendantale (le choix de « penser avec et contre »), ce qui pousse les jeunes à aller plus loin qu’une concrète littéralité, en plus de les inciter à revoir et à ordonner plusieurs niveaux d’organisation et certaines relations qui caractérisent la réalité physique. Le projet et les instructions à donner aux élèves se trouvent sur la prochaine page.
Travailler concrètement sur une image ou un schéma permet aux enfants de mieux comprendre et d’unifier la mine d’information qu’ils absorbent. Cela facilite ainsi leur quête perpétuelle de savoir et favorise leur participation. L’activité les empêche de se sentir accablés ou découragés par les nouvelles données qu’ils tentent d’assimiler. Comme l’a synthétisé Matthew Arnold en 1882 dans son essai acclamé par la critique, Literature and Science :
« Dans la poursuite du savoir, nous acquérons des fragments de connaissance; et actuellement, chez l’humain, le désir de lier ces fragments de connaissance au sens de la conduite et de la beauté connaît une croissance. Si ce désir n’est pas comblé, un sentiment de lassitude et d’insatisfaction vient alors… [parce qu’en adoptant cette approche intégratrice psychologique] nous suivons l’instinct d’autopréservation de l’humanité. » (Arnold, 369-370)
Ou, comme le propose Alfred North Whitehead dans Procès et réalité, cité par Ervin Laszlo au début de son livre The Systems View of the World :
« …la vraie méthode de construction philosophique consiste à bâtir le meilleur schéma d’idées possible et à explorer diligemment l’interprétation d’expériences liées à ces idées […] toute pensée constructive, portée sur divers sujets scientifiques, est dominée par un quelconque schéma; bien qu’il ne soit pas officiel, il contribue certainement à l’éveil de l’imagination. »
Une vision systémique de l’univers
Voici le défi que je vous lance! Réarrangez les combinaisons de systèmes suivantes en ordre de croissance. Nous avons inclus quelques indices dans la liste. Bonne chance!
Organismes multicellulaires (organismes de différentes espèces qui font souvent partie du règne végétal, animal ou des champignons); communautés; galaxies; cellules eucaryotes (organismes unicellulaires comportant un noyau, on les appelle parfois protistes); cellules procaryotes (cellules bactériennes qui ne comportent pas de noyau); planètes; familles (s’applique à plusieurs espèces); écosystèmes (les organismes vivants et non vivants/éléments biotiques et abiotiques qui enveloppent et comprennent les Communautés); particules subatomiques (telles que des électrons, des protons et des neutrons); molécules; univers; petites entités subatomiques (qui comprennent les radiations électromagnétiques telles que les rayons X, les ondes radio et la lumière visible); système solaire; atomes.
Si vos croyances religieuses ou spirituelles ne s’alignent pas avec le système que nous présentons, n’hésitez pas à (délicatement) colorier de jolis tourbillons sur toute l’image pour représenter Dieu, la force vitale, le Brahmane, le chi, l’Amour, le mana, l’Énergie, le grand mystère, ou n’importe quel mot qui, selon votre vision du monde, décrit ce qui crée, change et lie tous les niveaux de réalité. (En regardant ce diagramme, pouvez-vous apprécier l’observation intéressante du cardinal Nicholas de Cusa des années 1400? Il a écrit qu’il était possible de voir Dieu comme une « sphère infinie dont le centre est partout et sans limites. »)
L’un des buts de cette activité est d’offrir intentionnellement aux jeunes un schéma réaliste.
Concrètement, comme les citations précédentes l’indiquent, Arnold et Whitehead précèdent certaines idées cruciales de psychologues cognitifs du 20e siècle tels que Jean Piaget, Humberto Maturana et Francisco Varela. Nous, les humains, sommes des systèmes capables d’évoluer au cœur d’autres systèmes, et c’est ce que nos aptitudes cognitives initiales reflètent. Cependant, nous pourrions pousser l’analyse et suggérer que, comme un site Internet ne peut fonctionner sans un bon programme qui honore (et code) sa structure emboîtée et intégrée, un humain fonctionne au meilleur de ses capacités :
- lorsqu’il se comprend et connaît sa place dans son entourage, du moins dans une certaine mesure.
- lorsqu’il est encouragé à vouer un attachement émotif au merveilleux héritage qu’il laisse derrière lui en tant qu’être vivant. Autrement dit, dans un monde idéal, son expérience et son éducation (à la fois formelles et informelles) lui ont permis de se sentir « chez soi » au sein de sa « communauté terrestre » biodiversifiée et de son incroyable univers. Bref, l’humain a un sentiment d’appartenance et de reconnaissance.
- lorsqu’il est capable d’entrevoir sa lignée et son futur radieux – au-delà des limites de son enveloppe corporelle et personnelle. (Il peut s’identifier à la fois émotionnellement et intellectuellement au cosmos. La plupart du temps, mais pas nécessairement, il a un sens biologique et culturel de l’immortalité qu’il hérite de la participation de sa famille dans des rassemblements religieux, spirituels, sociaux ou même des évènements qui partagent des perspectives non théistes tels que l’humanisme laïc, etc.)[i].
Puisque j’ai le privilège d’enseigner au 21e siècle dans une école primaire catholique, j’ai la chance de travailler selon une vision du monde institutionnelle qui, au mieux, prend en compte les recherches scientifiques et la théorie évolutionniste (ainsi que la beauté et les codes de conduite). Par conséquent, les élèves de onze ou douze ans étudient la phylogénie et la taxinomie, plus précisément l’apparition successive de divers groupes de formes de vie qui ont traversé de nombreux éons. Bien que les plus jeunes lisent le récit de la genèse à la recherche de vérités fondamentales, ils ne se limitent pas à une interprétation littérale parce qu’on leur apprend à lire les Écritures en utilisant au moins quatre niveaux de sens bibliques (c’est-à-dire le niveau littéral ou historique, le niveau allégorique, le niveau moral et le niveau anagogique). Il est donc tout à fait possible pour les élèves de se concentrer sur le cycle évolutif de la vie (comme le révèlent les fossiles ou les récentes études génomiques) sans craindre qu’il y ait une quelconque contradiction avec les textes de la Bible. La science aide la nouvelle génération à affirmer la conscience de l’unité et l’idée de parenté entre toute forme de vie. La science leur permet aussi d’explorer les concepts d’échelles du temps, les boucles complexes de rétroaction, les symbioses, les cycles et les flux énergétiques qui caractérisent le fonctionnement de la Terre et de l’univers. Certains élèves suivent aussi des cours d’introduction à la chimie. Ils participent au programme optionnel « You Be the Chemist » qui est parrainé par la Chemical Education Foundation. Ils en apprennent plus sur les ondes électromagnétiques, les particules subatomiques ainsi que sur les étoiles riches en hydrogène et en hélium qui se sont fusionnées dans l’espace-temps après le Big Bang. Les élèves regardent des vidéos en ligne sur la génération et la division d’éléments chimiques lourds dans l’univers qui naissent de l’explosion d’une supernova. Ils voient aussi l’histoire de la poussière d’étoiles qui, en amas, forme notre système solaire, notre soleil, notre planète, et, éventuellement, notre biosphère, et même notre corps!
Les jeunes absorbent une profusion d’information scientifique; le fait de discuter du diagramme et de travailler sur ce dernier en classe semble augmenter de façon significative leur habilité à comprendre la complexité du système à l’étude. Cet exercice est une simple introduction à l’aspect essentiel de la théorie systémique mentionnée ultérieurement : le phénomène de l’organisation à multiples niveaux. Grâce à ce type d’organisation, les étudiants doivent consciemment arranger les catégories présentées en classe (communautés, galaxies, cellules eucaryotes, familles, écosystèmes et cellules procaryotes) sur une image qui illustre certains de ces niveaux. Cet exercice permet aux élèves de visualiser et de concevoir la vraie relation qui unit les éléments théoriques qu’ils étudient.
De plus, comme vous le remarquerez, l’activité offre aux participants l’occasion d’exprimer à travers leur œuvre leur propre sensibilité esthétique et leurs perspectives culturelles familiales. Une fois les diagrammes achevés, j’encourage les jeunes à transformer leurs travaux, tout comme les autres devoirs de mon cours de science, en objets uniques colorés et plaisants à regarder. C’est à la fois un clin d’œil à leur précieuse créativité et à leur rôle en tant que futurs contributeurs ou créateurs potentiels (même à travers de petits gestes) de notre merveilleux monde et une sorte d’hommage rendu à l’univers qui, comme plusieurs le croient, possède une caractéristique numineuse et incroyable digne d’une célébration visuelle! Les élèves peuvent donc se servir de cette activité pour adapter et personnaliser les données qu’ils ont délibérément définies en prenant compte de la compréhension éthique et des croyances spirituelles de leur famille. Si l’aspect scientifique ne les intéresse pas, ils auront au moins la possibilité de rendre leur travail aussi beau que possible. Puisque les enfants d’une même classe ont différentes origines et cultures, nous voulons nous assurer que la phase de ce projet n’est pas restreinte au vocabulaire chrétien sacré et que cette étape n’est pas obligatoire pour poursuivre l’activité. Cependant, je voudrais souligner que l’exercice a d’autant plus de valeur quand les participants ont la chance de transformer de la théorie « objective » en une forme quelconque d’expression artistique ou esthétique. C’est ainsi que l’apprentissage intellectuel devient plus qu’un simple instrument qui mène à de bonnes notes ou un parcours professionnel. Les connaissances sont alors assimilées aux dimensions intérieures et affectives du jeune. Ce dernier sera plus porté à partager ses connaissances avec sa famille et sa communauté, dans l’intérêt de tous.
À la suite de l’élaboration de cet exercice et de ces résultats, nous avons quelques recommandations à faire. La présentation de l’activité se fait très bien avec un joli ensemble de poupées russes! Ces magnifiques figurines artisanales de bois ajoutent une touche colorée et réaliste à l’explication verbale des systèmes imbriqués. Comme on pouvait s’y attendre, les enfants aiment les admirer, les assembler et les désassembler. Une fois le défi lancé, je recommande aux élèves de regarder attentivement la liste d’éléments et de commencer par cibler le plus gros phénomène, puis le suivant, dans un ordre croissant. Je leur suggère ensuite d’inscrire les noms des très petits niveaux dans les marges, loin des ellipses (plutôt que de les entasser entre les minuscules espaces). Finalement, ils devraient tracer des flèches qui relient les noms aux éléments.
Grâce à cet exercice, mes élèves ont accès à de l’information scientifique et ils se retrouvent dans la période des opérations formelles (théorie de Jean Piaget). Ceux qui sont toujours dans la période des opérations concrètes trouveront l’activité plutôt difficile. Toutefois, ils arriveront tous à compléter le projet en travaillant en petits groupes ou en finissant le schéma avec l’ensemble de la classe. Les jeunes dont le développement mental n’est pas assez avancé pour achever la tâche seul pourront tout de même apprécier la transformation d’un schéma noir et blanc à une feuille bien décorée.
Si vos élèves ont de la difficulté à compléter cette partie du travail, vous pouvez aussi vous inspirer du livre Portrait de l’artiste en jeune homme de James Joyce. Dans ce roman, Stephen Dedalus, le protagoniste, se souvient d’avoir écrit sa propre « adresse dans l’univers » au début de son livre de géographie. En classe, les enfants peuvent d’investir dans la même mission : explorer des lieux cachés, simples, communs et construits par des humains – ou même de véritables systèmes. Vous n’avez qu’à dessiner (sur un tableau traditionnel ou un tableau interactif) plusieurs diagrammes de Venn avec un centre commun qui définira l’emplacement physique des élèves. Les plus jeunes pourront d’abord noter le numéro de leur salle de classe et le nom de leur école. Puis, des volontaires pourront y ajouter l’adresse de l’école, la ville ou la municipalité, la province ou l’état, la ligne de partage des eaux ou la biorégion, le pays, le continent, la planète Terre, le système solaire, le bras d’Orion, la Voie lactée, le Groupe Local, le superamas de la Vierge, l’Univers – et ensuite? À ce stade, nous avons déjà eu plusieurs discussions sur ce qui surpasse l’univers, comme la théorie du multivers, d’autres Dieux ou le « grand Mystère » (j’ai aussi suggéré que « le Divin pourrait faire partie ou non de notre univers » ce qui revient à introduire la théorie du panenthéisme). Dans tous les cas, nous en venons à la conclusion que peu importe les mots que nous employons pour décrire le phénomène, nous sommes heureux et sûrs d’être en vie en ce moment même, dans cette classe! Ce type d’exercice préliminaire peut grandement aider les enfants à comprendre la nature de la pensée « avec et contre » de notre réalité quotidienne. C’est aussi une façon d’observer les mystères de l’univers, les limites du langage et la classification par niveaux.
Les élèves qui se prêtent à ce genre d’analyse trouveront exaltant le fait de penser à tout ce qui compose un phénomène naturel. De plus, repenser ses connaissances empiriques grandissantes dans le cadre d’un travail métaphysique, qui prend en compte la culture de tous, favorise le développement des participants et les rassure. Un de mes élèves, originaire de Taiwan, m’a annoncé avec enthousiasme qu’il accrocherait son diagramme sur son babillard à la maison. Selon lui, son projet l’aidait à voir comment le chi, auquel on faisait souvent référence dans ses cours de chinois du dimanche, est lié à ce qu’il apprend son cours de science hebdomadaire.
La question demeure : pourquoi devrais-je me servir de ce diagramme plutôt que d’un autre? Comme vous le savez probablement déjà, les systèmes et les schémas de systèmes font maintenant partie intégrante des sept éléments clés des dimensions transversales de la nouvelle génération des normes scientifiques, mais ce n’est pas tout. D’abord, l’activité que je vous propose présente une perspective scientifique intéressante, particulièrement en ce qui concerne l’étude interdisciplinaire de la théorie systémique. De plus, l’approche visuelle et directe capte l’attention des jeunes élèves de onze ou douze ans. Le concept est doublement pertinent, car il est présenté avec une narration évolutive et précise qui tient compte de l’astronomie, de la physique, de la géologie et des sciences humaines. Puis, comme dans la plupart des expériences d’apprentissage authentiques, les connaissances sont souvent mieux assimilées ou déduites parce que les idées découlent d’une activité positive et inclusive. Le projet s’efforce de respecter les diverses techniques d’apprentissage des élèves, leurs priorités affectives et leur jugement esthétique. N’oublions pas que l’exercice offre une option motrice/kinesthésique qui permet aux participants de se servir de leur talent artistique pour créer une belle œuvre visuelle à partager. Le schéma renforce également le sentiment d’appartenance émotionnelle, leur sens de l’unité, leur définition d’un « lieu » et leur attachement à un environnement matériel et biologique. Par ailleurs, le projet met au défi les capacités de logique et d’analyse ainsi que l’imagination des participants. Bien entendu, ces capacités doivent être exploitées et développées! (Combien de fois, en tant qu’éducateurs ou parents, avez-vous entendu un enfant dire « Oh non, ce n’est pas un oiseau, c’est un poulet » ou « nous ne sommes pas des animaux, nous sommes des gens », ou pire encore « ils ne sont pas humains, ils sont… » [ajouter une ethnie, un groupe religieux ou politique]?) En guidant les élèves avec un projet visuel comme celui-ci, pourrions-nous aider les jeunes, neurologiquement prêts, à dépasser ces expressions littérales trompeuses et réductrices? Pourrions-nous les aider à penser de manière plus nuancée et mieux informée pour qu’ils comprennent que les objets ont généralement plus d’une identité à la fois et qu’ils sont eux-mêmes composés de systèmes? Pourrions-nous leur apprendre qu’un seul mot suffit rarement à nommer les qualités et les fonctions d’une branche complexe de la vie, de matière ou d’énergie? Les crises internationales et nationales témoignent du fait que notre espèce doit développer sa pensée critique et faire preuve de beaucoup plus de compassion, non seulement envers les autres humains, mais aussi envers toute la « communauté de la Terre », comme l’a si joliment formulé Thomas Berry. La théorie systémique et l’exercice plaisant, quoique minutieux, que je vous propose peuvent-ils aider les jeunes à comprendre davantage la place de l’humanité au sein de l’univers, à mieux saisir la contribution indispensable des petits systèmes qui composent les grands systèmes, ou leur permettre de reconnaître et d’apprécier les façons dont les niveaux et les systèmes qui s’y trouvent se « servent les uns des autres »[ii]. En d’autres mots, peuvent-ils faire en sorte que les jeunes se poussent à changer et à évoluer ensemble dans la plus totale harmonie. Je crois que ce type d’activité éducative directe peut, en effet, nourrir l’imagination des jeunes et les inciter à penser et agir de façon prosociale et proenvironnementale. Cela pourrait peut-être même faire d’eux des membres plus sages et plus actifs du grand spectacle qu’est la vie. J’espère que vous vous servirez de cette activité et jugerez de ses résultats par vous-même.
Edith Pucci Couchman enseigne les sciences de l’art et de l’environnement à l’Infant Jesus School à Nashua, au New Hampshire. En 2017, elle a été la récipiendaire du Prix pour l’excellence dans l’enseignement des STIM (science, technologie, ingénierie et mathématiques) du New Hampshire, choisie par le comité mixte des sociétés d’ingénierie du New Hampshire. Elle a été nommée enseignante de l’année en 2014 par le district de conservation du patrimoine du comté de Hillsborough. Dans son enseignement, elle utilise actuellement le jardinage biologique, la permaculture, l’observation de la nature, le travail sur et avec les arts visuels, ainsi que des jeux interactifs qui font la promotion d’un apprentissage holistique, agréable et constructif sur le plan social. Son site Internet est : evolvingbeauty.org.
Traduit par Audrey Babin-Alexandre, diplômée du baccalauréat en traduction professionnelle de l’Université de Sherbrooke
Notes
[i] Ce qui est tragique dans la plupart des écoles modernes institutionnalisées et collectivisées (particulièrement dans les écoles laïques), c’est le fait qu’elles brisent les fonctionnements psychiques extrêmement créatifs, chargés en émotions et fréquemment biophiliques des enfants. Ceux-ci sont alors aux prises avec une sorte de rationalité terre à terre désespérément restreinte, terne et qui dépend largement de la communication verbale (de plus, ils dédaignent les défis intellectuels et l’autorité, et s’en méfient). Pire encore, une fois adultes, les enfants issus d’un tel milieu sont non seulement rancuniers et craintifs, mais ils se retrouvent souvent dans un environnement moralement douteux. Leur sensualité peut aussi être exacerbée et agressive (en raison d’un recours excessif à un processus « rationnel » verbal en classe). Ceux qui sont touchés par ce problème ont tendance à s’apaiser avec une sociabilité compétitive et intense, une consommation malsaine de nourriture ou de drogue, des émotions vicariantes et des distractions visuelles souvent obtenues en regardant des écrans.
[ii] Maturana, Humberto R. and Varela, Francisco J. (1987). The Tree of Knowledge. Boston, MA : Shambala Press, 248.
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